(Washington) La Fed a promis de faire tout ce qu’elle pourrait pour sauver l’économie américaine, terrassée par la pandémie de COVID-19 qui a mis fin à plus d’une décennie de croissance, et s’attend à un plongeon historique dans les mois à venir.

L’économie américaine va « probablement chuter à un rythme sans précédent au deuxième trimestre », a prévenu mercredi le président de la Banque centrale américaine Jerome Powell.

Il s’est gardé de donner une prévision chiffrée, face aux incertitudes quant à l’ampleur et la durée du ralentissement, qui « dépendront en grande partie de la rapidité avec laquelle le virus sera maîtrisé », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

La pays affichait une solide croissance depuis la fin de la crise financière de 2009.

Le président Donald Trump s’était félicité des 2,3 % en 2019 et visait 3 % par an. La bonne santé de son économie était d’ailleurs un argument de taille dans sa course à la réélection à la Maison-Blanche.

Mais le PIB de la première économie du monde a chuté de 4,8 % au premier trimestre, victime des mesures de confinement mises en place pour enrayer la progression de la pandémie.

Restaurants, bars, boutiques, écoles, ont fermé progressivement. En cinq semaines, plus de 26 millions de personnes se sont inscrites au chômage, du jamais vu, « beaucoup plus rapidement pour les minorités » et les ménages aux bas revenus, a déploré Jerome Powell.

Et, alors que seule la fin du trimestre a été touchée par ces mesures, la chute du PIB sera bien plus spectaculaire au deuxième trimestre, qui marquera également l’entrée officielle des États-Unis en récession, selon une définition classique de ce recul de la richesse nationale.

Les projections des analystes laissent prévoir une baisse de l’ordre de 30 à 40 %.

Soutenir l’économie

Pour assurer une reprise « aussi robuste que possible » de l’économie, la Banque centrale américaine n’a pas lésiné depuis deux mois. Elle a dégainé tous ses outils classiques de temps de crise, et en a créé d’autres, afin de rassurer les marchés et de donner une bouffée d’air aux entreprises et aux ménages.

Et elle a promis mercredi de continuer à les utiliser « de manière agressive », estimant que l’économie « aura sans doute besoin de plus de soutien » que les mesures déjà prises, qui sont pourtant sans précédent.

Il faudra piocher largement dans l’argent public, selon Jerome Powell.

« C’est le moment d’utiliser la grande puissance budgétaire des États-Unis pour soutenir l’économie et essayer de traverser (cette crise) avec le moins de dommages possible sur les capacités de production à long terme de l’économie », a-t-il avancé.  

Fini l’orthodoxie budgétaire, la réflexion sur le déficit viendra après.

Le comité monétaire de la Fed a par ailleurs maintenu les taux directeurs dans une fourchette de 0 à 0,25 %, et les y laissera jusqu’à ce qu’il soit convaincu que l’économie « a survécu » à cette crise.

Rebond semé d’embûches

L’économie devrait se redresser timidement à partir de l’été. Mais la chute du deuxième trimestre sera telle qu’il est peu probable que la reprise au troisième trimestre soit suffisante pour revenir à des niveaux d’avant la crise.

La récession aux États-Unis pourrait être trois fois plus forte que pendant la crise financière, « et la plus forte contraction économique depuis la Seconde Guerre mondiale », selon les analystes d’Oxford Economics.

« L’arrêt soudain de l’activité du secteur privé sera partiellement compensé par des dépenses massives du secteur public […] et une relance sans précédent de la Fed », commentent-ils, mais « les pertes d’emplois seront traumatisantes et le rebond après le virus sera très progressif et semé d’embûches ».

Pour certains secteurs particulièrement affectés par la paralysie de l’économie, à l’instar du transport aérien, le retour au niveau de 2019 pourrait prendre plusieurs années.

Le Fonds monétaire international table ainsi sur une contraction du PIB américain de 5,9 % pour l’année 2020.

La mesure utilisée aux États-Unis pour estimer la croissance est l’évolution en rythme annuel, qui compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière à ce rythme. Elle diffère du glissement annuel, qui compare le PIB à celui du même trimestre de l’année précédente.