(Srinagar) Un nouvel affrontement entre militaires indiens et chinois a eu lieu, en fin de semaine dernière, sur la frontière himalayenne contestée entre l’Inde et la Chine, faisant des blessés des deux côtés, a annoncé lundi la partie indienne.

Les relations sont au plus bas entre ces puissances nucléaires asiatiques depuis des heurts qui ont fait 20 morts parmi les soldats indiens et au moins quatre dans les rangs chinois en juin 2020, également dans l’Himalaya.

Le dernier incident en date, qui s’est produit vendredi, a causé des « blessures mineures à quelques personnes » dans les deux camps, a déclaré une source proche de l’armée indienne.  

Selon une autre source, dans l’armée cette fois, au moins six soldats indiens ont été blessés.

La Chine n’a pour le moment fourni aucune information officielle à ce sujet.  

Les militaires chinois se sont approchés de la zone située à proximité de la « Ligne de contrôle effectif » — la frontière de facto — où il avait été convenu qu’aucune des deux parties ne patrouillerait, ont assuré ces sources.  

Les soldats indiens ont alors réagi « de manière ferme et résolue », a raconté la première source.  

Après l’escarmouche, les deux parties « se sont immédiatement retirées de la zone », a-t-elle ajouté.  

Un commandant indien a ensuite eu une réunion avec un homologue chinois pour « discuter du problème dans le cadre des mécanismes en vigueur afin de rétablir la paix et la tranquillité ».  

Manœuvres indo-américaines

L’incident est survenu dans le secteur de Tawang, dans l’État indien d’Arunachal Pradesh, dont la totalité est revendiquée par la Chine qui appelle cette région le Tibet du Sud.  

La première source a déclaré qu’il existait « des zones de perception différente, dans lesquelles les deux parties patrouillent jusqu’à leurs lignes de revendication. C’est la tendance depuis 2006 ».  

Les médias indiens ont cité des sources anonymes affirmant que cet affrontement a impliqué environ 300 membres de l’Armée populaire de libération chinoise et que le plus grand nombre des blessés se trouvait côté chinois.  

Depuis le corps-à-corps meurtrier de 2020, ces deux pays ont envoyé des milliers de soldats pour y renforcer leurs positions, tandis que de multiples séries de pourparlers ne sont pas parvenus à apaiser substantiellement les tensions.  

La source dans l’armée a déclaré qu’il y avait eu un précédent « face-à-face », la dernière semaine de novembre, dans la région située plus au nord de Demchok au Ladakh, entre les militaires indiens et chinois.  

Il s’agissait du premier incident du genre depuis septembre 2020, mais on ignore s’il y avait alors eu des blessés.

D’après cette source, une activité accrue de l’armée chinoise a été enregistrée au Ladakh.

Tout cela fait suite à des manœuvres militaires conjointes indo-américaines le mois dernier dans l’État septentrional d’Uttarakhand, frontalier du territoire chinois, qui ont irrité Pékin.

Des frontières au tracé flou

La Chine et l’Inde se sont livré une guerre en 1962 au sujet de leur frontière contestée, dont une partie se situe à plus de 4000 mètres et qui n’a jamais été tracée avec exactitude.  

Les températures hivernales peuvent plonger en dessous de moins trente degrés, faisant se casser les canons des fusils et grippant les équipements.  

Déjà avant l’affrontement de juin 2020, l’Inde se rapprochait au plan stratégique des Occidentaux, approfondissant sa coopération en matière de sécurité avec les États-Unis, le Japon et l’Australie dans la région Asie-Pacifique.  

Unis par leur inquiétude face à l’influence croissante de la Chine dans la région, ces pays forment ensemble ce qu’on appelle l’Alliance quadrilatérale.  

L’Inde s’est également engagée dans la modernisation de ses forces armées, un programme d’un montant de 130 milliards de dollars, et a notamment commandé des hélicoptères d’attaque aux États-Unis et un système de défense antimissile à la Russie.

À la suite des heurts de 2020, elle a interdit des centaines d’applications d’origine chinoise pour téléphones portables, dont TikTok.  

Le commerce bilatéral, qui atteint environ 100 milliards de dollars par an, reste toutefois dynamique, même si l’Inde importe de Chine bien plus qu’elle n’y exporte.