Marika Jean est déçue. Elle devait procéder au lancement de son premier livre le 5 avril dernier à la bibliothèque municipale de Forestville, mais la pandémie en a décidé autrement.

Marika Jean devra attendre. Ce n’est pas facile, patienter, surtout quand on a 11 ans. Mais la jeune fille demeure philosophe.

« C’est mieux d’avoir un lancement plus tard et d’avoir du monde que de faire ça maintenant, de rester à deux mètres et de ne pas avoir de plaisir. »

PHOTO FOURNIE PAR LES ÉDITIONS CARAMELLO

Marika Jean et son œuvre, Les melons d’eau de Glouton, dans la collection Manège. Il est possible de se procurer une peluche représentant le personnage principal de l’histoire.

Marika Jean a coécrit Les melons d’eau de Glouton avec l’auteure Ginette Lareault pour la collection Manège des Éditions Caramello. Il s’agit d’une collection très spéciale, réservée aux enfants de 7 à 11 ans qui ont une histoire à raconter et qui font équipe avec Mme Lareault pour en faire un livre destiné aux tout-petits de 3 à 6 ans.

Aux yeux de Mme Lareault, c’est une aventure fascinante.

« Je trouve ça tellement beau de voir leurs idées. Mais c’est sûr que je me garde le plaisir de continuer à écrire mes propres livres. »

D’une certaine façon, Ginette Lareault a toujours travaillé dans le domaine de l’écriture.

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Ginette Lareault et Arnaud Cyr, l’un de ses jeunes coauteurs

« J’étais professeure de français au secondaire. J’enseignais entre autres la technique du conte. Il m’est venu à l’idée d’écrire des contes moi-même. »

Elle a notamment écrit une série sur une famille bien spéciale, les Larcyberda, pour les enfants de 3 à 9 ans. « Je trouve ça très joyeux, très amusant d’écrire pour les jeunes enfants. »

Elle a écrit d’autres livres pour enfants, et même un recueil de nouvelles destiné aux ados rédigé en collaboration avec Anne-Marie Quesnel.

La collection Manège est arrivée un peu par hasard. 

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Héloïse-Thanh Cyr et Frédéric Boulianne, deux jeunes auteurs de la collection Manège, participent à un salon du livre.

Je gardais mon petit-fils et il ne savait pas trop quoi faire. Je lui ai demandé si ça lui tentait d’écrire un livre avec moi. Je lui ai demandé de choisir un animal, il a pris la vache. J’ai été un peu étonnée, mais j’ai dit : O.K.

Ginette Lareault, auteure

Elle lui demande alors ce qui se passe avec sa vache. Le petit répond qu’elle a de gros yeux, mais qu’elle perd ses gros yeux. Tout un problème !

« Je l’ai accompagné pour structurer son histoire, je l’ai invité à utiliser un bon vocabulaire, à chercher des synonymes. »

Au fil de l’histoire, elle se rend compte que la vache fait preuve de beaucoup de persévérance. Elle propose alors à son jeune coauteur de prendre pour thème cette qualité.

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Frédéric Boulianne, l’un des jeunes auteurs de la collection Manège

« Quand l’histoire a été finie, je l’ai trouvée tellement belle que je l’ai proposée à l’éditeur. Il a dit que c’était possible, mais qu’il fallait faire suivre à l’enfant tout le processus d’écriture, de réécriture, de révision, etc. »

L’éditeur, c’est son conjoint, Jacques Cyr, avocat de profession responsable des Éditions Caramello depuis 2013.

« Je faisais du droit général : commercial, corporatif, matrimonial, litiges, vices cachés, raconte-t-il. Je touchais un peu à tout. J’en ai fait pendant 42 ans. Quand j’ai pris ma retraite, il était temps ! »

Pour jeunes aspirants auteurs

C’est ainsi que la collection Manège s’est mise en place, avec des règles très précises. Moyennant des frais de quelques centaines de dollars, des parents ou même une école peuvent suggérer un jeune aspirant auteur, mais il faut que le désir d’écrire émane véritablement de ce dernier.

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Laurianne Malenfant et Ginette Lareault, coauteures du livre Les petites ailes de Piou

Mme Lareault insiste également pour que la première rencontre se déroule en personne et que le jeune n’arrive pas avec une histoire toute prête. « Je veux m’assurer que ce n’est pas une histoire créée avec les parents ou avec les amis. Je veux assister à la création de l’histoire. »

Après la rencontre initiale de trois ou quatre heures, qui permet d’écrire le premier jet, il est possible de continuer à travailler par l’internet ou par téléphone pour peaufiner le texte. Il faut également tenir compte des suggestions d’un réviseur professionnel et travailler avec l’illustratrice, Laurence Dechassey. Et ce n’est pas fini. « On apprend à faire la dédicace, la biographie, on suit l’envoi à l’impression, le catalogage. »

Et finalement, c’est le lancement, la participation à des salons du livre. « Quand les jeunes auteurs sont au salon, c’est incroyable de voir comme il y a de l’affluence, affirme Mme Lareault. J’ai de bons petits auteurs, ils s’expriment bien. Pour eux, c’est une grande fierté, ils réalisent leur rêve. »

C’est la mère de Marika, qui est enseignante, qui a eu vent de la collection Manège. « À la maison, ma mère m’en a parlé, et j’ai tout de suite voulu, raconte Marika. Ça faisait longtemps que j’aimais lire et que je voulais écrire un livre. »

Le premier contact avec Ginette Lareault a été positif. « Je suis très sélective, précise Mme Lareault. Il faut qu’il y ait une connexion qui se fasse entre l’enfant et moi. »

Le père de Marika a conduit l’aspirante auteure à Repentigny pour la première séance de travail, un long trajet puisque la petite famille habite à Portneuf-sur-Mer, sur la Côte-Nord.

« Ç’a été un peu difficile au départ parce que je m’étais déjà fait une idée de l’histoire, raconte Marika. Mais ça ressemblait trop à un autre des livres de la collection. Il a fallu trouver un autre animal et un autre thème. »

Après, tout a bien été. Marika avait tellement d’idées qu’aux dires de Ginette Lareault, « on aurait pu écrire un roman ». Mais il fallait se limiter pour le public cible, les jeunes enfants.

Après plusieurs mois, Marika a enfin pu tenir son livre dans ses mains. Il ne reste plus qu’à attendre la fin du confinement pour enfin procéder à un lancement en bonne et due forme.

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