(Ottawa) Les hauts dirigeants de la Société Radio-Canada (SRC) affirment qu’ils envisagent des options pour gérer les pressions financières du radiodiffuseur, notamment d’examiner la « rémunération des hauts dirigeants », à la suite des plans visant à réduire de 10 % de l’effectif du radiodiffuseur public.

La présidente de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, et sept vice-présidents ont publié vendredi une brève déclaration après que des députés de différentes allégeances politiques ont exprimé leurs inquiétudes quant au projet de supprimer 600 emplois et de ne pas pourvoir 200 postes vacants au cours de la prochaine année.

« Nous sommes au fait des préoccupations exprimées depuis l’annonce des compressions à CBC/Radio-Canada, et des questions sur la rémunération, tout particulièrement la rémunération liée au rendement versée à la haute direction », mentionne la déclaration des hauts dirigeants.

« Pour clarifier ce point, nous tenons à préciser que toutes les mesures possibles, y compris celles touchant à la rémunération de la haute direction, sont examinées afin de composer avec les pressions financières qui nous attendent dans les mois à venir », ont déclaré les huit signataires.

Mme Tait a annoncé ces plans plus tôt dans la semaine, affirmant que cette décision était nécessaire pour combler un déficit budgétaire de 125 millions.

En tant que société d’État, Radio-Canada fonctionne indépendamment du Parlement. Il reçoit environ 1 milliard de financement fédéral chaque année.

Mais les dirigeants politiques ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact que les suppressions d’emplois auront sur la programmation, particulièrement pour les auditoires de langue française, tant au Québec qu’à l’extérieur de la province.

Mme Tait a suscité d’autres critiques après avoir déclaré à l’émission The National de la CBC qu’il était « trop tôt » pour dire si les dirigeants recevraient des primes cette année.

« Il est trop tôt pour dire où nous en sommes cette année, a répondu Mme Tait à une question de l’animatrice Adrienne Arsenault. Nous examinerons cela, comme nous le faisons pour tous nos postes dans les mois à venir. »

À la suite de ces propos, le porte-parole de CBC, Leon Mar, a précisé que la chaîne ne reconsidérerait pas les primes qu’elle aurait versées en vertu des contrats existants.

Des documents divulgués dans le cadre des demandes d’accès à l’information démontrent qu’entre 2015 et l’année dernière, plus de 99 millions ont été versés en primes aux employés du diffuseur public, dont 16 millions versés à plus de 1000 employés en 2022.

Selon CBC, ces paiements font partie de ce qu’elle appelle un « plan d’incitation à court terme » destiné à encourager les employés à atteindre ou à dépasser les objectifs de l’entreprise.

Dans leur déclaration de vendredi, les hauts dirigeants ont déclaré qu’ils sont déterminés « à atténuer les effets de ces compressions sur nos émissions et services à la population canadienne, ainsi que sur nos effectifs. »

Jeudi, les députés de la commission parlementaire du patrimoine ont voté pour que Mme Tait témoigne des coupes prévues et de sa position selon laquelle le radiodiffuseur n’avait pas exclu de verser des primes.

Les députés libéraux, conservateurs et néo-démocrates siégeant au comité ont tous fait savoir qu’ils ne croyaient pas qu’il serait approprié que les dirigeants de la Société Radio-Canada reçoivent des primes alors que la société envisageait de réduire ses effectifs.

Comme la Chambre des communes se prépare à faire une pause pour les Fêtes, la comparution de Mme Tait devrait avoir lieu en 2024.

Avec des informations de Mickey Djuric