(Québec) Le télétravail pourrait réduire à la baisse de 10 % l’achalandage dans le REM, le Réseau express métropolitain de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Le président de la Caisse de dépôt, Charles Émond, a évoqué ce scénario mardi, mais il a bon espoir que les futurs projets immobiliers voisins des gares vont compenser.

Sur plus de 11 milliards sur 20 ans à verser par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) _ donc Québec et les municipalités _ en redevances à la Caisse pour chaque passager/kilomètre, cela pourrait donc équivaloir à 1 milliard.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Émond

M. Émond a par ailleurs appelé à la prudence sur la faisabilité de toutes les autres phases du REM proposées par le gouvernement caquiste.

Rappelons que la première phase de ce vaste chantier de train léger est en voie de réalisation et qu’elle couvrira tout l’ouest de l’île de Montréal, jusqu’à la Montérégie avec un autre prolongement sur la couronne nord, vers Deux-Montagnes.

En commission parlementaire mardi matin, le député libéral Carlos Leitão a demandé à M. Émond si le REM était « toujours aussi pertinent ».

« Oui tout à fait », a répondu M. Émond.

Il a fait valoir que seulement 40 à 50 % des déplacements prévus pour le futur REM seraient attribuables au travail. À partir d’études, il évalue que 20 % des travailleurs vont opter pour le télétravail, donc l’effet à la baisse sur le total de l’achalandage devrait se situer autour de 10 %.

Mais en contrepartie, le grand patron de la Caisse estime que les grands projets de développement immobilier autour des stations devraient faire augmenter l’achalandage de 10 %.

À quel coût ?

En après-midi, Québec solidaire a tenté de savoir quel était maintenant le coût total de la première phase du REM.

Estimée à l’origine autour de 6 milliards, on l’évaluait à pas moins de 7,5 milliards en 2018, et de surcroît, Québec, Ottawa et la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) ont récemment accepté de rallonger 600 millions pour la station de l’aéroport de Montréal.

« Je ne sais pas combien les Québécois vont payer pour la phase 1 du REM, a affirmé la députée Ruba Ghazal de QS, en s’adressant au ministre des Transports, François Bonnardel. Répondez aux Québécois. »

M. Bonnardel a indiqué que le coût de la phase 1 du REM était encore évalué autour de 6 milliards.

Une douche froide

M. Émond a lancé une douche froide quant à la réalisation de tous les projets de REM que le gouvernement Legault voudrait lui confier. Québec demande en effet à la Caisse d’évaluer un prolongement vers Laval et un autre vers la Rive-Sud.

« Le gouvernement nous mandate, c’est lui qui détermine les besoins, on regarde les critères et on leur revient avec une recommandation d’usage », a-t-il expliqué.

« Mais il est fort possible que d’autres projets ne puissent pas se faire, parce que pour nous il doit être viable économiquement, faisable techniquement, rentable financièrement. […] Ce n’est pas parce qu’on regarde un projet qu’on est nécessairement intéressé. »

Tronçon Lachine

L’opposition libérale a demandé à obtenir les études concernant le tronçon vers Lachine, demandé par le gouvernement caquiste, mais qui a été refusé par la Caisse.

Or le gouvernement persiste et a alors plutôt demandé à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) de se pencher sur la faisabilité du projet.

Le député libéral André Fortin a demandé à connaître les motifs du refus de la Caisse, mais le ministre des Finances, Eric Girard, l’a invité à s’adresser plutôt au ministre des Transports, François Bonnardel.

Le chantier actuel du REM est un réseau de 67 km avec 26 stations. Il comporte une ligne principale, de Deux-Montagnes à Brossard, et deux antennes qui vont vers l’ouest de l’île de Montréal à partir de Saint-Laurent.

Québec et la BIC sont des investisseurs dans le projet du REM, mais c’est la Caisse qui est propriétaire du réseau avec sa mise de fonds de 3 milliards.