(Toronto) Téléfilm Canada s’allie à d’autres organisations, comme le Festival du nouveau cinéma (FNC) à Montréal, pour un nouveau projet de numérisation des joyaux du cinéma.

Ce projet vise à numériser les « films importants de l’écosystème des longs métrages canadiens » afin de les rendre plus accessibles sur les plateformes de visionnement sur demande, mais aussi sur grand écran, ici et à l’étranger, indique Téléfilm dans un communiqué. L’agence fédérale affirme que chaque titre jouira d’une sortie en salles et sera éventuellement mis à la disposition des plateformes de visionnement sur demande.

Plus de 10 films canadiens — fictions, documentaires et courts métrages, en anglais et en français — seront choisis par les partenaires de Téléfilm dans ce projet : le FNC, le Festival « Hot Docs », l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et le Festival international du film de Toronto (TIFF). Les films choisis seront numérisés selon une norme « haute définition » de l’industrie, adaptée aux projections en salles et prête pour les plateformes de visionnement sur demande (VSD).

Pour la première année de ce projet, le FNC a opté pour « La moitié gauche du frigo » (2000), premier long métrage de Philippe Falardeau, « pseudo-documentaire » sur un ingénieur québécois au chômage qui accepte d’être le sujet du film de son coloc, et « À l’ouest de Pluton » (2008), de Myriam Verreault et Henry Bernadet, qui suit en fiction une dizaine d’adolescents de banlieue.

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

À l’ouest de Pluton de Myriam Verreault et Henry Bernadet

« La moitié gauche du frigo » est récemment apparu dans le catalogue de Netflix Canada, grâce à un transfert réalisé il y a une vingtaine d’années, lorsque les DVD étaient le summum de la haute résolution numérique. Mais l’image semble maintenant granuleuse et pixelisée, illustrant l’importance de restaurer les films plus anciens pour les téléviseurs haute définition d’aujourd’hui.

« Il est très important de numériser ces titres pour qu’ils aient une seconde vie sur différentes plateformes », explique Nicolas Girard Deltruc, directeur général du FNC, où il prévoit projeter les deux films lors de la 50e édition du festival montréalais en octobre. « Bien sûr, si vous travaillez sur (la restauration) et la numérisation, il est important de voir ensuite le résultat sur grand écran. »

Alimenter les salles après la pandémie

La directrice promotion nationale et communications à Téléfilm Canada, Francesca Accinelli, a expliqué que l’initiative avait vu le jour à la fin de 2020 après avoir discuté avec des cinéastes canadiens du nombre de films moins commerciaux, mais marquants, qui « commençaient à disparaître » du paysage culturel à l’ère du numérique. Elle a déclaré que le conseil d’administration de Téléfilm avait approuvé le financement du projet en décembre dernier.

« C’est une opportunité parce qu’il n’y a pas beaucoup de films canadiens qui ont été tournés l’année dernière », a déclaré Mme Accinelli. On espérait ainsi que les films canadiens restaurés puissent donner aux salles de cinéma quelque chose de nouveau à montrer lorsqu’ils accueilleraient à nouveau le public après le déconfinement.

Certains films canadiens ont déjà été restaurés en « 4K », un support qui garantit une survie de plusieurs décennies. Le controversé « Crash » de David Cronenberg, par exemple, a ainsi été « rafraîchi ». Mais de nombreux autres films canadiens n’ont jamais été transférés sur un support numérique approprié : ils dorment parfois encore sous forme de cassettes vidéo des années 1980 et 1990, ou bien ils ont été transférés sur un support numérique de « définition standard », une norme qui est en deçà des attentes des géants du VSD comme Netflix.

Mme Accinelli explique que dans certains cas, des films qui avaient connu un beau succès sur le circuit des festivals n’ont pas été vus à la télévision depuis des décennies. Selon elle, plusieurs de ces grands films présentent par ailleurs des voix qui sont sous-représentées au cinéma, notamment celles des réalisatrices, des Autochtones ou d’autres groupes minoritaires.

Les autres films qui auront droit à une numérisation seront annoncés au fur et à mesure qu’ils auront été sélectionnés par les partenaires du projet de Téléfilm.