Les lauréats de l’édition 2020
Pour la cinquième année de suite, La Presse a invité les députés de l’Assemblée nationale à participer à un vote secret pour élire celles et ceux qui se sont illustrés dans l’arène politique en 2020. Au terme de plusieurs mois intenses à combattre la COVID-19, les élus ont été plus nombreux que jamais cette année (109 députés sur 125) à participer à cet exercice non partisan. Voici les lauréats dans les huit catégories du désormais traditionnel palmarès des parlementaires.
Le parlementaire de l’année
Gagnant : Pascal Bérubé
2e : François Legault
3e : Monsef Derraji
(En 4e position : André Fortin. En 5e position : Harold LeBel, suivi de Gabriel Nadeau-Dubois et de Christian Dubé avec 1 point d’écart)
La parlementaire de l’année
Gagnante : Véronique Hivon
2e : Marwah Rizqy
3e : Sonia LeBel
(En 4e position : Geneviève Guilbault. En 5e position : Christine Labrie, suivie de Dominique Anglade avec deux points d’écart)
Le meilleur orateur ou la meilleure oratrice
Gagnant : Pascal Bérubé
2e : Éric Caire
3e (égalité) : Gabriel Nadeau-Dubois et Marc Tanguay
(En 5e position : Jean-François Simard et Véronique Hivon. En 6e position : Geneviève Guilbault)
L’étoile montante
Gagnant (égalité) : Ian Lafrenière
Gagnante (égalité) : Méganne Perry Mélançon
3e : Christine Labrie
4e : Samuel Poulin
(En 5e position : Marwah Rizqy. En 6e position : Monsef Derraji, suivi de Jennifer Maccarone avec 1 point d’écart)
Le meilleur représentant ou la meilleure représentante de sa circonscription
Gagnant : Harold LeBel
2e : Paule Robitaille
3e : Pascal Bérubé
(En 4e position : Sylvain Roy. En 5e position : Enrico Ciccone, suivi de Joël Arseneau avec 2 points d’écart)
Le plus bel esprit sportif
Gagnant : Harold LeBel
2e : Enrico Ciccone
3e (égalité) : Gregory Kelley et Véronique Hivon
(En 5e position : Ian Lafrenière. En 6e position : Monsef Derraji, suivi de Martin Ouellet avec 1 point d’écart)
La députée la plus originale ou le député le plus original
Gagnante : Marwah Rizqy
2e (égalité) : Catherine Dorion et Monsef Derraji
4e (égalité) : Harold LeBel et Agnès Grondin
(En 6e position : Sol Zanetti et Manon Massé. En 8e position : Enrico Ciccone, suivi de Gregory Kelley, Claire Samson et Samuel Poulin avec 1 point d’écart)
La ministre la plus appréciée ou le ministre le plus apprécié
Gagnante : Sonia LeBel
2e : Andrée Laforest
3e : Jean Boulet
(En 4e position : Lionel Carmant et Eric Girard. En 6e position : Marguerite Blais)
La critique de l’opposition la plus tenace ou le critique de l’opposition le plus tenace
Gagnante : Marwah Rizqy
2e : Gaétan Barrette
3e : Marc Tanguay
(En 4e position : Monsef Derraji. En 5e position : Isabelle Melançon)
Méthodologie
Nous avons transmis aux députés un questionnaire électronique comportant huit catégories. Les réponses étaient anonymes. Dans chaque catégorie, les députés ont voté deux fois : d’abord pour un élu de leur parti, ensuite pour un élu d’une autre formation politique. Cette façon de procéder – que nous utilisons depuis quelques éditions du palmarès – permet d’atténuer les effets de la partisanerie. Pour sortir du lot, un élu doit presque inévitablement obtenir l’appui de ses collègues des autres partis. Les lauréats ont été établis en additionnant l’ensemble des votes obtenus dans chaque catégorie. Le palmarès des élus de La Presse est inspiré d’une démarche similaire orchestrée par le magazine Maclean’s au Parlement d’Ottawa.
Une année pas comme les autres
Ils sont de formations politiques différentes. À la période de questions, leur ton peut faire croire qu’ils ne s’apprécient pas. Et pourtant… Il suffit de les écouter rire, discuter et faire des blagues pendant la séance photo organisée par La Presse pour saisir la camaraderie qui unit aussi les lauréats de l’édition 2020 du palmarès des parlementaires.
En cette année de pandémie, les 125 élus du Parlement à Québec auraient tous aimé gagner le titre du meilleur représentant de sa circonscription. Le gagnant, le député péquiste de Rimouski, Harold LeBel – habitué des grands honneurs dans cette catégorie –, souhaiterait rendre hommage à tous ses collègues.
« Pour moi, c’est important de le dire, tous les députés auraient mérité de gagner cette catégorie cette année avec tout ce qu’on a vécu. Tous les députés ont travaillé très fort dans un climat hallucinant. La pression qu’on a, c’est énorme. Les gens qui nous demandent des informations, il faut se revirer de bord plus rapidement que jamais », affirme celui qui l’emporte aussi dans la catégorie du plus bel esprit sportif.
Particulièrement cette année, je voudrais qu’on puisse donner une mention spéciale à l’ensemble des députés. Depuis le début de la pandémie, leurs bureaux en circonscription sont les points de chute pour plusieurs citoyens. Autant les députés que tous les employés dans les bureaux de comté ont été inondés d’appels. J’ai beaucoup de respect pour leur travail.
Éric Lefebvre, whip en chef du gouvernement de la Coalition avenir Québec
Mais Harold LeBel reste pour plusieurs « un modèle », souligne la libérale Paule Robitaille, qui remporte la deuxième position dans cette catégorie convoitée.
« C’est un gars qui travaille avec son cœur, c’est un gars d’équipe qui travaille pour son monde. C’est facile de travailler avec lui, même si on n’est pas du même parti. C’est une inspiration pour moi », ajoute-t-elle.
Les grands honneurs à un duo péquiste
Après avoir compilé le vote des députés qui ont participé au palmarès des parlementaires, les grands honneurs dans la catégorie de parlementaires de l’année reviennent cette année à deux députés péquistes : Véronique Hivon et Pascal Bérubé. Ce dernier remporte aussi la première position dans la catégorie du meilleur orateur.
Le jugement le plus important, ça va toujours être celui de mes concitoyens. Mais de recevoir un tel honneur de la part de mes pairs, c’est touchant et étonnant compte tenu du poids de notre caucus. Je suis dans une position critique du gouvernement et malgré ça, les caquistes ont du respect pour mon action politique. Je vais le prendre.
Pascal Bérubé
En gagnant ce titre, M. Bérubé coiffe de peu le premier ministre François Legault. Les deux hommes se connaissent bien, très bien même, et ce n’est pas un secret qu’ils se respectent malgré le fait qu’ils ne soient plus du même parti.
« Il y a de drôles de clins d’œil de l’histoire. En octobre dernier, ça faisait 20 ans que François Legault m’avait donné ma première chance en politique comme membre du personnel politique à son cabinet, au ministère de l’Éducation. J’ai évidemment beaucoup de respect et d’affection pour lui, mais les citoyens du Québec sont aussi témoins que ça ne m’empêche pas d’être rigoureux et de poser les questions qui s’imposent. Il n’y a pas de complaisance dans mon action politique », affirme Pascal Bérubé.
Sa collègue Véronique Hivon attire aussi les éloges, tous partis confondus. « Je vote tout le temps pour elle. C’est une parlementaire avec qui j’ai beaucoup appris en la côtoyant », affirme la députée libérale Marwah Rizqy, qui a terminé au deuxième rang (de peu) dans cette catégorie.
« Véronique, c’est une parlementaire qui cherche le consensus. Elle mène ses dossiers à travers des débats transpartisans. Ça permet aux collègues de l’ensemble des partis de collaborer », affirme la whip en chef de l’opposition officielle, Filomena Rotiroti.
« Je suis très heureuse de ce cadeau de fin d’année des collègues, mais surprise aussi, car il y a tellement de députés talentueux, travaillants et méritants, parfois moins sous les projecteurs, mais qui sont totalement investis. Donc, je le reçois avec quand même beaucoup d’humilité », affirme Véronique Hivon.
La ministre chouchou
En remportant le titre de ministre la plus appréciée du gouvernement, Sonia LeBel s’attire les compliments de ses collègues et de ses adversaires. Son secret ? « Comme ministre, j’essaie de travailler en collaboration. De trouver une voie de passage, en gardant toujours l’objectif. Je constate que cette façon de faire porte ses fruits », dit la députée de Champlain, qui préside le Conseil du trésor.
Pour moi, être ministre, ce n’est pas être ministre d’un parti politique. Il faut penser à tout le Québec. […] Ça va paraître ‘’cheesy’’, mais j’ai du plaisir à travailler avec tous les députés. Il y a une différence entre la période de questions et les commissions parlementaires.
Sonia LeBel
Dans la catégorie de critique de l’opposition la plus tenace, la gagnante, Marwah Rizqy, qui remporte aussi les honneurs dans la catégorie de députée la plus originale, est aussi remarquée par ceux qu’elle critique.
« De ce que je connais de Marwah Rizqy, c’est quelqu’un qui travaille ses dossiers en profondeur. Elle met beaucoup de temps et d’analyse. [Comme Sonia LeBel], ce sont deux femmes qui travaillent leurs dossiers en profondeur », estime le whip en chef du gouvernement, Éric Lefebvre.
« Si j’exclus les gens de mon parti, c’est la parlementaire que ma conjointe et moi avons remarquée depuis le début. C’est sa préférée. Elle l’aime beaucoup, les deux viennent d’Hochelaga-Maisonneuve. Ce sont des batailleuses. Moi, j’aime dire que je n’ai peur de rien. Personne ne me fait peur en politique, je peux affronter n’importe qui, dans n’importe quelles conditions. Marwah, c’est ça aussi », affirme le parlementaire de l’année, Pascal Bérubé.
Deux étoiles montantes
La complicité entre le nouveau ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, et la députée péquiste Méganne Perry Mélançon est palpable. Les deux ont travaillé étroitement sur la commission transpartisane sur l’exploitation sexuelle des mineurs. Ils partagent cette année avec ravissement le titre d’étoiles montantes de l’Assemblée nationale.
« Ian, c’est vraiment quelqu’un avec qui c’est facile et plaisant de travailler. C’est ce que je retiens de son passage à la commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs. Il met beaucoup son cœur dans ce qu’il fait, un peu comme Harold. C’est le même genre de travailleur », affirme Mme Perry Mélançon.
« J’ai voté pour elle. Pour moi, ça a été une trouvaille. En commission, quand on arrivait dans de petites embûches, qu’on n’arrivait pas à avancer, elle et Alexandre Leduc, mon autre révélation cette année, s’élevaient au-dessus de la partisanerie », poursuit M. Lafrenière.
Le travail transpartisan est un phénomène apprécié des Québécois, et les députés le sentent. La whip de Québec solidaire, Ruba Ghazal, salue cette tendance, tout en rappelant l’importance des bonnes joutes oratoires entre adversaires.
« On le voit dans la population, dès qu’il y a une action transpartisane, les gens aiment ça. Ils veulent nous voir travailler ensemble. De le constater, ça nous incite à le faire davantage. Maintenant, c’est clair que nous portons tous, d’un parti à l’autre, des visions différentes du monde. C’est ça, la démocratie. La transpartisanerie, c’est bon pour la démocratie, mais la partisanerie bien faite, de façon respectueuse, des débats sains, c’est aussi important », affirme-t-elle.