« Nous sommes prêts », a lancé jeudi Pierre Karl Péladeau. Le patron de Québecor a réitéré un « fort engagement » à réaliser l’acquisition de Freedom Mobile aussitôt que le gouvernement canadien donnera l’autorisation de procéder.

Si certains analystes et observateurs s’inquiétaient du désir de Québecor de boucler l’acquisition de Freedom Mobile et de procéder à l’expansion hors Québec dans le sans-fil dans la foulée des reports répétés de clôture annoncés par Rogers, Shaw et Québecor dans les derniers mois, Pierre Karl Péladeau se montre très clair.

« Nos plans sont établis et nous sommes prêts à créer une véritable et durable dynamique de concurrence en Ontario et dans l’Ouest canadien », a-t-il dit durant une conférence téléphonique organisée en marge de la présentation de la performance de fin d’exercice de Québecor.

Les entreprises impliquées dans la transaction de 26 milliards selon laquelle Rogers entend acheter Shaw ont annoncé la semaine dernière un autre délai pour conclure l’opération.

Si Ottawa approuve l’entente, il est prévu que Québecor acquière la filiale sans fil de Shaw, Freedom Mobile, au coût de 2,85 milliards.

« Cette transaction représente le tremplin d’une nouvelle ère pour Québecor. Après une impressionnante poussée en télécommunications et dans le sans-fil depuis l’acquisition de Vidéotron en 2000, nous atteignons maintenant le point naturel du cycle de pénétration d’un marché plus mature », affirme le PDG du conglomérat québécois.

Pierre Karl Péladeau dit même avoir rencontré en début de semaine les membres de la haute direction de Freedom Mobile pour discuter des étapes à venir. Il qualifie de « très positif » ce qu’il a vu jusqu’ici et se dit « enthousiaste ».

À une question d’un analyste qui demandait quels changements il entrevoyait à la direction de Freedom, Pierre Karl Péladeau a répondu qu’il est encore un peu prématuré d’en parler.

Il a par ailleurs indiqué que Québecor poursuivait ses efforts pour parvenir à une entente avec Bell et Telus afin de louer l’accès au réseau de ses concurrents. « Je dois cependant être honnête », dit-il.

Les négociations sont difficiles, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais cette situation ne me surprend pas après avoir combattu les tactiques de Bell et Telus sur plusieurs fronts au fil des ans.

Pierre Karl Péladeau, PDG de Québecor

Avec un nouveau leadership à la tête du CRTC, Pierre Karl Péladeau dit cependant s’attendre à une « résolution rapide », alors que le ministre canadien de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique demande une « réelle » concurrence dans le marché des télécommunications au pays.

Performance en demi-teinte

Québecor n’a pas épaté les analystes outre mesure jeudi en publiant ses résultats de fin d’exercice. Le bénéfice d’exploitation ajusté des mois d’octobre, novembre et décembre a diminué de 3 % à 483 millions, alors que les analystes s’attendaient à 499 millions.

Les revenus consolidés ont légèrement augmenté à 1,19 milliard, un niveau relativement conforme aux prévisions des experts. Si la filiale Vidéotron contribue l’essentiel des revenus, ceux du secteur média ont néanmoins augmenté de 1 % à 215 millions durant le trimestre.

Le bénéfice d’exploitation ajusté du secteur média est cependant en recul de près de 50 % à 14 millions. Cette diminution s’expliquerait surtout par la hausse des investissements dans le contenu au Réseau TVA, y compris dans les téléréalités et variétés ainsi que dans le service de l’information, et à la chaîne TVA Sports.

Vidéotron a d’autre part ajouté 13 100 abonnés nets en téléphonie mobile durant le trimestre, ce qui est inférieur au consensus des analystes qui s’articulait autour de 23 000 à 27 000 nouveaux abonnés.

À cet effet, l’analyste Jérôme Dubreuil, chez Desjardins, souligne que la taille relativement élevée des parts de ce marché détenues par l’entreprise au Québec (environ 25 % dans un marché à quatre acteurs) rend plus difficile la croissance à un coût d’acquisition raisonnable.

Contrairement à son habitude des dernières années et à ce qu’attendaient certains analystes, Québecor ne bonifie pas son dividende et le maintient à son niveau actuel.

Jérôme Dubreuil estime que cette décision signale que la direction a bon espoir de boucler un achat éventuel de Freedom Mobile alors que des investissements seront requis pour intégrer cette acquisition et développer le marché hors Québec.

Au cours boursier actuel, le rendement du dividende de Québecor s’élève néanmoins à 3,7 %.

« Bien que les résultats présentés soient inférieurs aux attentes, une faiblesse de l’action en Bourse serait une opportunité d’investir pour éventuellement profiter des bénéfices que l’acquisition de Freedom apportera et qui ne sont pas encore reflétés dans le titre », commente Jérôme Dubreuil.

L’action de Québecor est demeurée stable jeudi pour clôturer à 32,40 $ à la Bourse de Toronto.