(Los Angeles) L’ex-producteur vedette d’Hollywood Harvey Weinstein a été condamné jeudi à 16 ans de prison à Los Angeles pour viol et agressions sexuelles en 2013 d’une actrice européenne.

Pour ces faits commis dans un hôtel de Beverly Hills, l’ancien « roi » du cinéma, 70 ans, producteur de grands succès primés comme Pulp Fiction, encourait jusqu’à 18 ans de prison.

Le tribunal a fait savoir qu’il devra purger cette peine à la suite de celle de 23 ans d’emprisonnement décidée après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires et dont il a fait appel. Il risque ainsi de finir ses jours derrière les barreaux.

Comparaissant en fauteuil roulant, Harvey Weinstein avait imploré la « clémence » du juge.

« S’il vous plaît, ne me condamnez pas à la prison à vie. Je ne le mérite pas. Il y a tellement de choses qui ne sont pas normales dans cette affaire », a-t-il dit.

« Actes égoïstes et dégoûtants »

L’actrice, dont l’identité n’a pas été révélée, avait demandé à la juge Lisa Lench « la plus haute peine possible » pour M. Weinstein, assurant que ses « actes égoïstes et dégoûtants » avaient eu « d’importantes conséquences » sur sa vie.

« Aucune peine de prison n’est assez longue pour réparer les dégâts. »

Les avocats de M. Weinstein ont annoncé faire appel de cette nouvelle condamnation.

Ce deuxième procès pour l’ex-producteur, dont la chute en 2017 a libéré la parole de nombreuses femmes et engendré le mouvement #metoo, a vu quatre femmes témoigner de manière anonyme contre lui.

Pendant plusieurs semaines d’une audience âpre et éprouvante, parfois interrompue par les sanglots des plaignantes, celles-ci ont accusé l’ancien titan d’Hollywood de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013.  

L’accusation avait dépeint M. Weinstein comme un ogre tout-puissant, un « prédateur » dont la mainmise sur Hollywood – les films qu’il a produits ont reçu plus de 330 sélections aux Oscars et 81 statuettes – a longtemps empêché ses victimes de parler, par peur de répercussions sur leur carrière.

Ses avocats se sont eux employés à jeter le doute sur la parole des quatre plaignantes, en soulignant notamment l’absence d’éléments médico-légaux pour étayer leurs récits.

Dommages-intérêts

Le procès s’est soldé par un verdict partagé. Les jurés ont déclaré M. Weinstein coupable de toutes les accusations portées par l’actrice européenne, également mannequin.  

Ils l’ont en revanche déclaré non coupable concernant celles d’une deuxième femme, et n’ont pas formulé de verdict concernant les allégations portées par les deux autres.

Après la condamnation de l’ex-producteur au pénal, l’actrice, reconnue comme victime à l’issue du procès a déposé plainte début février devant un tribunal de Los Angeles, afin d’obtenir des dommages-intérêts au civil.

Consultée par l’AFP, cette plainte ne spécifie pas la somme réclamée. Elle insiste sur la « souffrance physique et mentale » provoquée par le viol et les agressions sexuelles subies.

En 2021, un accord au civil avait attribué 17 millions de dollars à plusieurs dizaines de femmes accusant l’ancien producteur, mais cette femme n’en faisait pas partie.

Les rumeurs concernant le comportement de M. Weinstein circulaient depuis des années à Hollywood. Le scandale a finalement éclaté en 2017, grâce à des enquêtes de presse compilant de multiples accusations, qui ont entraîné le mouvement #metoo.

Depuis, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol.  

Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, qui remontent pour certaines jusqu’à 1977.

Outre ses déboires judiciaires aux États-Unis, l’ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.