N’en jetez plus, ma carte (de crédit) est pleine. J’ai officiellement atteint mon point de rupture par rapport aux multiples abonnements de plateformes numériques qui bouffent et détruisent nos budgets tel un cordyceps dans The Last of Us.

Tout ça en raison de CityTV+, la petite dernière à nous siphonner de l’argent lentement, mais mensuellement. City quoi, demandez-vous ? CityTV+, une extension à 4,99 $ par mois qui s’ajoute à la souscription de base de Prime Video d’Amazon, qui coûte 100 $ par année.

Comme le Jenga dans Big Brother Célébrités, ces services en ligne s’empilent les uns sur les autres et retirer un bloc provoque l’effondrement.

Je ne connaissais pas du tout l’existence de CityTV+ avant de lire des critiques hyper élogieuses à propos de la nouvelle série Poker Face du réalisateur Rian Johnson (Knives Out), qui met en vedette Natasha Lyonne, si formidable dans Russian Doll de Netflix.

Aux États-Unis, Poker Face loge sur le service Peacock et au Canada, ce Columbo nouveau genre se cache sur CityTV+, à 4,99 $ par mois, ne le perdons pas de vue.

Ça a l’air excellent, Poker Face, super top qualité, mais, non merci. Je débarque ici.

J’ai déjà Netflix, Crave, Club illico, Disney+, Extra de Tou.tv, Apple TV+ et Prime Video, en plus du câble ordinaire, c’est assez. À un moment donné, il y a des limites à prendre le public pour des banques à piton.

Outre Poker Face, CityTV+ n’offre rien de bien titillant, que des émissions classiques et déjà vues, comme Law & Order, Chicago Fire et The Bachelor. Qui s’abonnera à CityTV+ uniquement pour visionner Poker Face et se désabonner après l’essai gratuit ? Plus moi. J’ai trop souvent joué dans ce film répétitif.

Systématiquement, on se dit, bah, un autre truc de télé de plus, pourquoi pas, c’est moins de 10 dollars, je vais payer un mois et résilier par la suite. Le problème ? On oublie toujours de tirer la plogue. Tou-jours. Mais les factures, elles, ne nous oublient pas et s’accumulent, dépassant souvent les trois chiffres.

Ça m’est arrivé, encore récemment, avec AMC+. Je l’avais ajouté à mon portefeuille (8,99 $ par mois) pour mordre dans la très bonne série Interview with the Vampire. J’ai englouti les épisodes et, sans surprise, j’ai oublié d’annuler mon contrat. Et j’ai payé dans le vide. Encore une fois. On ne se dompte pas, faut croire.

En décuplant les ajouts coûteux à son service de base, Prime Video joue à un jeu dangereux. Les fans de Yellowstone – et vous êtes très nombreux – n’ont toujours pas digéré que le géant américain ait placé la cinquième saison de ce populaire western derrière le mur payant de Paramount+, qui entraîne une dépense supplémentaire de 9,99 $ par mois.

Et comme CityTV+, Paramount+ ne propose rien d’aussi alléchant que le catalogue bien garni de Netflix, par exemple. Ça ne vaut pas la peine de débourser 10 $ pour aussi peu de contenu.

Parenthèse à propos de Yellowstone : la version française de la cinquième saison a été achetée par la chaîne québécoise Séries Plus, qui la relaiera à partir du mercredi 5 avril, à 21 h. Voilà pourquoi elle ne se retrouve pas sur Paramount+. Un autre facteur fâchant.

On peut facilement vider ses REER en cochant toutes les options onéreuses de Prime Video. Pour la téléréalité (The Real Housewives, Below Deck), il y a Hayu (6,99 $ par mois). Pour les téléséries britanniques (Line of Duty, Doctor Who), il y a BritBox (9,99 $ par mois). Pour encore plus de films, il y a Starz (5,99 $ par mois).

Honnêtement, c’est trop et ça devient ultracompliqué de consommer notre bonne vieille télé. Qui a le temps et la patience de consigner la date du début et de la fin de chacun de ses abonnements ?

Déjà que c’est une plaie de renégocier ses contrats de cellulaire et d’internet tous les ans, s’il faut en plus se battre avec Amazon et Netflix, qui s’attaque maintenant au partage des comptes entre amis, ça va nous prendre plus que de la DSTROY pour passer au travers.

Malheureusement pour nos économies, la tendance à l’éparpillement des productions sur différentes plateformes ne ralentira pas. La fréquentation de ces services « premium » ne cesse d’augmenter. Au Québec, 71 % des adultes souscrivent à au moins une plateforme de visionnement en ligne, contre 66 % qui paient encore pour la télé dite câblée.

L’idéal, pour les consommateurs d’ici, serait de fusionner Club illico, Crave et l’Extra de Tou.tv pour fonder un vrai rival à Netflix ou Disney+. Une superplateforme à 30 $ ou 40 $ par mois qui regrouperait le meilleur du petit écran en un seul endroit. Une facture, toute la télé, j’ai déjà le slogan.

Mais ça n’arrivera jamais, pour un paquet de raisons de financement public, de partage des revenus et de concurrence. Les géants médiatiques du Québec, comme Bell et Québecor, se chicanent depuis des années devant les tribunaux pour des accès à des poteaux de téléphone ou des préférences de chaînes sportives. Pensez-vous qu’ils voudront sérieusement collaborer et s’échanger des secrets d’entreprise en buvant un kombucha ?

Si ce miracle se produit, sortez les seringues préremplies d’épinéphrine et réanimez-moi STAT, merci.