(Washington) La Russie recrute des mercenaires syriens ayant l’expérience de la guérilla urbaine pour combattre en Ukraine, a affirmé lundi le Pentagone, alors que l’ONU et la Chine, sans viser explicitement Moscou, se sont émues d’un ajout de combattants sur le sol ukrainien.

« Nous croyons que les informations selon lesquelles ils (les Russes) recrutent des combattants syriens pour étoffer leurs forces en Ukraine sont véridiques », a affirmé le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.

« Il est intéressant que M. Poutine se retrouve à avoir recours à des combattants étrangers », a-t-il poursuivi, sachant que selon le Pentagone la Russie a engagé en Ukraine pratiquement toutes les forces de combat massées ces derniers mois à la frontière russo-ukrainienne, estimées par Washington à plus de 150 000 soldats.

Interrogé sur les informations faisant état du recrutement de Syriens par la Russie, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué lors de son point-presse quotidien ne pas être en mesure de les confirmer. « Ce conflit n’a pas besoin que plus de gens viennent à l’extérieur… », a-t-il toutefois tenu à souligner.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur chinois, dont le pays appuie jusqu’à présent plutôt la Russie, a réclamé d’éviter « de mettre de l’huile sur le feu ». Après avoir évoqué les sanctions imposées à Moscou, Zhang Jun a ajouté : « envoyer des mercenaires ou des armes offensives en Ukraine pourrait faire empirer la situation ».

Des médias ont par ailleurs évoqué la présence en Ukraine de paramilitaires de la société russe Wagner. Des mercenaires de cette entreprise avaient aussi été déployés ces dernières années sur le théâtre libyen où des combattants syriens opposés en Syrie avaient aussi été envoyés pour soutenir les parties au conflit libyen.  

Le Wall Street Journal avait rapporté dimanche que Moscou, qui a lancé une invasion de l’Ukraine le 24 février et a rencontré une résistance inattendue, avait commencé ces derniers jours à recruter des combattants syriens pour les utiliser dans la prise de contrôle des zones urbaines.

Un responsable américain avait par ailleurs affirmé au quotidien économique que certains combattants syriens étaient déjà en Russie, se préparant à rejoindre les combats en Ukraine.

Le Pentagone n’a toutefois pas de « visibilité parfaite » sur les personnes recrutées pour rejoindre l’offensive russe ou leur nombre, a reconnu M. Kirby.

La Russie est impliquée depuis 2015 dans le conflit syrien au côté du régime du président Bachar al-Assad.

Des combattants étrangers sont par ailleurs déjà présents des deux côtés du front en Ukraine.

L’homme fort de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, un ancien rebelle devenu allié du Kremlin, a partagé des vidéos de combattants tchétchènes en Ukraine et a déclaré que certains avaient été tués dans les combats.

De l’autre côté du front, des dizaines de milliers de volontaires ont rallié l’Ukraine pour rejoindre ses forces, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

Kyiv et la deuxième plus grande ville d’Ukraine, Kharkiv, sont toujours tenues par le gouvernement ukrainien, tandis que la Russie s’est emparée de la ville portuaire de Kherson et a intensifié ses bombardements de centres urbains à travers le pays.

L’invasion russe, qui en est maintenant à son douzième jour, a vu plus de 1,5 million de personnes fuir le pays dans ce que l’ONU a qualifié de crise de réfugiés à la croissance la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.