(Ottawa) Ottawa subit des pressions pour suspendre la taxe sur les services numériques, qui oblige les grandes entreprises technologiques à effectuer un important paiement rétroactif d’ici le 30 juin.

Des groupes d’affaires canadiens et américains, des organisations représentant des géants américains de la technologie et des membres du Congrès américain ont signé des lettres demandant l’élimination ou la suspension de la taxe.

La Chambre de commerce du Canada et d’autres organisations affirment que les mesures de rétorsion contenues dans un projet de loi américain sur les dépenses et la fiscalité pourraient affecter les régimes de retraite et les investissements des Canadiens.

Une partie du « grand et beau » projet de loi du président américain Donald Trump pourrait augmenter les retenues à la source et l’impôt sur le revenu « sur toute détention d’actifs américains par un Canadien ou sur les activités américaines d’une société mère canadienne », ont averti les groupes dans une lettre ouverte vendredi.

« L’incidence négative d’une telle mesure sur l’économie canadienne ne saurait être sous-estimée, mentionne la lettre. Toutes les caisses de retraite, tous les fonds de retraite, tous les comptes de placement et tous les fonds de placement étroitement liés à des avoirs américains, détenus, par exemple, par des enseignants, des employés municipaux, des élus et des familles canadiennes ordinaires, sont menacés. »

La taxe devrait entrer en vigueur quelques semaines seulement avant la date limite fixée par le Canada et les États-Unis pour la conclusion d’un nouvel accord commercial.

Cette taxe, qui touchera des entreprises comme Amazon, Google, Meta, Uber et Airbnb, impose un prélèvement de 3 % sur les revenus des utilisateurs canadiens. Elle devrait rapporter environ 7,2 milliards sur cinq ans. Le premier paiement sera rétroactif à 2022.  

Une lettre du 11 juin signée par 21 membres du Congrès indique que le premier paiement coûtera 2 milliards US aux entreprises américaines. Elle précise que les entreprises américaines paieront 90 % des revenus que le Canada percevra grâce à cette taxe.

Une lettre distincte envoyée plus tôt ce mois-ci par des associations industrielles américaines et la Chambre de commerce des États-Unis qualifiait d’excessive cette exigence de rétroactivité.

Le bureau du ministre des Finances du Canada, François-Philippe Champagne, n’a pas répondu à la question de savoir si le gouvernement envisageait de suspendre la taxe.