(New York) Le président Donald Trump a annoncé qu’il ordonnait à son gouvernement de rouvrir et d’agrandir Alcatraz, l’ancienne prison tristement célèbre située sur une île californienne difficile d’accès au large de San Francisco, fermée depuis plus de 60 ans.

Dans un message publié dimanche soir sur son site Truth Social, Donald Trump a écrit : « Pendant trop longtemps, l’Amérique a été en proie à des délinquants vicieux, violents et récidivistes, la lie de la société, qui ne contribueront jamais qu’à la misère et à la souffrance. Lorsque nous étions une nation plus sérieuse, par le passé, nous n’hésitions pas à enfermer les criminels les plus dangereux et à les tenir à l’écart de toute personne susceptible de leur nuire. C’est ainsi que cela doit être. »

« C’est pourquoi, aujourd’hui, a-t-il expliqué. Je demande au Bureau des prisons, en collaboration avec le ministère de la Justice, le FBI et la Sécurité intérieure, de rouvrir une prison ALCATRAZ considérablement agrandie et reconstruite, pour accueillir les délinquants les plus impitoyables et les plus violents d’Amérique. »

La directive de Donald Trump de reconstruire et de rouvrir ce pénitencier, fermé depuis longtemps, était la dernière en date de sa tentative de réformer les conditions et le lieu d’incarcération des prisonniers fédéraux et des migrants. Mais une telle mesure s’avérerait probablement coûteuse et complexe.  

La prison a été fermée en 1963 en raison de la vétusté des infrastructures et des coûts élevés de réparation et d’approvisionnement de l’établissement insulaire, car tout, du carburant à la nourriture, devait être acheminé par bateau.

La mise aux normes modernes nécessiterait des investissements massifs, à l’heure où le Bureau des prisons ferme des prisons pour des problèmes d’infrastructure similaires.

La prison, tristement célèbre pour son insaisissable évasion en raison des forts courants océaniques et des eaux froides du Pacifique qui l’entourent, était surnommée « The Rock » et a hébergé certains des criminels les plus notoires du pays, dont le gangster Al Capone et George « Machine Gun » Kelly.

Elle fait depuis longtemps partie de l’imaginaire culturel et a été le sujet de nombreux films, dont « The Rock » avec Sean Connery et Nicolas Cage. Toujours en 29 ans d’existence, 36 hommes ont tenté 14 évasions distinctes, selon le FBI. Presque tous ont été arrêtés ou n’ont pas survécu à leur tentative.

Le sort de trois détenus en particulier – John Anglin, son frère Clarence et Frank Morris – fait débat et a été mis en scène dans le film « L’Évadé d’Alcatraz » de 1979, avec Clinton Eastwood.

L’île d’Alcatraz est aujourd’hui un site touristique majeur, géré par le Service des parcs nationaux et classé monument historique national.

De retour à la Maison-Blanche dimanche soir après une fin de semaine en Floride, Donald Trump a expliqué que cette idée lui était venue en raison de sa frustration face à des « juges radicalisés » qui insistaient pour que les personnes expulsées bénéficient d’une procédure régulière. Alcatraz, a-t-il expliqué, est depuis longtemps un « symbole de l’ordre public. Vous savez, c’est une ville qui a toute une histoire. »

Un porte-parole du Bureau des prisons a déclaré dans un communiqué que l’agence « se conformera à tous les décrets présidentiels ».  

Le porte-parole n’a pas immédiatement répondu aux questions de l’Associated Press (AP) concernant la faisabilité de la réouverture d’Alcatraz, ni le rôle de l’agence dans l’avenir de l’ancienne prison, compte tenu du contrôle de l’île par le Service des parcs nationaux.

L’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, une démocrate californienne dont la circonscription inclut l’île, a remis en question la faisabilité de la réouverture de la prison après tant d’années.  

« C’est désormais un parc national très populaire et une attraction touristique majeure. La proposition du Président n’est pas sérieuse », a-t-elle écrit sur X.

L’île est une véritable machine à remonter le temps, transportée vers une époque révolue du système pénitentiaire. Le Bureau des prisons compte actuellement 16 pénitenciers remplissant les mêmes fonctions de haute sécurité qu’Alcatraz, dont son établissement de haute sécurité à Florence, dans le Colorado, et le pénitencier américain de Terre Haute, dans l’Indiana, qui abrite la chambre de la mort fédérale.

Cette décision intervient alors que Donald Trump est en conflit avec la justice, cherchant à envoyer des membres de gangs accusés dans une prison de haute sécurité au Salvador, sans procédure régulière.  

Donald Trump a également évoqué l’idée, juridiquement douteuse, d’envoyer certains prisonniers fédéraux américains au Centre de détention pour terroristes (CECOT).

Le président Trump a également ordonné l’ouverture d’un centre de détention à Guantanamo, à Cuba, pouvant accueillir jusqu’à 30 000 de ceux qu’il a qualifiés de « pires criminels étrangers ».

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