(Québec) On ne creusera finalement pas l’un des plus gros tunnels au monde sous le fleuve Saint-Laurent, entre Québec et Lévis. Le gouvernement Legault change ses plans et opte pour un « troisième lien » constitué de deux plus petits tunnels comptant moins de six voies au total.

Il présentera son projet revu et corrigé jeudi. Il avait dévoilé l’an dernier la première mouture de son tunnel reliant Québec et Lévis : un seul tube composé de deux étages avec six voies au total – trois voies dans chaque direction, dont une réservée aux autobus.

Pour construire cette infrastructure d’un diamètre de près de 20 mètres, il aurait fallu utiliser un énorme tunnelier, un peu plus large que le plus gros que l’on a vu jusqu’ici sur la planète. L’aspect pharaonique de l’ouvrage a valu bien des critiques au gouvernement.

Il est retourné à la planche à dessin et a décidé de construire deux tunnels plus petits – un pour chaque direction. Il est question de quatre ou de cinq voies au total ; des éléments de la nouvelle version resteront d’ailleurs à déterminer dans le cadre de travaux futurs. Les voies réservées aux autobus demeurent, mais il est possible que d’autres véhicules puissent les utiliser en fonction de l’heure.

Pour ce qui est du tracé, le gouvernement garde le cap sur un lien reliant les centres-villes de Québec et de Lévis. On ne déplacera donc pas l’infrastructure vers l’est.

La facture estimée sera moins élevée, mais tout de même importante. L’an dernier, Québec chiffrait le coût à 7 milliards de dollars, tout en reconnaissant qu’il pourrait atteindre 10 milliards.

Données à venir jeudi

L’exercice de jeudi servira également à étayer l’argumentaire du gouvernement pour justifier la construction d’un troisième lien. La semaine dernière, François Legault a déclaré que l’« on prévoit, avec l’augmentation de la population, que le nombre de minutes d’attente sur les deux ponts va être plus grand que le temps d’attente sur les ponts de Montréal ». Il n’a donné aucune précision ; son cabinet s’est contenté de dire que l’information provenait de son bureau de projet. Des données seront présentées dans le cadre de la mise à jour.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

François Legault, premier ministre du Québec

Le gouvernement a présenté la nouvelle version du troisième lien à des députés caquistes lundi, de même qu’aux maires de Québec, Bruno Marchand, et de Lévis, Gilles Lehouillier, mardi. Le premier n’a jamais pris position sur le troisième lien et se donne du temps avant de se prononcer. Le second milite depuis longtemps pour le troisième lien.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Bruno Marchand, maire de Québec

La Coalition avenir Québec a promis en campagne électorale de lancer les travaux de construction d’ici la fin de son mandat. Pour le moment, des travaux préparatoires de 4 millions de dollars, sur des routes de Lévis, sont prévus avant les élections générales.

En février, le premier ministre François Legault évoquait pour la première fois la présentation d’un projet « ajusté » de troisième lien, plus modeste.

« Haut niveau d’incertitude »

Le 13 janvier, Bruno Massicotte, professeur titulaire au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, invitait d’ailleurs le gouvernement à revoir ses plans, puisque « le projet de tunnel envisagé est à la limite de ce qui est réalisable ». Le ministère des Transports lui avait confié en 2015, sous les libéraux de Philippe Couillard, la réalisation d’une étude de préfaisabilité sur un troisième lien routier à l’est de Québec.

« La proposition actuellement considérée compte parmi celles qui comportent le plus de risques. Les projets de tunnels viennent en effet avec un haut niveau d’incertitude en raison principalement de la nature des sols, en partie inconnue », a-t-il ajouté dans une lettre publiée dans La Presse le 13 janvier.

Lisez la lettre « Repenser le troisième lien Québec-Lévis »

« Pour mieux servir la population, une option à envisager serait de scinder le projet en deux, en créant un lien de type transport collectif entre les centres-villes de Québec et de Lévis et en ajoutant un troisième lien routier à l’endroit où il serait le plus avantageux, expliquait M. Massicotte. Le lien routier pourrait prendre différentes formes, mais un pont serait le choix optimal du point de vue du coût et de l’échéancier. Trois sites sont envisageables : près des ponts actuels, à l’ouest de Cap-Rouge et à l’est de Lauzon. »

En savoir plus
  • 8,3 km
    Ce sera le plus long tunnel routier en Amérique du Nord.
    Source : Ministère des Transports du Québec
    19,4 m
    Diamètre du tunnel présenté à l’origine, ce qui en aurait fait l’un des plus larges au monde
    source : Ministère des Transports du Québec
  • 2031
    Année de mise en service prévue du troisième lien
    source : Ministère des Transports du Québec