(Québec) À ne pas inviter à la même soirée : Bernard Drainville et les représentants des syndicats.

Le ministre de l’Éducation, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) – avec qui le gouvernement négocie le renouvellement des conventions collectives – se sont livrés à une prise de bec, vendredi, dans le cadre de la deuxième journée des auditions publiques du projet de loi 23.

« Quand je suis face au mouvement syndical, je suis en mal de oui ! », a tonné M. Drainville, qui s’est plaint que les syndicats sont face à lui résistants aux changements.

« Travaillez davantage avec nous », a répliqué du tac au tac Line Camerlain, vice-présidente de la CSQ.

Après la présentation de la FAE, M. Drainville s’est étonné que le syndicat s’oppose selon lui à l’entièreté du projet de loi. Le syndicat a répliqué que le gouvernement n’a pas besoin de déposer un texte législatif pour améliorer la réussite des élèves. Il doit plutôt améliorer les conditions d’enseignement des professeurs.

De l’électricité dans l’air

Là où le ton a monté, c’est lorsque le ministre de l’Éducation a affronté la FAE sur sa position sur l’enseignement à distance. Le projet de loi prévoit que le gouvernement puisse « déterminer, parmi les situations exceptionnelles ou imprévisibles empêchant qu’ils soient reçus à l’école, celles dans lesquelles les services de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire et secondaire […] peuvent être dispensés à distance ».

Dans son mémoire, le syndicat affirme que « la littérature scientifique semble faire consensus sur le fait que l’apprentissage à distance doit être une solution de dernier recours ».

« [Le projet de loi 23] pourrait permettre au ministère d’envisager ce type d’enseignement comme une solution qui pourrait aider à pallier la pénurie de personnel ainsi que le manque d’espaces physiques dans les établissements », prévient la FAE.

M. Drainville a répliqué en donnant l’exemple d’un enfant souffrant d’un cancer qui doit s’isoler. Selon lui, cet enfant reçoit à ce jour cinq heures d’enseignement à distance par semaine s’il est au primaire et huit heures s’il est au secondaire. Son projet de loi, a-t-il dit, permettra au ministère de lui assurer de l’enseignement à distance sans devoir passer par l’élaboration d’un projet pilote.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Mélanie Hubert, présidente de la FAE

La présidente de la FAE, Mélanie Hubert, a répliqué qu’un enfant souffrant d’un cancer, comme décrit dans l’anecdote du ministre, reçoit déjà à ce jour de l’enseignement à distance.

« Honnêtement, que vous soyez contre le projet de loi, c’est votre droit tout à fait légitime, mais d’avoir de la difficulté à trouver un seul petit élément positif », a-t-il débuté à micro ouvert, « je trouve ça épouvantable », a-t-il terminé hors micro.

« Si être critique, c’est un problème en démocratie, je me demande où on s’en va », a déploré Mme Hubert.

Le projet de loi 23 en bref

  • Le projet de loi 23, une fois adopté, permettra au ministre Bernard Drainville de nommer et de destituer les directeurs généraux des centres de services scolaires.
  • Québec crée un Institut national d’excellence en éducation, qui aura pour mandat de guider le réseau scolaire vers des pratiques pédagogiques appuyées par la science.
  • Le gouvernement modifie largement le mandat du Conseil supérieur de l’éducation afin qu’il se concentre exclusivement sur l’enseignement supérieur.
  • M. Drainville donne des leviers à son ministère pour collecter des données dans les écoles afin de constituer un tableau de bord chiffré sur l’état du réseau.
  • Le milieu de l’éducation est inquiet des nouveaux pouvoirs que veut s’arroger le ministre.