Pierre Karl Péladeau dit acheter les Alouettes en son nom personnel plutôt que de réaliser l’opération par l’entremise de Québecor pour éviter de créer une distraction alors que la maison mère de Vidéotron s’apprête à réaliser une transaction majeure.

Le grand patron de Québecor s’attend d’ailleurs à ce que cette grande transaction de 3 milliards de dollars – c’est-à-dire l’achat de la filiale sans fil appartenant à Shaw, Freedom Mobile – se concrétise dans les « jours qui viennent », a-t-il dit vendredi.

Pour que cela se produise, Ottawa doit approuver la fusion de Rogers et Shaw et l’accord parallèle convenu entre Québecor et les deux géants canadiens des télécommunications par lequel le conglomérat québécois va acquérir Freedom Mobile.

Avec Freedom, Québecor pourrait ainsi élargir sa portée en Ontario et dans l’Ouest canadien et devenir le quatrième acteur au pays dans le sans-fil.

« On ne veut pas que les Alouettes deviennent un facteur de distraction pour nos équipes [chez Québecor] », a expliqué Pierre Karl Péladeau en marge de la conférence de presse organisée vendredi pour annoncer qu’il devient propriétaire de l’équipe de football montréalaise.

« Ce n’est pas une entreprise qui génère des bénéfices », a-t-il dit en parlant des Alouettes. « Ça ne veut pas dire qu’on n’en fera pas un jour. À l’heure actuelle, ça requiert des capitaux. »

Mauvaise passe

Les Alouettes perdent des millions depuis des années. Les pertes des Alouettes l’année dernière seulement sont évaluées entre 6 et 8 millions. Pierre Karl Péladeau a laissé entendre qu’il aurait été délicat pour une entreprise publique comme Québecor de devoir assumer les pertes d’exploitation des Alouettes.

« Il m’apparaissait évident qu’une implication de Québecor dans les Alouettes n’était pas appropriée », a dit le grand patron et actionnaire de contrôle de Québecor.

Il a néanmoins précisé que Québecor allait s’associer aux Alouettes. « Parce que Québecor peut apporter beaucoup aux Alouettes et que les Alouettes peuvent apporter beaucoup à Québecor », a dit l’homme d’affaires de 61 ans.

Acheter les Alouettes en son nom personnel est donc, selon lui, la « meilleure solution à l’heure actuelle » pour pouvoir investir de façon « significative » dans le club de football comme il indique avoir l’intention de faire.

« Les choses peuvent évoluer dans la vie », a-t-il toutefois pris soin d’ajouter, ce qui laisse place aux conjectures et à l’interprétation quant à une éventuelle entrée des Alouettes dans le giron de Québecor.

Droits de diffusion

D’ailleurs, le chef de l’exploitation du groupe Sports et divertissement de Québecor, Martin Tremblay, a été impliqué de près dans les négociations menant à l’achat des Alouettes par Pierre Karl Péladeau.

Le secteur Sports et divertissement de Québecor Média comprend notamment les Remparts de Québec et l’Armada de Blainville-Boisbriand, deux formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), ainsi que les activités de gestion et d’exploitation du Centre Vidéotron, à Québec.

Québecor, dont l’action se négocie à la Bourse de Toronto, doit l’essentiel de ses revenus et de ses profits à sa filiale Vidéotron et détient une participation de 65 % dans le Groupe TVA.

Bell Media (RDS/TSN) est le diffuseur exclusif de la Ligue canadienne de football depuis 2008. Le porte-parole de la ligue, Olivier Poulin, indique à La Presse que les droits nationaux de télédiffusion appartiennent à Bell pour encore quatre saisons, dont cette année, soit jusqu’à la fin de 2026. L’annulation de la saison 2020 en raison de la pandémie expliquerait que le contrat se termine en 2026 plutôt qu’en 2025, comme prévu à l’origine.