En faisant l’achat d’un domaine en friche à Bolton-Ouest, Maxime Vandal et Richard Ouellet étaient loin de se douter du terrain de jeu qu’il allait devenir. Après six ans, la Ferme Humminghill est une marque en soi et l’incarnation d’un art de vivre où la simplicité, le fait main et la nature se déclinent en petits luxes du quotidien.
« On savait que cette propriété était un bon investissement, mais on n’aurait jamais pu se douter qu’elle allait transformer nos vies de fond en comble », affirme l’architecte Maxime Vandal, cofondateur des Ensembliers avec son partenaire, le designer d’intérieur Richard Ouellet. Leur ferme des Cantons-de-l’Est, entourée de terres agricoles à reconquérir, est devenue non seulement un lieu d’ancrage et une source d’inspiration, mais également un fertile laboratoire de création.
Ramenons-nous avant la pandémie, lorsque le tandem avait le vent dans les voiles et obtenait une reconnaissance internationale grâce à de prestigieux contrats, dont la signature d’une gamme de tissus et de papiers peints pour la marque de luxe Brunschwig & Fils. La COVID-19 a mis un frein à cet élan et, par le fait même, à une vie de jet-set entre deux avions. « Ça nous a forcés à nous arrêter, à nous questionner et à retrouver un équilibre de vie », raconte le cofondateur des Ensembliers. Et tout naturellement, la vie s’est recentrée autour de la ferme.
Les deux dernières années ont été une occasion d’apprivoiser un territoire relativement inconnu qui s’étend sur 80 acres, de forger de nouvelles relations et de commencer la restauration des bâtiments du domaine. La Ferme Humminghill est devenue le narratif autour duquel les Ensembliers brodent leur image, notamment sur leurs réseaux sociaux suivis par plus de 18 000 abonnés. Elle est aussi le porte-étendard d’un mode de vie soucieux de la nature et empreint de beauté.
Faire rayonner les talents d’à côté
L’aménagement de leur potager est un exercice architectural en lui-même. « On connaissait très peu de choses au jardinage », confie Maxime Vandal, qui avait néanmoins une vision définie d’un potager ornemental et productif, structuré de façon à complémenter les volumes du bâtiment de ferme. Dans un souci d’esthétisme, des rangées de ciboulette ont été plantées en pourtour des carrés de légumes et de fines herbes « pour faire beau », convient son jardinier. Ce potager riche en textures, en couleurs et en parfums a pris d’assaut leurs réseaux sociaux, soulevant une question au passage : qu’allez-vous faire de toute cette ciboulette ? La réponse s’est présentée dans la mêlée : et pourquoi pas un vinaigre ?
Ainsi naissait la première production de la ferme, un vinaigre à la fleur de ciboulette produit en 300 bouteilles rapidement écoulées, dont le succès a forcé la création d’une entreprise agroalimentaire et engendré trois autres arômes. À cette collection est venu se greffer du miel issu des ruches du domaine et, pour l’accompagner, un pot façonné des mains d’une voisine potière, Robin Badger. Pour faire face à la demande, Les Ensembliers ont cherché du renfort auprès du Collectif de Bolton-Ouest, regroupé autour de la revalorisation des terres de la région. Ainsi, de fil en aiguille, une semence de plus était mise en terre pour un projet emballant. Il suffisait d’un élan pour faire fleurir le tout.
Cette poussée est venue d’un magazine international de décoration qui avait ciblé le cadre bucolique de la ferme pour une séance de photos sur l’art de recevoir dans le style des Ensembliers. Plutôt que d’y intégrer des accessoires d’ailleurs, le tandem est allé cogner aux portes des environs pour offrir cette visibilité aux artisans d’ici. En six semaines, l’opération était mise en place. Elle a été le levier pour créer une marque, La Ferme Humminghill, qui lance sa boutique en ligne ce printemps.
Être propriétaire d’une terre agricole, c’est vivre avec les saisons. À moins d’avoir des moyens illimités, tu dépends des autres et ça change complètement ta façon d’être.
Maxime Vandal, cofondateur des Ensembliers
« Un réseau d’entraide s’installe et des échanges de services. C’est un concept qu’on ne connaissait pas, poursuit Maxime Vandal. Il a fallu revenir sur le plancher des vaches. Ça met beaucoup de choses en perspective sur la vie, le temps, les attentes. Ce lieu a changé notre vie. »
L’art de vivre à la campagne
Autour de leur image de marque internationale et de leur vision d’une vie de campagne simple et raffinée, Les Ensembliers ont formé un collectif d’artisans des Cantons-de-l’Est et de Montréal, qu’ils souhaitent faire rayonner au Québec et ailleurs en embrassant ce rôle comme des éditeurs de contenu (« curateurs »). Dans une volonté de soutenir l’artisanat local, tous les objets chapeautés par la marque sont achetés à l’avance aux artisans qui leur offrent, en retour, des créations exclusives empreintes d’accents rustiques et contemporains, qui sont autant de bijoux d’intérieur.
« Je suis tellement fier d’être une voix pour ces gens-là ! Il se fait tellement de beau et il y a tellement de talent partout dont on ignore l’existence, enchaîne l’architecte. C’est notre contribution à notre région. Nous, on n’est pas capables de faire du foin et on ne deviendra pas producteurs de tomates. Ce n’est pas ce qu’on sait faire. »
Créer de la beauté, en revanche, les deux artistes en maîtrisent complètement l’art. Et c’est ce bout de rêve et de campagne qu’ils nous offrent en nous faisant partager la vie à la ferme, façon Les Ensembliers.
Consultez le site de la boutique de la Ferme Humminghill