(Houston) « C’est une bonne soirée ! » : Joe Biden a effectué un spectaculaire retour en force dans la course à l’investiture démocrate pour affronter Donald Trump, même si son rival Bernie Sanders a résisté, laissant augurer d’un âpre et long combat.

Fort d’une impressionnante série de victoires à l’occasion du « Super Tuesday », l’ancien vice-président de Barack Obama a désormais le vent en poupe dans une primaire où « Bernie » était archifavori il y encore deux semaines.

Illustration de cet étonnant « comeback », M. Biden a, au terme d’un coude-à-coude plein de suspense, arraché à M. Sanders l’État du Texas, un important vivier de délégués.

Du Maine à la Californie, plusieurs millions d’Américains se sont rendus aux urnes pour participer à la désignation de l’adversaire de Donald Trump qui briguera le 3 novembre un deuxième mandat de quatre ans.

Joe Biden, 77 ans, a devancé son grand rival, Bernie Sanders, 78 ans, dans huit autres États : Virginie, Caroline du Nord, Alabama, Oklahoma, Tennessee, Arkansas, Minnesota, Massachusetts. Un grand chelem dans les États du sud du pays.   

Mais le sénateur du Vermont qui se revendique « socialiste » devait selon toute vraisemblance l’emporter en Californie, État encore plus crucial en termes de nombre de délégués.  

PHOTO BRYNN ANDERSON, AP

Mike Bloomberg

Lors d’une allocution depuis Essex Junction, dans le Vermont, Bernie Sanders a martelé, fidèle à son style combatif, sa certitude de parvenir à la victoire finale.  

« Je vous le dis avec une confiance absolue : nous allons emporter la primaire démocrate et nous allons battre le président le plus dangereux de l’histoire de ce pays », a-t-il lancé devant une foule enthousiaste, multipliant les piques envers son rival sans jamais le nommer.

Claque pour Bloomberg

Le grand perdant de la soirée est le milliardaire Michael Bloomberg, qui s’est lancé très tard dans la course mais espérait, grâce à son immense fortune personnelle, déjouer les pronostics.

Très loin derrière ses adversaires, il a en particulier obtenu des résultats médiocres en Virginie, État emblématique dans lequel il avait lourdement investi.

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

Bernie Sanders lors de son discours à Essex Junction, au Vermont, mardi soir

« J’ai besoin de votre aide et j’ai besoin de vos votes », a-t-il lancé depuis West Palm Beach, en Floride, sur fond de spéculations croissantes sur son retrait imminent de la course.

L’autre revers cruel est celui essuyé par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren qui a passé une très mauvaise soirée, perdant même dans son fief du Massachusetts.

Si elle n’a pas encore annoncé son retrait, son rêve de devenir la première présidente des États-Unis semble s’être définitivement envolé.

Joe Biden, vieux routier de la politique américaine, se présente comme l’homme de la « garantie de résultats » face à « la promesse de révolution », en allusion à son grand rival qui se revendique « socialiste ».

Au total, les primaires de mardi permettront de distribuer plus d’un tiers des délégués (sur un total de 3979) qui désigneront leur candidat lors de la convention démocrate de juillet.

Dans un rassemblement pro-Biden à Los Angeles, l’enthousiasme dominait. « On dirait que le vent a tourné, » se félicitait Jose Marroquin, retraité de 67 ans. « J’étais inquiet il y a une semaine mais la dynamique est désormais de notre côté ». « C’est une grande journée mais ce n’est pas fini ! », mettait-il cependant en garde.

PHOTO JOSHUA LOTT JOHANNES EISELE, AFP

De gauche à droite: Pete Buttigieg, Joe Biden et Amy Klobuchar

Après un démarrage catastrophique, Joe Biden a réussi une remontée exceptionnelle en remportant largement la Caroline du Sud et son vote afro-américain jugé indispensable pour tout prétendant démocrate.

Dans la foulée, il a engrangé lundi le soutien de trois ex-candidats : le jeune Pete Buttigieg, révélation des primaires, la sénatrice Amy Klobuchar, populaire dans le Midwest, et le Texan Beto O’Rourke.

Les candidats qui se sont désistés en faveur de l’ancien vice-président espèrent lui permettre de faire barrage à « Bernie ».

Trump s’amuse, ironise

« Ce n’est pas un secret », « il y a un effort massif pour stopper Bernie Sanders », martèle ce dernier, promettant de « combattre » l’establishment démocrate effrayé par ses idées très à gauche.

En brandissant l’exemple de Hillary Clinton en 2016, son équipe met en garde contre une nouvelle défaite si Joe Biden est le candidat démocrate.

« L’establishment voulait alors un candidat modéré, ils l’ont eu. Et vous savez ce que nous avons obtenu ? Donald Trump », a lancé mardi sur MSNBC Jeff Weaver, conseiller du sénateur.

Les thèmes que Bernie Sanders portent comme l’assurance-maladie universelle se sont peu à peu imposés au cœur du débat animant les démocrates.

Kevin, qui a voté dans un quartier résidentiel près de Los Angeles, pointait la couverture médicale « très chère » aux États-Unis pour justifier son bulletin Sanders.

Donald Trump, qui suivait la soirée électorale depuis la Maison-Blanche, a multiplié les tweets ironiques, voire franchement assassins.

Michael Bloomberg ? « Le plus grand perdant ce soir ». « Ses consultants “politiques” l’ont pris pour un gogo. 700 millions de dollars dilapidés et il n’a rien récolté si ce n’est un surnom, Mini Mike, et la destruction complète de sa réputation ».

Elizabeth Warren ? « Elle n’était même pas proche de l’emporter dans son État du Massachusetts. Elle peut désormais se reposer tranquillement avec son mari et prendre une bonne bière fraîche ! »