Cinq maires de municipalités du nord-est de Montréal s’unissent pour réclamer la garantie d’un prolongement du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est à l’extérieur de l’île de Montréal, afin de se rendre jusqu’à Mascouche et Repentigny.

« C’est le projet le plus porteur pour nos villes. Ça connecterait les trois plus grandes villes de Lanaudière avec l’est de Montréal, la ligne verte et Laval », a martelé lundi le maire de Laval, Stéphane Boyer, en conférence de presse, aux côtés de maires de Terrebonne, Repentigny, Mascouche et Montréal-Est.

Les maires réclament plus précisément un prolongement de l’antenne Marie-Victorin jusqu’à Mascouche, en passant par Laval et Terrebonne via le corridor de l’autoroute 25. Ils demandent également que l’antenne Pointe-aux-Trembles soit prolongée jusqu’à Repentigny, via le corridor du Canadien National (CN). Une station à Montréal-Est est également réclamée.

Dans son rapport intérimaire, paru en janvier, le comité piloté par Québec et Montréal avait rendu publics plusieurs scénarios d’extensions potentielles du REM de l’Est. Parmi eux : un prolongement à Rivière-des-Prairies et jusqu’à Mascouche, un autre entre Laval et Mascouche par l’A25 et un dernier à Laval en passant par Rivière-des-Prairies, pour ensuite aller jusqu’à Mascouche. L’option proposée par les cinq élus revient donc essentiellement à « unifier » tous ces prolongements.

M. Boyer dit avoir été informé lors d’une récente rencontre qu’un tel tracé est examiné par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) « depuis peu ». Par courriel, l’ARTM confirme que ce tracé est bien « à l’étude », même s’il ne figurait pas dans son plus récent rapport intérimaire en janvier. L’organisme affirme « poursuivre le travail afin de livrer » son rapport final, prévu en juin.

Ce tracé permettrait une « meilleure connexion » avec Terrebonne et Mascouche, mais aussi avec le boulevard Saint-Martin à Laval, où un projet de « mode structurant » est déjà à l’étude, affirme M. Boyer. Dans l’est de Laval, « il y a aussi un grand territoire qui n’est pas encore développé, l’un des derniers », dit-il. « C’est une opportunité en or d’y faire un quartier axé vers la mobilité durable. »

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE LAVAL

Le tracé proposé par les cinq maires

Ainsi, les deux antennes prolongées formeraient « un réseau unifié se rabattant sur la ligne verte du métro [...] et sur la future ligne bleue du métro », indiquent les élus dans un communiqué conjoint. « Ce tracé offre aussi la possibilité, pour l’antenne Pointe-aux-Trembles, d’une nouvelle station dans le territoire de Montréal-Est, dont une grande partie présente un immense potentiel de redéveloppement », notent-ils également.

De « véritables alternatives »

Le maire de Terrebonne, Mathieu Traversy, estime que ce tracé permettrait des « aller-retour plus fréquents que le train de l’Est », qui est déjà dans un état « moribond ». Avec la fermeture du tunnel du mont Royal, puis la pandémie, la fréquentation du train de Mascouche a chuté à moins de 400 000 déplacements en 2020. Et en 2021, la ligne a transporté environ 110 000 passagers. « On a une population qui désespère d’avoir un réseau structurant », juge M. Traversy.

« On veut de véritables alternatives à l’auto-solo », tonne de son côté le maire de Repentigny, Nicolas Dufour. « Dans notre MRC, c’est seulement 6 % de la population qui prend le transport collectif. Et ce n’est pas leur faute ! C’est par manque de moyens optimaux », glisse le maire, en demandant un « échéancier précis » aux autorités provinciales. « Il est temps que le gouvernement s’affiche. On ne peut plus se permettre d’attendre », tranche-t-il.

La mairesse de Montréal-Est Anne St-Laurent, elle, demande la construction d’une station sur son territoire. « Ça ne peut pas que traverser notre ville comme c’est prévu dans le tracé actuel. Il doit absolument s’y arrêter. C’est une condition essentielle au redéveloppement et à la revitalisation de nos terrains industriels. Le potentiel est unique au Québec, même au Canada », plaide-t-elle.

Le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay, avance quant à lui que l’offre pour sa population « ne fonctionne tout simplement pas ». « Les dernières études qu’on a démontrent qu’environ huit véhicules sur dix travaillent soit à Laval, ou à Montréal. Un tracé qui passe par Laval, ce serait une opportunité grandiose de permettre aux gens qui y travaillent de s’arrêter avec le REM », estime-t-il.

À la fin du mois d’avril, la ministre des Transports Geneviève Guilbault avait affirmé qu’elle souhaite avoir un « projet final » pour le REM de l’Est d’ici 2026. Son cabinet a rappelé lundi que Québec s’est déjà « engagé à étudier des prolongements du projet structurant de l’est vers Laval et vers la couronne nord, et c’est ce que nous faisons ». Pour le reste, dit l’attaché de presse Maxime Roy, « il y a différents scénarios et des analyses ont lieu pour les comparer ». « On attend les résultats finaux en juin », conclut-il.

En savoir plus
  • Cap 2026
    L’essentiel, disent les cinq élus, est d’aller le plus vite possible. « Nos populations ne peuvent pas attendre jusqu’à 2026. Il va y avoir une élection en 2026. Qui sait ce qui arriver si on doit refaire encore des scénarios ? On en aurait pour 10-12 ans », s’inquiète notamment Nicolas Dufour.