Plusieurs articles ont paru dans les médias durant les dernières semaines sur le thème de quitter ou non Montréal, notamment en lien avec la difficulté de se déplacer en ville. Le principal problème de Montréal n’est pas essentiellement la présence des cônes orange. Le plus grand danger qui guette Montréal tient à l’idéologie outrancière de certains élus – pas tous – de Projet Montréal.

La pandémie a servi de justification idéale à Projet Montréal pour appliquer en accéléré son programme consistant à éliminer au maximum la circulation automobile à Montréal. Pendant ce temps-là, on oubliait les plus vulnérables : personnes âgées, minorités ethniques et personnes à faible revenu concentrées dans les quartiers les plus défavorisés de la ville.

Résultat, Montréal est la ville qui a eu la pire performance en termes de mortalité et de morbidité non seulement au Canada, mais dans l’ensemble de la planète. Aucune autocritique de la Ville là-dessus, aucune réflexion autre que d'affirmer que le centre de décision de la Santé publique aurait dû être à Montréal. On n’avait pas besoin d’un doctorat en épidémiologie pour savoir que les quartiers les plus défavorisés et surtout que les personnes les plus défavorisées ou marginalisées seraient les plus touchées.

Montréal a décidé de fermer le centre-ville. On nous promet qu’on pourra vivre notre vie personnelle et professionnelle à 15 minutes de chez nous. C’est beau sur papier, mais dans la réalité, seuls les privilégiés y auront peut-être accès. Les gens qui donnent les services de base sont mal payés : restauration, épicerie, soins aux bénéficiaires – des femmes surtout. Ces gens-là n’ont pas les moyens d’acheter une propriété ni même de louer sur le Plateau, à Outremont, au centre-ville, etc. Ce sont les gens de l’Est, du Nord-Est, de NDG et même de Laval entre autres qui devront assumer ces tâches pour les mieux nantis qui se sont fait des bunkers au centre de la ville. Ce sont eux qui devront assumer les risques des transports en commun.

Dissonances cognitives

Je déteste les idéologues, même et surtout lorsque leur cause est noble. Ils ont tous le même empressement lorsqu’ils arrivent au pouvoir : imposer leur idéologie au plus vite, quitte à faire certains aménagements avec la vérité en exagérant les bienfaits de leurs mesures et en minimisant les impacts négatifs. L’improvisation de mesures appliquées partout sans discernement est leur lot. Ils ont les mêmes dissonances cognitives que leurs ancêtres ; on se rappellera l’idéologie des années 60-70 selon laquelle les autoroutes et le béton devaient sauver Montréal. Ils ont également l’art de culpabiliser indirectement.

Dans un récent témoignage dans La Presse, un citoyen disait qu’il avait une voiture, mais qu'elle était petite et servait à aller porter de la nourriture à ses vieux parents. Seigneur ! On commence à internaliser ce qu’est un bon ou un mauvais citoyen tel que défini par Projet Montréal.

Il n’y a pas d’opposition véritable sur le plan politique à la Ville, ou du moins elle ne trouve pas sa voix dans les médias. Dans un an, il y aura des élections à Montréal et Projet Montréal risque d’être réélu. Malgré tout ce que je viens d’énoncer, je ne voterai pas nécessairement contre Projet Montréal. Je vais voter pour un parti qui fera la démonstration qu’il a une vision à long terme qui tient compte de l’ensemble des citoyens de la ville. Montréal n’est pas composé uniquement de trentenaires qui peuvent rouler à vélo été comme hiver. Il y a des aînés en santé ou malades. Il y a des gens de tous âges en santé ou malades. Il y a des pauvres, des maladaptés, des marginalisés qui ont besoin d’une ville fluide. Lorsqu’on bouscule les gens, qu’on ne tient pas compte de leurs appréhensions, légitimes ou non, on favorise le clivage et surtout la montée d’idéologies contraires. La surprenante montée des anti-masques en est un bel exemple.

Montréal se doit d’être une ville centrée sur l’écologie et le développement durable. Les élus, quels qu’ils soient, doivent implanter des mesures où l’acceptabilité sociale doit être une préoccupation majeure, pas seulement une façade. Je veux être le citoyen de ma ville, pas l’objet d’une idéologie.

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