Après avoir été forcée de renoncer à une partie de ses activités faute de personnel, voilà que l’usine de Fleury Michon, à Rigaud, fera appel à des robots pour accroître sa production de repas destinés aux compagnies aériennes. L’entreprise cherche tout de même à recruter une centaine d’humains.

L’augmentation effrénée du tourisme et du trafic aérien a des conséquences majeures… à Rigaud, en Montérégie. C’est là que se trouve l’usine Fleury Michon, qui prépare les repas servis sur les ailes d’Air Transat, Air Canada, British Airways, KLM et Air France, notamment, pour leurs vols en partance de l’Amérique du Nord.

Or, la pénurie de main-d’œuvre, dans cette ville de 7918 habitants à l’ouest de Montréal, est aiguë. D’ailleurs, à l’automne 2017, La Presse avait révélé que Fleury Michon avait cessé de produire des mets frais vendus dans les supermarchés (hormis ceux offerts chez Costco) parce qu’elle était incapable de recruter assez d’employés.

Aujourd’hui, Fleury Michon investit 30 millions de dollars dans ses installations pour prendre de l’expansion, accroître sa productivité et créer « une usine 4.0 avec beaucoup de robotisation », confie John Allard, directeur général de Fleury Michon Amérique. Ottawa a annoncé hier une « contribution remboursable » de 2 millions, et Québec doit faire sa propre annonce à la fin de septembre, a-t-on appris.

« Overtime obligatoire »

Les millions serviront essentiellement à robotiser certaines opérations (surtout la manutention des contenants), à réaménager les lieux pour les rendre plus efficaces, à acheter des équipements plus performants et acquérir des logiciels plus efficaces (pour la gestion des stocks et la traçabilité), détaille M. Allard, au bout du fil.

« Nous sommes en croissance stable de 15 % à 20 % par année, confie le dirigeant. On fait 6500 tonnes de nourriture par année. Notre objectif est de 10 000 tonnes dans trois ans. […] De plus en plus de gens prennent l’avion. Cette année, il y en aura quatre milliards ! »

Outre la croissance organique des compagnies aériennes, Fleury Michon recrute de nouveaux clients. Le plus récent : Qatar Airlines. « On avait toutes les compagnies majeures d’Amérique, et là, on s’en va en Asie et au Moyen-Orient. Nous sommes fiers de servir la meilleure entreprise aérienne au monde », lance John Allard.

Les gens ne le savent pas, mais on sert toutes les grandes lignes aériennes du monde. On fait 30 millions de plats par année, tout ça dans un petit village.

John Allard, directeur général de Fleury Michon Amérique

Cette croissance fait en sorte que « du retard a été pris », ce qui met une certaine pression sur les employés, souligne le représentant syndical Michel Tardif, des TUAC, section locale 501. « Un samedi, le 7 septembre, je crois, c’est de l’overtime obligatoire pour tout le monde. On ne fournit plus à la demande. »

La bonne nouvelle, c’est que la convention collective qui vient tout juste d’être signée prévoit des « hausses de salaire substantielles », dit M. Tardif.

Nouvelles stratégies de recrutement

Malgré le recours aux robots, Fleury Michon aura besoin de recruter une centaine de personnes pour atteindre ses objectifs. Idéalement, ses effectifs passeraient de 325 à 425.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Fleury Michon aura besoin de recruter une centaine de personnes pour atteindre ses objectifs.

Sera-t-on capable de les trouver alors qu’un effort semblable s’était soldé par un échec il y a deux ans ?

John Allard convient qu’il s’agit de son « plus gros défi ». Mais il est optimiste, précisant qu’il va « chercher hors du Canada grâce à quelques programmes ». Les postes d’entrée (les moins bien payés) seront moins nombreux grâce à la robotisation. Ce sont ces postes qui étaient les plus difficiles à pourvoir.

« On est aussi en discussions avec la MRC pour un projet de création de logements abordables dans la région. Ça va attirer les gens chez nous. Les méthodes classiques de recrutement ne fonctionnent plus. Il faut trouver des méthodes alternatives. »