Non, le transport collectif de la métropole québécoise n’est pas plus coûteux qu’à Toronto ou à Vancouver, réplique la Société de transport de Montréal (STM) à des chercheurs s’inquiétant des coûts élevés des réseaux de transport québécois par rapport à ceux du reste du Canada.

« Si l’on exclut les coûts liés au service de la dette, les dépenses d’exploitation de la STM sont en fait de 6,87 $ par kilomètre parcouru, soit le coût le plus faible des trois grands réseaux et un coût qui est en phase avec la moyenne canadienne de 6,65 $ par kilomètre », martèle la porte-parole de la société, Amélie Régis, par courriel.

Elle réagissait ainsi à une étude des chercheurs de HEC Montréal Jonathan Deslauriers, Robert Gagné, Anne-Gabrielle Gendron et Jonathan Paré, qui ont comparé les coûts de 23 sociétés de transport collectif au Canada, dont 5 au Québec, soit Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Gatineau.

Selon les chercheurs, Montréal a le réseau le plus coûteux en matière de dépenses d’exploitation par kilomètre parcouru, à 9,63 $ par kilomètre, contre 9,56 $ à Vancouver et 7,54 $ à Toronto. L’écart entre Montréal et Toronto est de 28 %, selon les calculs que font les chercheurs.

Or, pour comparer les dépenses d’exploitation par kilomètre, les chercheurs « ont utilisé un indicateur qui inclut les dépenses liées au service de la dette », un élément qui « n’est pas lié à la productivité et vient biaiser la comparaison puisque tous les réseaux ne rapportent pas ces coûts de la même manière », déplore la STM dans sa réplique.

« À Toronto, le service de la dette est assumé directement par la Ville et non par la Toronto Transit Commission (TTC) », poursuit Mme Régis, qui déplore que « le même problème méthodologique se pose d’ailleurs pour l’ensemble des réseaux québécois ». « Nous allons contacter les auteurs de l’étude pour faire le point et demander une correction », dit-elle.

Des réalités différentes

Dans l’étude des professeurs de HEC Montréal, les quatre sociétés du Québec comparées qui n’ont pas de réseau de métro sont bien au-dessus de la moyenne canadienne (de 6,65 $ par kilomètre). Ultimement, les chercheurs estiment que Québec dépense 8,09 $ pour chaque kilomètre parcouru par ses autobus, soit 22 % de plus que la moyenne, contre 7,85 $ pour Gatineau, 7,47 $ pour Laval et 7,22 $ pour Longueuil.

Cela dit, « on ne peut comparer des réseaux dont les tailles et les réalités sont si différentes », déplore encore la STM à ce sujet. « Les seuls comparables qui sont pertinents pour le réseau de la STM sont Vancouver et Toronto, notamment en raison de la présence de modes lourds ainsi que de la taille et la densité de l’agglomération desservie », soutient Amélie Régis.

Celle-ci affirme que la société de transport montréalaise se compare seulement avec des études « où on y analyse des systèmes de métro et de bus de taille similaire de villes différentes à travers le monde ».

À l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), on remet aussi en doute l’étude. « L’exploitation des services s’effectue sur un terrain qui comporte ses propres particularités, un tissu urbain plus ou moins dense, différents modes, etc. et il est parfois tentant de comparer des données sans égard aux conditions d’opération et aux structures de financement fort différentes », note le porte-parole, Simon Charbonneau.

Il affirme que son groupe s’est clairement positionné « sur la nécessité d’accroître la performance du transport collectif ». Des chantiers d’optimisation « visant à faire mieux, à faire plus, au meilleur coût » ont d’ailleurs été lancés ce printemps, note M. Charboneau, qui précise que « cet exercice se poursuivra afin d’approfondir des pistes d’optimisation récurrentes ».

Quant au cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, il salue le message que lance l’étude, sur le fond. « Il est nécessaire qu’on améliore l’efficacité de nos sociétés de transport. L’efficience opérationnelle, comme indiqué dans l’étude, est une des principales pistes de solution en vue d’améliorer les services et les finances des organismes de transport. Nos actions abondent en ce sens », a indiqué mercredi le directeur des communications de la ministre, Maxime Roy.

Tout cela survient alors que Mme Guilbault doit procéder prochainement à des audits de performance dans les dix sociétés de transport. Les finances de l’ARTM seront aussi passées au peigne fin par Québec. L’objectif : « s’assurer d’optimiser chaque dollar investi dans le transport collectif », soutient M. Roy.