En réponse au texte de François Cardinal sur l’impartialité journalistique à la CBC, « Attention, pente glissante ! », publié le 25 septembre.

Lisez « Attention, pente glissante ! »

François Cardinal affirme, dans son Calepin de l’éditeur adjoint du 25 septembre, que « CBC songe à lever l’obligation d’impartialité, mais pour certains journalistes seulement : ceux qui sont issus d’une minorité ».

C’est absolument faux.

L’impartialité est un des principes au cœur de nos Normes et pratiques journalistiques⁠1 (NPJ). Cela n’a pas changé.

Soyons clair, les NPJ sont les mêmes à CBC/Radio-Canada, que l’on travaille aux Services anglais ou français. Elles s’appliquent à tous nos journalistes, sans égard à leur race, leur origine ou leur identité.

C’est le fondement même de notre travail et nos directeurs généraux de l’information y accordent tous deux la même importance.

Il faut savoir qu’il est impossible pour CBC ou Radio-Canada de modifier unilatéralement les NPJ, alors qu’un processus de révision formel et conjoint est prévu tous les cinq ans. Tout changement doit nécessairement être approuvé par le conseil d’administration de CBC/Radio-Canada.

Dans le Plan sur l’équité, la diversité et l’inclusion⁠2 que nous avons lancé récemment, nous exprimons clairement notre ambition de devenir une organisation plus inclusive.

Nous nous y sommes engagés, entre autres, à rendre nos salles de nouvelles plus inclusives et représentatives. Cela implique des discussions internes rigoureuses sur la façon dont nous interprétons nos principes journalistiques à travers le prisme de l’inclusion. Nous sommes fiers et reconnaissants envers les nombreux journalistes et employés de CBC et de Radio-Canada, y compris les employés noirs, autochtones et racisés, qui contribuent à faire évoluer notre organisation.

Quoi qu’il en soit, cela ne change en rien les valeurs et les principes sur lesquels s’appuient nos NPJ, à savoir l’exactitude, l’équité, l’équilibre, l’impartialité et l’intégrité.

Les affirmations de M. Cardinal ne reflètent tout simplement pas la réalité.

1. Consultez les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada/CBC 2. Consultez le Plan sur l’équité, la diversité et l’inclusion 2022-2025

Réponse de François Cardinal

À lire votre réplique, je devrais me réjouir que vous vous portiez à la défense de l’impartialité des journalistes, peu importe leur origine.

Mais au contraire : ce que vous confirmez, c’est que vous souhaitez « interpréter les principes journalistiques à travers le prisme de l’inclusion ». Autrement dit, vous souhaitez bel et bien accorder aux journalistes issus des minorités le droit d’émettre leur opinion.

À l’origine de cette histoire, il y a un guide qui est fondamental chez vous, les fameuses « Normes et pratiques journalistiques ».

Vous écrivez qu’il n’est pas question de les réécrire, ce que je sais et n’ai jamais écrit.

Mais je sais aussi que CBC travaille depuis deux ans à faire dire aux NPJ ce qu’il souhaite.

Vous le reconnaissez d’ailleurs dans votre réplique : il y a eu « des discussions internes rigoureuses » sur la façon d’interpréter les principes journalistiques afin qu’ils soient plus inclusifs.

Précisément ce que j’ai écrit dimanche. Et précisément ce qu’a écrit il y a deux ans Brodie Fenlon, rédacteur en chef de la CBC.

Dans la foulée de la mort de George Floyd, il affirmait sur son blogue que « nous avons entendu des plaintes selon lesquelles notre interprétation des Normes et pratiques journalistiques est si rigide qu’elle peut museler des voix ».

M. Fenlon se demandait alors si « notre insistance pour que les journalistes n’expriment pas d’opinions personnelles va à l’encontre de nos objectifs d’inclusion ? »

CBC a donc amorcé « un examen des NPJ à travers le prisme de l’inclusivité », ce qui a permis depuis de lever « les obstacles qui limitent notre journalisme en excluant des perspectives, des points de vue ou des expériences vécues », comme a dit le chef des relations publiques de CBC, Chuck Thompson, en juin dernier.

Bref, vous avez raison d’écrire que les règles sacrées du journalisme n’ont pas été revues. Ce qui a changé en revanche, comme je l’ai écrit dans mon texte, c’est l’interprétation que vous en faites.

François Cardinal, éditeur adjoint et vice-président Information, La Presse

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