Quand ils pensent à un dépanneur, beaucoup de gens voient une vieille marquise et un comptoir où on vend des cigarettes, des billets de loterie, des croustilles, de la bière et des bonbons. Or, de plus en plus de jeunes entrepreneurs sont en train de réinventer les activités commerçantes de proximité. Visite.

Ô sucreries !

Ô Dépanneur compte près de 13 000 abonnés sur TikTok, et plus de 93 000 personnes « aiment » son profil.

Ce qui distingue « le dép le plus lit’ », situé dans Cartierville sur le boulevard Gouin Ouest ? Ses bonbons et autres sucreries rares, exotiques, vintage et même en série limitée ! Du 7Up à la saveur de cerise. Des céréales Apple Jacks. De la gomme Chiclets ou Bazooka. Des Dunkaroos. Alouette.

  • Ô Dépanneur est le paradis des gens friands de sucreries… et des nostalgiques !

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Ô Dépanneur est le paradis des gens friands de sucreries… et des nostalgiques !

  • Connaissez-vous ces saveurs de 7Up ?

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Connaissez-vous ces saveurs de 7Up ?

  • Ces friandises en hommage au jeu Game Boy sont à saveur de raisin.

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    Ces friandises en hommage au jeu Game Boy sont à saveur de raisin.

  • Ces croustilles proviennent du Japon.

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    Ces croustilles proviennent du Japon.

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Ouvert en mai dernier, Ô Dépanneur vend des produits en ligne jusqu’en Gaspésie et au Saguenay. Des familles font des heures de route pour venir y faire des trouvailles sucrées.

Les propriétaires, les frères Ted et Carl Laguerre, vont même ouvrir sous peu une deuxième succursale, à Sainte-Thérèse.

« C’est au-delà de vos attentes ?

— Au-delà, vous dites ? »

— Ce que j’adore et ce qu’on n’avait pas prévu, c’est l’enchantement et les sourires des gens. Les gens viennent en famille, en couple. Tout le monde est heureux de venir ici », note Ted Laguerre.

Des parents rentrent ici en disant à leur enfant : ‟Tu m’as fait faire une heure de route pour aller au dépanneur”, et finalement, c’est eux qui ne veulent pas partir.

Ted Laguerre, copropriétaire d’Ô Dépanneur

Ted Laguerre avait un diplôme de HEC en poche et un plan d’affaires solide, mais le jeune homme de 28 ans ne s’attendait pas à un tel succès.

Il faut dire qu’Ô Dépanneur fait un brillant usage des réseaux sociaux. Il faut voir les vidéos des employés Antho et Juan sur TikTok, dont celle « comment pimenter une soirée de date sur Netflix ».

« TikTok était dans notre stratégie marketing. Avant même d’ouvrir, nous avions ciblé des influenceurs », explique Ted Laguerre.

Les frères Laguerre ont des projets plein la tête et ils ont eu récemment des rencontres avec des investisseurs de renom. « Mon frère et moi sommes la première génération de la famille née ici. C’est une fierté pour nos parents », souligne Ted.

Sa mère a par ailleurs un penchant pour le sucre. « Des fois, on doit la surveiller et lui dire : slow down ! », raconte-t-il.

Consultez le site d’Ô Dépanneur Consultez le compte TikTok d’Ô Dépanneur

Toutes les choses québécoises

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Toutes les choses parfaites réinvente ce qu’est un dépanneur, notamment avec des produits locaux. Ici, la propriétaire, Karine Martel, et son fidèle employé Simon Lagarde.

« Toutes les choses parfaites, c’est un dép de quartier revampé où l’on trouve à peu près tout d’un dépanneur conventionnel, mais de marques entièrement locales. On est rendus là, vous ne croyez pas ? »

C’est ainsi que Karine Martel présente sur son site web le dépanneur qu’elle a ouvert en novembre dernier au cœur du quartier Technopôle Angus.

Pendant la pandémie, Karine Martel a été forcée de fermer le café In Vivo qu’elle tenait dans le Parc olympique depuis huit ans. Mais rapidement, elle a cogné à la porte de la Société de développement Angus avec l’idée d’un dépanneur de quartier qui offre essentiellement des produits québécois.

Or, elle allait vendre des plantes au lieu de cigarettes. « Comme je le dis souvent, nous sommes en 2022 », lance-t-elle.

Beau et invitant, le décor de Toutes les choses parfaites est signé Rübik Design.

On pourrait croire au premier regard que nous sommes dans une boutique, mais Karine Martel tient à clamer haut et fort que son commerce est un dépanneur.

On y vend de la bière, des croustilles, des bonbons, du lait et des journaux comme dans tout bon dépanneur. Il y a aussi des plats à emporter (Aux Vivres, Mito Sushi), faciles à préparer (merci les sauces de Stefano Faita) ou à réchauffer (une pizza Magpie), ainsi que du savon en vrac, sans compter des produits de tous les jours plus « luxueux » qui sont un cadeau à se faire à soi ou aux autres. Une chandelle Soja & Co, par exemple, ou du chocolat SÜK.

  • Le décor est beau au dépanneur Toutes les choses parfaites.

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    Le décor est beau au dépanneur Toutes les choses parfaites.

  • Karine Martel a eu l’idée du nom de son dépanneur en voyant la pièce de théâtre Toutes les choses parfaites chez Duceppe.

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    Karine Martel a eu l’idée du nom de son dépanneur en voyant la pièce de théâtre Toutes les choses parfaites chez Duceppe.

  • Un petit vin québécois avec ça ?

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    Un petit vin québécois avec ça ?

  • Du savon en vrac dans un dépanneur ? « Nous sommes en 2022 », vous répondrait Karine Martel.

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    Du savon en vrac dans un dépanneur ? « Nous sommes en 2022 », vous répondrait Karine Martel.

  • « Dépanner », c’est aussi pour un cadeau de dernière minute.

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    « Dépanner », c’est aussi pour un cadeau de dernière minute.

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Karine et ses employés servent aussi de bons cafés (du microtorréfacteur Lenoir & Lacroix), à accompagner avec une viennoiserie des Touriers.

« La réponse est vraiment bonne », se réjouit Karine Martel.

Dans l’édifice du dépanneur (le seul du coin !), il y a une clinique médicale, si bien que Karine appelle régulièrement des taxis pour les clients plus âgés. Avec de nouveaux condos, une microbrasserie et même une résidence d’étudiants attendus pour bientôt, le quartier Technopôle Angus est en pleine ébullition.

Lors de notre visite, un client, David, et ses deux enfants sont passés acheter des chopines de lait de La Pinte. En ce dimanche glacial où les épiceries étaient toujours fermées, David était bien heureux de ne pas avoir à prendre la voiture. « On aime beaucoup les produits en vrac et le choix de vins québécois qui nous évite les files à la SAQ, a-t-il souligné. Bientôt, on va même pouvoir venir en pyjama. »

Les condos et l’édifice de la Clinique médicale Angus seront en effet bientôt reliés par… un tunnel !

Consultez le site de Toutes les choses parfaites

« Le plus gros et meilleur dépanneur au Québec »

  • Karl et son fils, Louis-Pascal Ferraro, propriétaires de père en fils du dépanneur Nobert, à Longueuil

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    Karl et son fils, Louis-Pascal Ferraro, propriétaires de père en fils du dépanneur Nobert, à Longueuil

  • Les employés du dépanneur Nobert avaient plusieurs commandes à préparer lors de notre visite.

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    Les employés du dépanneur Nobert avaient plusieurs commandes à préparer lors de notre visite.

  • Les clients sont nombreux au dépanneur Nobert.

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    Les clients sont nombreux au dépanneur Nobert.

  • L’un des nombreux livreurs attend une commande, mais pas pour très longtemps.

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    L’un des nombreux livreurs attend une commande, mais pas pour très longtemps.

  • Le bingo radio du 103,3 FM, c’est tous les samedis de 10 h à midi.

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    Le bingo radio du 103,3 FM, c’est tous les samedis de 10 h à midi.

  • Aller faire une course au dépanneur Nobert est sans contredit une façon de briser la solitude.

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    Aller faire une course au dépanneur Nobert est sans contredit une façon de briser la solitude.

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Contrairement à Ô Dépanneur et à Toutes les choses parfaites, le dépanneur Nobert a les allures d’un dépanneur traditionnel sur le boulevard Nobert, à Longueuil.

Or, il se présente comme « le plus gros et meilleur dépanneur au Québec ». Rien de moins !

Pourquoi ? « Pour le service », assure Karl Ferraro, qui est en train de céder la gestion du dépanneur à son fils Louis-Pascal.

Pour avoir visité le dépanneur un dimanche où les épiceries étaient toujours fermées, on ne pourrait le contredire. C’était franchement impressionnant de voir une dizaine d’employés derrière le comptoir qui préparaient frénétiquement les commandes. Une véritable fourmilière !

Il faut dire qu’il y a 12 lignes téléphoniques pour recevoir les commandes, et qu’on peut aussi procéder par Facebook. Comme on dit, ça roule !

Pourtant, il ne manque pas de dépanneurs dans le coin.

Il y a environ 26 dépanneurs dans un rayon de 2 km. Comme je vous le disais, c’est le service qui fait la différence. Chaque client qui entre, je le connais. Et tout ce que vous avez besoin, on l’a !

Karl Ferraro, propriétaire du dépanneur Nobert

Il y a un an, c’est tout le quartier qui était en deuil quand le grand-paternel Aldo Ferraro est mort.

Son fils a par ailleurs décidé de ralentir la cadence : « 120 heures par semaine, ça brûle un homme », confie-t-il.

Karl Ferraro a décidé de s’impliquer encore davantage dans sa communauté. Lors des dernières élections, il s’est lancé en politique municipale et il a été élu conseiller dans le district des Explorateurs (dans le Vieux-Longueuil) pour le parti de Catherine Fournier, Coalition Longueuil.

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Louis-Pascal Ferraro prend la relève du dépanneur Nobert dans le Vieux-Longueuil.

Son fils Louis-Pascal ne compte pas travailler 120 heures par semaine, mais pour avoir vu aller le jeune homme de 20 ans, il est très efficace, travaillant et courtois.

« J’aime ça », dit-il simplement.

« C’est une vocation », ajoute son père.

Une vocation certainement familiale.

Consultez la page Facebook du dépanneur Nobert Lisez « Les dépanneurs, ces sauveurs »