(Québec) Le chef conservateur Éric Duhaime va se retrouver au printemps devant un juge pour une poursuite qu’il a intentée contre le Journal de Québec et une chroniqueuse qui l’avaient qualifié de porte-parole des complotistes.

Le procès en diffamation prévu pour quatre jours en Cour supérieure aura lieu du 12 au 15 juin prochain. M. Duhaime réclame 125 000 $ à MédiaQMI, dont 100 000 $ à titre de dommages et intérêts et 25 000 $ en dommages punitifs.

L’ancien animateur de radio se plaint d’une chronique de Karine Gagnon publiée le 22 septembre 2020 intitulée « Les complotistes de Québec ». La région de la Capitale-Nationale venait alors de passer en « zone orange » à cause d’une flambée de cas de COVID-19.

« Depuis le début de la pandémie, CHOI FM se fait la courroie de transmission par excellence des complotistes », écrivait alors la chroniqueuse. « On peut y entendre leurs porte-parole plus souvent qu’à leur tour, certains comme Éric Duhaime y étant même devenus chroniqueurs réguliers. »

C’est notamment cette dernière phrase qu’Éric Duhaime, devenu depuis chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), reproche au média.

Dans une poursuite en diffamation déposée en Cour supérieure, il nie être complotiste et dénonce une « chronique médisante » qui laissait entendre que l’augmentation des cas de COVID-19 dans la capitale lors de la deuxième vague découlait de ses propos.

Le politicien reproche aussi au Journal de Québec d’avoir ignoré quatre tentatives pour faire publier une réplique à la chronique.

Le Journal de Québec se défend vigoureusement. Le média estime que sa chroniqueuse « a exprimé de bonne foi dans les articles des commentaires raisonnables sur des questions d’intérêt public et sur une personnalité publique », peut-on lire dans des documents déposés au palais de justice de Québec.

Éric Duhaime était alors chroniqueur à Radio X. Il critiquait abondamment les mesures gouvernementales pour endiguer la pandémie. Il aurait « tenu des propos controversés à de nombreuses reprises », soutient la défense.

Les avocats de MédiaQMI ont d’ailleurs déposé 33 pièces en preuve. S’y trouvent plusieurs articles de journaux, mais aussi des segments de l’émission qu’animait en 2020 Éric Duhaime au FM93, dont une entrevue avec Lucie Laurier et une autre avec Dan Marino, un propriétaire de gym qui contestait les mesures gouvernementales, mort depuis.

Au tribunal à moins d’un revirement

Le juge devra donc déterminer si la journaliste a diffamé M. Duhaime en le qualifiant de complotiste. Il devra aussi déterminer si l’homme a subi des dommages à cause de la chronique.

« La parution de cet article a eu pour effet de nuire considérablement à la réputation, à l’intégrité, à l’honneur, à la vie privée et à la dignité du Demandeur, ce qui s’est traduit notamment par une perte de confiance de certains de ses partenaires d’affaires », fait valoir la poursuite.

Dans sa requête, Éric Duhaime cite en exemple Pizza Royale, qui avait annoncé fin septembre 2020 son désir de ne plus faire affaire avec lui. Le restaurant avait brièvement commandité une chronique de M. Duhaime sur les ondes de Radio X, puis s’était ravisé.

Cette décision survenait toutefois dans un contexte où plusieurs annonceurs avaient décidé de ne plus faire affaire avec Radio X, en premier chef la Ville de Québec.

La poursuite du chef conservateur a été déposée à l’automne 2020. Les deux parties ne se sont pas entendues depuis tout ce temps et, à moins d’un revirement, le procès de quatre jours aura bel et bien lieu en juin prochain.