L’ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales Louise Beaudoin fera partie d’un groupe de quatre experts mandatés par le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, afin de le conseiller dans l’élaboration d’outils visant à assurer une place de choix au contenu québécois sur les plateformes numériques.

L’ex-délégué général du Québec à Paris Clément Duhaime, qui a été administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, fera également partie du groupe, de même que Véronique Guèvremont (professeure titulaire à la faculté de droit de l’Université Laval et titulaire de la Chaire UNESCO sur la diversité des expressions culturelles) et Patrick Taillon (professeur titulaire à la faculté de droit de l’Université Laval et codirecteur du Centre d’études en droit administratif et constitutionnel).

« Dans un monde de plus en plus numérique, c’est le moment ou jamais de se donner tous les moyens pour protéger notre langue, notre identité et notre culture », a déclaré M. Lacombe vendredi, lors d’une conférence devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

À son avis, la numérisation de la culture détourne le public québécois de sa propre culture en la mettant en compétition directe avec des produits culturels venus d’ailleurs, notamment par l’intermédiaire de plateformes comme YouTube, Spotify ou Netflix, a-t-il dit. Le défi repose entre autres, selon lui, sur la capacité de rejoindre les jeunes – ce qui explique, parmi tant d’autres mesures adoptées tout récemment par le gouvernement, l’investissement de 101 millions de dollars destinés à la production de contenus jeunesse chez Télé-Québec, ainsi que l’augmentation du budget des sorties culturelles.

Améliorer le positionnement du contenu québécois

Le groupe sera donc chargé de proposer au ministre de la Culture des actions qui lui permettront ensuite d’établir un plan législatif visant à améliorer le positionnement du contenu québécois sur les plateformes numériques et à en faire la promotion. Le ministre se joindra en outre à ses homologues d’autres nations pour participer à une rencontre de l’UNESCO à Paris, en juin, sur la place des contenus nationaux en ligne.

« Notre gouvernement n’est pas dogmatique ; on ne veut pas d’un monde où on consommerait juste de la culture québécoise, on veut aussi avoir accès au contenu d’ailleurs. Imaginons que la génération YouTube et Netflix passe toute son adolescence à regarder plus de contenu en anglais, où sera-t-on en 2040 ? Même les cultures sont mortelles, même les plus belles langues. […] Si on se donne un plan, on pourra transformer ce qui apparaît aujourd’hui comme une menace en outil de promotion [de notre culture] », a-t-il souligné.

Mathieu Lacombe a par ailleurs salué l’adoption à Ottawa, jeudi soir, de la Loi sur la diffusion continue en ligne (projet de loi C-11), qui crée un cadre légal contraignant les plateformes numériques à contribuer financièrement à la création, la production, la distribution et la promotion de contenu canadien, en musique comme en télévision, notamment.

« Ottawa a fait un excellent travail avec C-11 ; on est chanceux d’avoir Pablo Rodriguez comme ministre du Patrimoine. On ne veut pas s’opposer, mais bonifier [ce cadre légal] avec des lunettes québécoises, au profit de notre langue et de notre culture. On ne peut pas se permettre d’être de simples spectateurs. […] Personne ne sera jamais mieux placé que le Québec pour savoir ce dont le Québec a besoin pour défendre sa culture », a-t-il déclaré.

Selon une étude menée l’automne dernier par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, 72 % des internautes québécois sont abonnés à un service payant pour visionner des films et des séries en ligne – Netflix, Amazon Prime Video et Disney+ arrivant en tête des plateformes les plus populaires et devançant ainsi les services locaux comme Crave, Club illico et l’Extra d’ICI Tou.tv.