L’animateur Stephan Bureau a fait ses adieux ce matin aux auditeurs de Radio-Canada au terme de la dernière émission de Bien entendu qu’il a pilotée au cours des cinq derniers étés. Mais il l’a fait sans revenir, du moins directement, sur le blâme reçu de l’ombudsman de la société d’État fin juillet pour son entrevue avec le médecin Didier Raoult.

Il a plutôt glissé, comme il l’avait fait en entrevue au Journal de Montréal et au Devoir, que sa décision était déjà prise depuis le printemps dernier. Et que donc, son départ de Radio-Canada n’avait rien à voir avec le blâme reçu.

« J’ai beaucoup jonglé le printemps dernier avec l’idée de revenir au micro et de présenter une dernière saison de Bien entendu. Je crains toujours, c’est mon problème, d’abuser des invitations, a-t-il dit. À quelques instants, quelques minutes, de fermer la porte, je me félicite franchement d’avoir prolongé l’aventure. J’ai vécu au cours des treize dernières semaines une exaltation parfaitement proportionnelle à mon sentiment de vous savoir à l’écoute, sinon même à l’affût, toujours prêts à réagir. »

En mai, rappelons-le, M. Bureau avait mené une entrevue avec le médecin français Didier Raoult, infectiologue aux idées et propos controversés sur la vaccination. Après une plainte, l’ombudsman Pierre Champoux avait indiqué que l’entrevue ayant été réalisée plusieurs jours avant sa diffusion, l’équipe de l’émission avait le temps de bien encadrer sa présentation, ce qui n’a pas été fait.

Commentant le travail de M. Bureau, l’ombudsman avait aussi écrit : « Le problème, si je puis dire, ne réside pas tant dans les questions qu’il pose, mais dans celles qu’il ne pose pas pour recadrer ou corriger certaines affirmations de son invité. »

M. Bureau a refusé de s’excuser. Au lendemain du dévoilement du rapport, il disait à son micro : « Je ne m’excuserai pas d’avoir fait ce qui me semblait et me semble encore une entrevue normale, peut-être banale. Ce qui est anormal et pas banal du tout, ce sont les proportions que l’affaire a prises. Je laisserai donc à d’autres le soin de ramper et de demander pardon. »

Ce matin, en ouverture d’émission, l’animateur a glissé : « Bien entendu, entre au port après un été sur des flots bleus et parfois agités. »

Deux heures plus tard, en conclusion, il a dit être heureux d’avoir développé un dialogue « qui m’a profondément changé » avec les auditeurs.

Plus loin, il a ajouté : « Nous sommes nombreux, très nombreux, à croire au pouvoir magique du dialogue, de la nuance, et j’oserais même employer ce vilain mot, de l’intelligence. S’il faut être prétentieux pour revendiquer des rapports intelligents entre nous, alors soyons-le, tous ensemble. »