La lettre s’adresse au recteur et vice-chancelier de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont

Cher Monsieur le Recteur et Vice-chancelier, le 4 novembre dernier, vous avez rendu public le rapport du Comité sur la liberté académique présidé par l’honorable Michel Bastarache. Vous en avez appuyé les recommandations et souligné qu’il s’agissait d’un rapport de grande qualité qui témoigne de l’importance de la liberté de l’enseignement pour notre université.

Lors du dévoilement, sachant que tous les médias avaient les yeux tournés vers l’université, vous aviez une occasion en or de redorer notre image, ternie par les multiples controverses de la dernière année. Malheureusement, en insistant sur le fait que le rapport doit être soumis au Sénat pour discussion avant de le mettre en action, vous avez donné l’impression que votre entérinement était fragile. Il aurait été plus convaincant que vous annonciez immédiatement une ou deux actions concrètes en lien direct avec les recommandations du rapport, quitte à les faire approuver par le Sénat par la suite.

Mais plus important encore, nous pensons que vous avez manqué une belle occasion de poser les premiers jalons d’une réconciliation nécessaire au rétablissement d’un lien de confiance avec notre communauté professorale, un lien gravement ébranlé par les multiples controverses de la dernière année (voir les témoignages dans l’annexe B du rapport).

Ainsi, nous avons été déçus par votre refus d’admettre devant les médias que la suspension de la professeure Verushka Lieutenant-Duval, pour la mention d’un mot jugé offensant pendant un cours, était une erreur.

D’invoquer le grief syndical pour éviter la discussion a eu des allures de faux-fuyant. Pourtant, les auteurs du rapport indiquent clairement être « en désaccord avec l’exclusion de termes, d’ouvrages ou d’idées dans le contexte d’une présentation ou d’une discussion respectueuse de nature universitaire et dans un but pédagogique et de diffusion des savoirs ». Et il est bien établi que la professeure Lieutenant-Duval a prononcé le mot dans ce contexte. Ainsi, il est évident que si cette erreur n’est pas admise, les professeurs vont continuer à se censurer par peur d’être critiqués ou condamnés publiquement sans être défendus par l’institution.


PHOTO BONNIE FINDLEY, UNIVERSITÉ D'OTTAWA

Jacques Frémont, recteur de l'Université d'Ottawa

Donc, pour le bien-être de notre communauté et pour libérer Verushka Lieutenant-Duval de ce lourd carcan injuste, nous demandons à notre haute administration d’être conséquente avec les recommandations du rapport, de reconnaître les erreurs commises et d’accepter les responsabilités attenantes. Il s’agit ici d’un préalable essentiel au rétablissement du lien de confiance entre la haute administration et la communauté universitaire.

Monsieur le Recteur, le temps de la réconciliation est venu. Nous sommes des employés, des diplômés, des professeurs et des retraités qui ont à cœur notre université. Nous voulons en être fiers. Afin de remplir sa mission éducative, notre université doit retourner à sa mission première qui est d’offrir un environnement académique de grande qualité à sa communauté. Donc, nous avons hâte d’entendre vos excuses les plus sincères auprès de la professeure Lieutenant-Duval et de voir la mise en œuvre rapide des recommandations du rapport Bastarache.

*Liste des autres signataires de l’Université d’Ottawa : Luc Angers, professeur à temps partiel ; Denis Bachand, professeur émérite ; Devin Beauregard, professeur à temps partiel ; Marc-François Bernier, professeur titulaire ; Ariane Bessette, diplômée ; Monia Brahim, professeur à temps partiel ; Ginette Boivin, diplômée et employée retraitée ; Louise Bouchard, professeure titulaire ; Lise Breton Lépine, employée retraitée ; Marc Brousseau, professeur titulaire ; Thomas Burelli, professeur agrégé ; Lucia Cabeciera, employée retraitée ; Jeannette Cardinal, employée retraitée ; Joan Carey, employée retraitée ; Vincent Caron, professeur agrégé ; Stuart Chambers, professeur à temps partiel ; François Charbonneau, professeur agrégé ; Marie-Hélène Chomienne, professeure adjointe ; Anne-Lise Clément, diplômée ; Raúl E. Colón, professeur à temps partiel ; Sophie Cousineau, professeur à temps partiel ; Roselyn Delorme, diplômée ; Serge Denis, professeur émérite ; Jean-Jacques Desgranges, diplômé ; Jean Delisle, professeur émérite ; Julie Delorme, professeure à temps partiel ; Francine Ducourneau, employée retraitée ; Alexandre Dumas, professeur agrégé ; Nathalie Dumas, professeure à temps partiel ; Pierre Foucher, professeur retraité ; Jocelyne Gaumond, employée retraitée ; François-Pierre Gingras, professeur retraité ; Marie-Claude Girard, diplômée ; Carole Girouard, diplômée et employée retraitée ; Suzanne Gratton-Sarrazin, diplômée et employée retraitée ; Angela Haché, employée retraitée ; Arlette Henry, employée retraitée ; Dave Holmes, professeur titulaire ; Lucie Hotte, professeure titulaire ; Patrick Imbert, professeur éminent et émérite ; Gilles Labelle, professeur émérite ; Suzie Labelle, diplômée et employée retraitée ; Claudia Labrosse, diplômée ; Martin Lalumière, professeur titulaire ; Carole Landriault, diplômée ; Jules Larivière, bibliothécaire à la retraite ; Chantal Laroche, professeure titulaire ; Jorge Lazo-Cividanes, professeur à temps partiel ; Marjolaine Létourneau, employée retraitée ; Pierre Martel, professeur à temps partiel ; Denise Moreau, professeure agrégée ; Isaac Nahon-Serfanty, professeur agrégé ; Lilan Negura, professeur titulaire ; Michael O’Neill, professeur à temps partiel ; Nelson Arturo Ovalle Diaz, professeur à temps partiel ; Sylvie Paquerot, professeure agrégée ; Murielle Paradelle, professeure agrégée ; Amélie Perron, professeure titulaire ; Linda Pietrantonio, professeure agrégée ; Caroline Plante, diplômée ; Stephane Poitras, professeur titulaire ; Maxime Prévost, professeur titulaire ; Jacinthe Savard, professeure agrégée ; Michael Sawada, professeur titulaire ; Yasmina Sifrioui professeure à temps partiel ; Davide Spinello, professeur agrégé ; Anaïs Tatossian, professeure à temps partiel ; David Taylor, professeur titulaire ; Jimmy Thibeault, diplômé ; Jocelyne Tourigny, professeure émérite ; François Tremblay, professeur titulaire ; Marie Tremblay-Chénier, diplômée et employée retraitée

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