Accablé par un deuxième décès tragique en moins quatre mois, le Montréalais Joey Valcin demande à Ottawa de l’aider à ramener la dépouille de son père mort dans l’écrasement d’avion qui a coûté la vie à au moins six personnes en Haïti mercredi.

« Étant donné que mon père était un citoyen canadien et qu’il a longuement œuvré et aidé au sein de ce pays qui nous a chaleureusement accueillis au début des années 2000, je demande à ce que les autorités gouvernementales rapatrient le corps de mon père, car la situation en Haïti ne me permet pas de me rendre sur place pour lui rendre un dernier hommage », a déclaré le fils de Gamaniel Valcin en point de presse, jeudi, à Montréal.

PHOTO ODELYN JOSEPH, ASSOCIATED PRESS

L’avion s’est écrasé dans la commune de Carrefour, près de la capitale Port-au-Prince.

Le moment était doublement bouleversant pour la famille Valcin, qui s’était réunie dans le même auditorium de l’école secondaire Henri-Bourassa exactement une semaine auparavant, pour une cérémonie à la mémoire de Riley, le frère de Joey, mort tragiquement dans un accident de travail à la Grande Roue de Montréal, le 25 décembre dernier, à l’âge de 22 ans.

Joey Valcin a accompagné son père à l’aéroport Montréal-Trudeau mercredi matin. En fin de journée, sa mère lui a demandé de s’assurer que son mari n’était pas dans l’avion qui venait de s’écraser dans le sud du pays. En composant son numéro de cellulaire, Joey a eu la surprise de se faire répondre « sèchement » par un commissaire de police local, qui lui a annoncé ce nouveau coup du sort.

« Ensuite ont suivi des images atroces de la tragédie à n’en plus finir sur les réseaux sociaux », a poursuivi l’homme de 27 ans, visiblement sous le choc, en évoquant des vidéos où il a vu des gens dérober des pièces de l’avion écrasé.

Je trouve que sa dépouille n’était pas respectée, et c’est pour ça que j’aimerais très rapidement le ramener au Canada.

Joey Valcin

Joey Valcin a déjà pris contact avec le juge de paix haïtien chargé du dossier.

« Je sais que mon père, son corps, est en sûreté dans une morgue, et on attend le gouvernement canadien pour voir ce qu’ils vont faire. »

Gamaniel Valcin, qui retournait régulièrement dans son île natale, avait pris l’avion pour aller à Jacmel, car « en Haïti, il est beaucoup plus sécuritaire de voyager en avion d’une province à une autre que de prendre une camionnette, à cause de la présence des gangs qui menacent la vie des gens. Il y a beaucoup de kidnappings », a expliqué son fils.

« Selon les différentes rumeurs qui courent, l’avion était en très piteux état, et je ne pense pas qu’il aurait dû prendre son envol. »

Une vie « à aider les gens »

Arrivé au Canada en 2001, Gamaniel Valcin habitait à Longueuil. Il aurait eu 57 ans le 29 avril.

« Mon père était avant tout un homme du peuple, il consacrait sa vie à aider les gens », a résumé Joey en évoquant son soutien aux Haïtiens nouveaux immigrés à Montréal.

M. Valcin père, qui était pasteur, travaillait comme chauffeur de taxi, un emploi dont il utilisait les revenus pour soutenir des membres de la communauté à Montréal et en Haïti, a expliqué son fils.

Arrivés au Canada le 6 octobre 2004, Joey et son frère Riley ont tous deux fréquenté l’école secondaire Henri-Bourassa, dans Montréal-Nord.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Joey Valcin a échangé quelques mots, jeudi, avec Christine Black, mairesse de l’arrondissement de Montréal-Nord, où la famille Valcin a habité depuis son arrivée d’Haïti, en 2004.

La mairesse de l’arrondissement de Montréal-Nord, Christine Black, ainsi que la responsable du bureau de Paule Robitaille, députée de la circonscription de Bourassa-Sauvé, ont exprimé leur soutien à la famille lors de la conférence de presse.

Le bureau de la circonscription fédérale de Bourassa, représentée par Emmanuel Dubourg, a accompagné M. Valcin dans ses premières démarches administratives auprès d’Affaires mondiales Canada. La famille doit d’abord obtenir les documents requis des autorités haïtiennes pour que le Canada puisse rapatrier le corps, nous a-t-on expliqué.