Le gestionnaire d’actifs américain BlackRock, lui-même accusé par des ONG de ne pas en faire assez pour protéger le climat, a reproché mercredi à 244 entreprises dont il est actionnaire leurs progrès « insuffisants » en la matière.

En janvier dernier, BlackRock avait annoncé une série de mesures pour rendre ses investissements plus durables et responsables, dont l’idée de prendre en compte l’impact environnemental et social ainsi que la bonne gouvernance dans ses décisions d’investissement.

Il a désormais identifié 244 entreprises « dont les progrès sont insuffisants pour intégrer le risque climatique dans leurs modèles économiques ou les informations qu’elles publient » et indique avoir exercé son droit de vote pour manifester son désaccord lors des assemblées générales de 53 d’entre elles.

Le gestionnaire d’actifs dit ainsi avoir voté contre les directeurs et administrateurs, ou pour les propositions allant dans le sens du développement durable, lors des assemblées générales d’ExxonMobil, d’Air Liquide ou encore de TransAtlantic Petroleum. La menace pèse sur le reste des 244 sociétés, classées « sous surveillance ».

Les 53 entreprises concernées représentent, selon BlackRock, 904 milliards en capitalisation boursière et appartiennent à 70 % au secteur de l’énergie.

La société poursuit ses discussions avec les entreprises dont elle détient des actions sur les enjeux climatiques et met désormais l’accent sur « la gestion du capital humain, la diversité et l’inclusion », en lien avec la crise du coronavirus et les manifestations antiracistes aux États-Unis.

Des engagements seront discutés en 2020 avec 110 nouvelles entreprises, représentant 3649 milliards de dollars de capitalisation boursière et 1,7 milliard de tonnes de CO2 émises.

Le virage vert opéré en janvier est survenu quelques jours après de vives critiques de la part de plusieurs ONG environnementales, accusant BlackRock de se livrer à un double jeu sur les questions environnementales et le sommant de se désengager des entreprises spécialisées dans les énergies fossiles et de celles qui ne veulent pas changer leurs pratiques sur le climat.

La société, qui gérait des actifs de 8737 milliards au 31 mars dernier, s’était engagée à se retirer des entreprises tirant plus de 25 % de leurs revenus de la production de charbon thermique, mais n’avait rien annoncé de particulier concernant les entreprises d’hydrocarbures.