(Hong Kong) Trois responsables de la rédaction de l’Apple Daily, un tabloïd hongkongais très critique de Pékin récemment acculé à la fermeture, dont son dernier rédacteur en chef, ont été arrêtés mercredi, a annoncé la police, dans un contexte de reprise en main de la presse à Hong Kong.

Des médias locaux ont fait état de l’arrestation d’un ancien rédacteur en chef adjoint, Chan Pui-man, et d’un autre responsable de la rédaction, Fung Wai-kong. Ces deux personnes avaient déjà été interpellées pour « collusion avec des forces étrangères » et libérées sous caution.

Dans la matinée, la police avait annoncé l’arrestation d’un ex-rédacteur en chef d’Apple Daily âgé de 51 ans pour « collusion avec des forces étrangères », un crime qui relève de la nouvelle loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée l’an dernier à cette ancienne colonie britannique, un territoire semi-autonome.

Une source policière a précisé à l’AFP qu’il s’agissait de Lam Man-chung.  

Il est le huitième employé de l’Apple Daily à avoir été interpellé en un mois dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale.

Sa compagne a raconté au média local Citizen News qu’il avait été arrêté à son domicile au petit jour et que la police avait saisi ses ordinateurs et ses téléphones.

Quant à M. Chan, il faisait partie des cinq responsables du journal arrêtés à la mi-juin lorsque des centaines de policiers avaient investi le siège de l’Apple Daily.

Après l’interpellation de ses dirigeants et le gel de ses avoirs, le tabloïd, qui s’était fait connaître pour ses critiques à l’égard du gouvernement chinois et de l’exécutif local aligné sur Pékin, avait été contraint de mettre la clé sous la porte à l’issue de 26 ans d’existence, faisant paraître le 24 juin son dernier numéro.

M. Lam était le rédacteur en chef aux commandes de cette ultime édition.

Les autorités accusent le quotidien d’avoir soutenu des appels à des sanctions internationales contre la Chine, une prise de position désormais passible de poursuites en vertu de la nouvelle loi.

La liberté de la presse « en miettes »

Le propriétaire du journal, le magnat Jimmy Lai, 73 ans, a été incarcéré et inculpé de collusion avec des forces étrangères.

La fermeture du journal est un des évènements qui ont fait dire la semaine dernière à l’Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), le principal syndicat de journalistes hongkongais, que la liberté de la presse était « en miettes » dans l’ex-colonie britannique.

« L’année passée a sans conteste été la pire année pour la liberté de la presse », avait déclaré le président de la HKJA, Ronson Chan, en marge de la présentation du rapport annuel de l’organisation.

Un millier d’employés du groupe de M. Lai ont perdu leur travail, dont 700 journalistes.