Se baigner aux abords du bassin Peel, à un jet de pierre du centre-ville ? La Société immobilière du Canada (SIC) réfléchit à la possibilité de rendre baignable un plan d’eau artificiel actuellement hautement contaminé.

Deux porte-parole de l’organisation ont évoqué l’idée mardi soir, dans le cadre d’une consultation sur l’avenir du secteur Bridge-Bonaventure.

Ce n’est pas le bassin Peel lui-même qui deviendrait baignable, mais plutôt son voisin, le bassin Wellington. Il est beaucoup plus petit depuis son remblaiement partiel dans les années 1960, mais pourrait être agrandi.

« On est en train de regarder ce qu’on peut faire pour recreuser une partie du bassin Wellington pour permettre éventuellement même – peut-être – la baignade. On est en train de regarder comment on peut faire tous les alentours du bassin Peel avec Parcs Canada pour pouvoir redynamiser ce secteur-là », a dit Pierre-Marc Mongeau, vice-président de la SIC, devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

Les bassins Peel et Wellington sont hautement contaminés. Ils ont été creusés au XIXsiècle, alors que le canal de Lachine était le cœur de l’industrialisation du Canada et que les normes environnementales étaient inexistantes.

« La proposition de rendre baignable le bassin Wellington est en phase avec notre objectif et on l’analysera à la lumière des enjeux de sécurité, de qualité de l’eau et de courant », a indiqué Catherine Cadotte, du cabinet de la mairesse Valérie Plante. « On encourage tous les acteurs du milieu à se prononcer dans le cadre des consultations publiques, et c’est essentiel de laisser ce processus faire son œuvre. On se prononcera à la lumière du rapport et on analysera dûment chaque proposition. »

« Cri du cœur »

Les investissements nécessaires pour un tel projet doivent toutefois pouvoir être récupérés ailleurs, ont insisté les représentants de la SIC, en lançant un « cri du cœur » à la Ville de Montréal pour qu’elle autorise davantage de densité dans le secteur.

Comme les promoteurs privés, la société fédérale voudrait que Montréal permette la construction de plus que 7600 habitations dans Bridge-Bonaventure et assouplisse sa vision.

« Il faut avoir cette flexibilité », a demandé Christopher Sweetnam Holmes, directeur immobilier pour la SIC. « Le défi, c’est quand les gens pensent qu’ajouter des hauteurs, c’est juste pour aider des personnes à faire plus d’argent.

Les hauteurs, bien faites, bien structurées, bien contrôlées dans leur qualité peuvent être un ajout à un quartier. Ça permet de faire de plus grands espaces publics, ça permet de financer d’autres bénéfices communs comme des logements sociaux, des logements abordables.

Christopher Sweetnam Holmes, directeur immobilier pour la Société immobilière du Canada

« Ce qui est proposé malheureusement dans le plan » directeur de la Ville pour le quartier, trop restrictif, peut « limite[r] la créativité des designers », ont ajouté MM. Mongeau et Sweetnam Holmes.

La SIC a aussi fait valoir que les silos de la P&H Milling, récemment identifié comme d’intérêt patrimonial par la Ville de Montréal, ne devraient pas être gardés « comme une ruine du passé ». « Le silo P&H est plus jeune que moi ! », a souligné M. Mongeau.

M. Mongeau a aussi indiqué que quatre ans après la sélection du groupe Devimco pour réhabiliter le Silo no 5 et lui trouver une nouvelle vocation, l’entreprise était toujours en phase de « diligence raisonnable ».