(Montréal) Plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées à Rimouski, samedi matin, afin de dénoncer la diminution de la couverture médiatique régionale dans le Bas-Saint-Laurent.

Citoyens, élus et journalistes ont parlé du « désert médiatique » auquel pourrait être confrontée la région prochainement. La dernière coupe dans l’information est venue le 2 novembre dernier, alors que le Groupe TVA a mis à pied 80 % du personnel de la station de Rimouski.

Si le Syndicat des employé(e)s de TVA était à l’origine du rassemblement, le président provincial Carl Beaudoin affirme que le pouvoir est désormais entre les mains de la population.

C’est à la population de se lever debout pour faire valoir leurs droits, leurs pertes de couverture locale, la perte d’information régionale qui est un poumon de la démocratie.

Carl Beaudoin, président du SCFP 687

Il souligne que ce n’est pas seulement du côté de TVA, car il y a 19 médias qui ont disparu dans le Bas-Saint-Laurent dans les quinze dernières années.

M. Beaudouin trouve que la mobilisation citoyenne de samedi matin « fait chaud au cœur », car il y avait des gens de tous les milieux « sociaux, politiques », note-t-il.

« L’important c’est surtout de ne pas se faire oublier semaine après semaine, pour que le monde se rappelle que tôt ou tard l’information locale est en péril », dit-il.

Un coup dur

Du côté des élus locaux, en plus des pertes d’emploi, on s’inquiète pour l’avenir de l’information régionale.

« On est déjà éloigné géographiquement, si en plus on a moins de personnes qui parlent de nous, c’est une très mauvaise nouvelle. Pour la démocratie, ça prend des médias », a affirmé le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, lors du rassemblement.

Pour le maire de Rimouski, Guy Caron, l’annonce de TVA est un deuxième coup dur cette année après celle de Bell Média.

Dans les régions, on a vraiment besoin de l’information régionale pour avoir un miroir de la communauté. […] C’est un élément démocratique que nous perdons présentement, parce qu’on a besoin d’avoir ces médias pour nous aider à comme élu à avoir une imputabilité auprès de la population.

Guy Caron, maire de Rimouski

M. Caron, qui a été journaliste dans les radios et journaux locaux de Rimouski dans les années 1980, souligne que le paysage médiatique régional a totalement changé.

« On avait trois radios […] et deux télévisions qui faisaient de l’information, (jusqu’à) trois hebdos, un quotidien… Tout ça n’existe plus », déplore-t-il.

Il rappelle qu’en 1990, quand Radio-Canada a fermé la station régionale, des milliers de personnes s’étaient mobilisées dans le Colisée de Rimouski pour protester contre la fermeture de CJBRT. Il espère, et Carl Beaudoin aussi, voir le même élan citoyen cette fois-ci. « Ça a pris 20 ans avant qu’on puisse ravoir un bulletin de nouvelles (de Radio-Canada), mais on l’a eu », indique M. Caron.

L’élu affirme que les gouvernements provincial et fédéral doivent agir pour appuyer les médias et aussi les régions, qu’il estime négligées dans plusieurs domaines et à la merci des décisions de grandes entreprises privées.

Incertitude chez les employés

Il restera six employés à TVA Rimouski : quatre journalistes et deux caméramans, et ce, pour couvrir l’ensemble du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Ils étaient près d’une trentaine auparavant.

Un grand sentiment d’incertitude règne parmi les employés du Groupe TVA de Rimouski, a pu constater La Presse Canadienne auprès de certains d’entre eux. Ce sont 23 personnes qui perdront leur emploi. À l’échelle du Québec, 547 employés ont été mis à pied.

Si le Groupe TVA a indiqué dans un communiqué que les personnes touchées recevront un préavis de licenciement d’au moins 16 semaines, les employés ignorent pendant combien de temps et comment ils vont encore travailler, la date de fin d’emploi ne leur ayant pas encore été communiquée. La transition de la plupart des activités vers un « pôle de production » à Québec — comme le prévoit le groupe — étant encore une grande inconnue.

Un autre rassemblement se tiendra lundi en Mauricie. À Trois-Rivières, environ 70 % des effectifs seront coupés à la station de TVA, soit 25 postes.