Si Sugar Sammy a grandi dans le quartier Côte-des-Neiges, c’est dans le village de Monkland, dans Notre-Dame-de-Grâce, qu’il a acheté une maison il y a près de 10 ans.

Il demeure néanmoins dans le même arrondissement que ses parents, chez qui il a vécu jusque tard dans sa trentaine. « Je suis assez proche pour être chez eux en huit minutes en auto, mais pas assez pour qu’ils puissent juste se présenter chez nous, car ils ne conduisent pas », blague-t-il.

C’est au Café de Mercanti, sur l’avenue de Monkland, que l’humoriste de six pieds et trois pouces nous a donné rendez-vous.

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Notre journaliste avec Sugar Sammy

C’était samedi dernier, soit la première journée où on sentait l’été s’imposer. Alors que nous nous assoyons sur un banc dehors – Sugar Sammy a commandé un latte avec du lait d’avoine –, il nous montre le bistro italien Amerigo, situé juste en face.

« J’apprécie la bonne bouffe, mais sans prétention », dit-il. Et sa quête d’authenticité se dégage des adresses chouchous qu’il a visitées avec nous.

« J’aime les vies de quartier », poursuit-il en racontant une virée récente dans Verdun pour aller manger avec un ami au restaurant péruvien Villa Wellington.

Sugar Sammy se plaît aussi dans les rencontres à l’improviste et les lieux – comme les bancs devant un café – qui sont en quelque sorte les nouveaux parvis d’église où on jase de tout et de rien. Mais aussi de politique.

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Sugar Sammy

Les gens m’intéressent. Quand on évolue comme humoriste, tu ne peux juste plus parler de ta blonde et de tes parents. C’est quand tu t’immerges dans un quartier que tu comprends les préoccupations des gens et ce qui les affecte.

Sugar Sammy

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Sugar Sammy en compagnie d’Asad Ali, fils du propriétaire du Tropical Paradise

Un client fidèle

« Monkland, c’est la rue sœur de l’avenue Bernard à Outremont », souligne Sugar Sammy. Ce dernier affectionne aussi, à trois coins de rue au sud, la rue Sherbrooke Ouest. « C’est moins chic et j’aime ça comme ça. »

Sugar Sammy est un client fidèle de commerces sans prétention qui fonctionnent grâce au bouche à oreille plutôt qu’avec de la publicité. Il cite le restaurant grec Thanos (« le meilleur à Montréal »), Pho Lien (« la meilleure soupe tonki ») et Caribbean Curry House (« une institution depuis des décennies »).

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Sugar Sammy

Je peux aimer le luxe, mais je recherche surtout le casual et le low-key.

Sugar Sammy

L’humoriste a le même coiffeur depuis l’âge de 15 ans : Kevin du Salon Nguyen, situé sur l’avenue Van Horne. « Des gens viennent de loin pour le voir. Son commerce, c’est un commerce de famille et c’est ce que j’aime. »

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Sugar Sammy

C’est aussi la réalité que Sugar Sammy a connue puisque son père avait des dépanneurs dans Côte-des-Neiges. « À 9 ans, je lui ai dit que je voulais faire la caisse », raconte-t-il.

L’Oratoire

Sugar Sammy est très attaché à l’oratoire Saint-Joseph, toujours en travaux. « Quand je le vois de l’avion, je sais que je rentre chez moi.

« C’est le symbole de mon quartier, de ma ville. Ça représente aussi beaucoup de conflits au Québec. »

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L’oratoire Saint-Joseph

L’Oratoire, dit-il, fait partie de ces symboles avec lesquels on entretient une relation amour-haine, « mais qu’on ne veut pas voir partir ».

Or, Sugar Sammy se plaît dans les mélanges de religions, de générations et de cultures. « Le métissage autour de moi m’a tellement aidé à établir des ponts. »

C’est important « d’apprendre sur le terrain », plaide-t-il. « Et d’être intéressé aux autres, ce qui n’est pas très 2023. »

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Sugar Sammy

La marche, le transport en commun

Sugar Sammy adore marcher. C’est comme cela que Simon-Olivier Fecteau et lui trouvaient des idées pour leur émission Ces gars-là, souligne-t-il.

Or, il aimerait que Montréal ait un système de transport en commun qui permette « vraiment » de se rendre partout rapidement. « Nous ne sommes pas encore rendus là. »

« Je suis content de l’arrivée du REM », nuance-t-il alors que l’autobus 103 passe sur l’avenue de Monkland.

« Regarde, est-ce que les passagers ont l’air contents ? Non. »

Des gens interrompent alors Sugar Sammy pour lui dire à quel point c’est un honneur de le rencontrer.

« Ils sont passés exactement au bon moment comme prévu. Je leur dois 20 $ ! », bouffonne-t-il.

La montagne

Un autre lieu cher à Sugar Sammy est la montagne qui, comme l’Oratoire, surplombe le quartier Côte-des-Neiges où il a grandi.

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Sugar Sammy

Quel privilège a-t-on d’avoir le mont Royal au milieu de la ville ! Pas besoin d’aller à la campagne pour être dans la nature et te sentir au top of the world.

Sugar Sammy

Sugar Sammy fait un plaidoyer : il faut cesser de tenir ce qu’on aime d’une ville pour acquis.

À l’inverse, il se désole qu’on laisse d’autres lieux se dégrader, comme les portions de la rue Saint-Denis et du boulevard Saint-Laurent entre Sherbrooke et Mont-Royal.

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Sugar Sammy devant son école primaire, Iona

C’est assez de jaser. Il est temps d’aller visiter des commerces que Sugar Sammy fréquente souvent. « Mais je ne peux vous garantir que tous les commerces sont enregistrés à Revenu Québec et que tous les gens ont des numéros d’assurance sociale », laisse-t-il tomber avec le ton pince-sans-rire qui lui est propre.

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