(Ottawa) De nouveaux documents démontrent qu’un ministère fédéral a demandé à Facebook et à Twitter de supprimer les publications liées à un article de nouvelles qui selon lui, contenait des erreurs – une requête qui lui a été refusée.

La demande de suppression de publications sur les réseaux sociaux, liées à un article non précisé du Toronto Sun, a été formulée par un directeur des communications à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada le 27 septembre 2021.

Des documents indiquent que le personnel de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada croyait que l’article contenait « de graves erreurs de fait risquant de miner la confiance du public dans l’indépendance de la Commission ainsi que dans l’intégrité du système de détermination du statut de réfugié ». La Commission n’a pas répondu aux questions de La Presse Canadienne.

Les géants des médias sociaux ont déclaré qu’ils refusaient la demande parce que l’article n’était pas leur contenu original.

La Presse Canadienne a tenté sans succès de joindre le Toronto Sun.

Paul Knox, professeur émérite à l’école de journalisme de l’Université métropolitaine de Toronto, a déclaré que les gouvernements n’ont pas à dire à qui que ce soit ce qui peut être publié et où.

Le gouvernement était « totalement hors de son rôle dans cette affaire » et doit s’excuser, a-t-il soutenu.

« Vous ne pouvez pas seulement avoir la liberté de la presse pour les personnes que vous approuvez et les personnes que vous considérez comme ayant raison », a fait valoir M. Knox, qui siège également au Comité des questions canadiennes pour les journalistes canadiens pour la liberté d’expression, une organisation qui défend les droits de journalistes.

Selon lui, si les publications peuvent être tenues pour responsables de leurs erreurs, cela n’autorise pas les gens à exiger que quelque chose soit retiré d’une plateforme.

« Et les dernières personnes sur Terre qui seraient justifiées de le faire seraient des entités d’un gouvernement », a-t-il souligné.

Les conservateurs de l’opposition ont déclaré mardi que le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau « n’est pas digne de confiance » pour protéger le droit des Canadiens à la liberté d’expression.

« Aucun gouvernement ne devrait pouvoir exiger que l’information soit effacée de l’histoire simplement parce qu’il n’aime pas les faits, a déclaré la députée conservatrice Rachael Thomas dans un communiqué. Il est extrêmement préoccupant que le gouvernement Trudeau ait cherché à censurer la liberté de la presse par le biais de demandes secrètes adressées à de grandes entreprises technologiques. »

Les documents déposés au Parlement détaillent 214 exemples d’une demande par le gouvernement de suppression de contenu des médias sociaux entre janvier 2020 et février 2023. Les entreprises ont retiré des publications environ la moitié du temps pour des raisons telles que l’usurpation d’identité ou la violation du droit d’auteur.

Les documents du gouvernement sont venus en réponse à une question écrite du député conservateur Dean Allison.

Dans un autre cas, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a demandé que des messages privés soient supprimés de Facebook Messenger parce que des employés avaient partagé des informations sur les contribuables sur la plateforme.

L’agence a déclaré qu’un administrateur avait supprimé la conversation le 7 juin 2022, mais il n’était pas clair que Facebook avait effacé les messages de ses serveurs.

« L’ARC a discipliné les employés impliqués, jusqu’à et y compris la cessation d’emploi », indiquent les documents. Les contribuables concernés ont été informés et se sont vu offrir des services de protection du crédit. Les employés ont également été formés sur les accès non autorisés et les médias sociaux.

Dans un troisième cas, Meta, propriétaire de Facebook, a accédé à une demande du gouvernement de supprimer un compte qui se faisait passer pour l’ancienne commissaire de la GRC, Brenda Lucki, et qui envoyait de faux messages.

Facebook, Instagram, Twitter, TikTok et LinkedIn se sont tous conformés à diverses demandes liées à des violations au droit d’auteur et aux politiques de l’entreprise.

Cependant, les entreprises de médias sociaux ont souvent publié des messages que le gouvernement et ses ministères jugeaient offensants.

Google et Meta, qui possède Facebook et Instagram, publient des rapports publics sur la fréquence à laquelle les différents niveaux de gouvernement demandent des modifications pour supprimer des publications.

Les rapports de Google montrent que depuis 2011, il a reçu 1347 demandes d’entités gouvernementales canadiennes – qu’elles soient municipales, provinciales ou fédérales – pour supprimer des messages.

Les données les plus récentes montrent qu’entre janvier 2022 et juin 2022, Google, qui possède également YouTube, a supprimé 73 publications, principalement en raison de problèmes de diffamation, de confidentialité et de sécurité, de contenu pour adultes, d’intimidation et de harcèlement.

Meta a déclaré avoir restreint l’accès au contenu à la suite de 2859 demandes de tous les niveaux du gouvernement canadien entre janvier 2022 et juin 2022 pour diverses raisons.

Par exemple, l’entreprise a déclaré qu’elle avait restreint l’accès à deux messages qui répondaient à des rapports de Santé Canada sur la politique des consommateurs concernant des pratiques de santé dangereuses.

Meta finance un nombre limité de bourses qui soutiennent les journalistes émergents à La Presse Canadienne.