(Washington) À quelques jours de l’échéance, le président des États-Unis, Joe Biden, et le leader républicain Kevin McCarthy ont trouvé samedi un « accord de principe » pour éviter un défaut de paiement des États-Unis. Cet accord devra toutefois encore être validé par le Congrès.

La Chambre des représentants, à majorité républicaine, votera mercredi, a indiqué son patron. Viendra ensuite le Sénat, à majorité démocrate.

Kevin McCarthy a estimé dans une allocution que le compromis budgétaire trouvé, dont il n’a pas livré le détail, était « tout à fait digne du peuple américain ».

Le dirigeant conservateur s’est seulement félicité des « réductions historiques » de la dépense publique que l’accord prévoit selon lui, ce qui était la revendication principale des républicains.

« Cet accord est un compromis, ce qui veut dire que chacun n’obtient pas tout ce qu’il veut », a réagi pour sa part Joe Biden, assurant que le texte « réduit les dépenses tout en protégeant des programmes publics essentiels ».

Le président démocrate a estimé que l’accord avec les conservateurs était « une bonne nouvelle, parce qu’il évite ce qui aurait été un défaut [de paiement] catastrophique ».

Deux ans

Kevin McCarthy a indiqué qu’il s’entretiendrait à nouveau dimanche avec Joe Biden et publierait le même jour le texte, résultat de difficiles négociations, et que la Chambre des représentants « votera alors sur ce texte mercredi ».

Selon une source qui a eu connaissance des négociations, l’accord trouvé entre l’exécutif et l’opposition relève pendant deux ans, donc jusqu’après l’élection présidentielle de 2024, le plafond d’endettement public des États-Unis.

Il n’y a pas les importantes réductions souhaitées par les républicains, même si les dépenses non liées à la défense resteront pratiquement inchangées l’année prochaine et n’augmenteront que nominalement en 2025, a-t-on précisé de même source.

En outre, de nouvelles règles s’appliqueront à l’accès à certains programmes d’aide fédéraux, mais la source a précisé que l’accord protégeait la loi sur la réduction de l’inflation et le plan d’allègement de la dette étudiante, signés par M. Biden.

Sans relèvement de cette limite, la première puissance mondiale risquait de se trouver en défaut de paiement le 5 juin, incapable d’honorer ses engagements financiers : salaires, retraites ou remboursements à ses créanciers.

Comme toutes les grandes économies ou presque, les États-Unis vivent à crédit.

Mais contrairement à d’autres pays, les États-Unis butent régulièrement sur une contrainte juridique : le plafond de la dette, le montant maximal d’endettement des États-Unis, qui doit être formellement relevé par le Congrès.

De cette procédure législative de routine, les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants depuis janvier, ont fait un instrument de pression politique.

Refusant de faire un prétendu « chèque en blanc » au président démocrate, ils ont conditionné tout relèvement de ce plafond, actuellement fixé à 31 400 milliards de dollars, à des coupes budgétaires.

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Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy

Joe Biden, candidat à sa réélection, a longtemps refusé de venir à la table des négociations, accusant l’opposition de prendre l’économie américaine en « otage » en exigeant de telles coupes.

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Le président des États-Unis, Joe Biden

« Sous surveillance »

Après plusieurs réunions à la Maison-Blanche entre les deux hommes, les équipes du président et du « speaker » républicain se sont finalement attelées à des séances de négociations interminables — toutes abondamment commentées par le Tout-Washington.

L’accord de principe trouvé samedi soir donne un peu d’air aux marchés financiers, qui n’ont jamais réellement paniqué, mais que cette paralysie commençait à impatienter.

Il est de fait très fréquent que des compromis de dernière minute soient conclus sur ce type de dossier.

L’économie mondiale, déjà en proie à une « forte incertitude », aurait pu « se passer » de ces tractations tendues, avait aussi critiqué la directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva.

Reste que ce compromis doit désormais être validé par le Sénat, contrôlé de justesse par les démocrates, et par la Chambre des représentants, sur laquelle les républicains ont une fragile majorité.

Certains progressistes au sein du Parti démocrate, tout comme des élus du Parti républicain, ont menacé de ne pas ratifier ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse.

Un élu républicain à la Chambre des représentants, Bob Good, a dès samedi estimé qu’au vu de ce qu’il savait du compromis, « aucun élu se réclamant du camp conservateur ne pourrait justifier un vote positif ».