La mairesse de Montréal, Valérie Plante, ne cache pas être préoccupée de l’impact de la grève en vue dans le transport en commun pour les usagers, mais se dit soulagée par le maintien du service pendant le Grand Prix.

La mairesse a réagi mardi à l’annonce d’un débrayage du syndicat de l’entretien de la Société de transport de Montréal (STM), qui pourrait être rejoint par le syndicat des chauffeurs de métro et de bus.

Pour l’instant, la STM prévoit un service de métro seulement aux heures de pointe les 9, 10 et 11 juin. Les 12, 16 et 17 juin, le service sera réduit à 50 % de la normale en dehors des heures de pointe. Le service sera offert de façon normale pendant la fin de semaine de la Formule 1. Une grève de cette ampleur pour ce corps de métier remonte à près de 20 ans dans le transport collectif à Montréal, soit à 2007.

« Une grève, ce n’est pas définitivement pas souhaitable, parce que le transport collectif fait partie des services extrêmement importants pour plein de Montréalais et Montréalaises. Je trouve ça dommage », a-t-elle dit mardi. « En même temps, il y a un processus, il y a une négociation en cours. Moi j’invite les deux parties à trouver une solution, pis vite. »

Mme Plante s’est toutefois montrée « soulagée » d’une récente décision de justice ordonnant le maintien du service pendant la fin de semaine du Grand Prix.

Éric Alan Caldwell, le président du conseil d’administration de la STM, s’est lui aussi dit satisfait par cette décision sur les services essentiels. « On souhaite que les gens adhèrent au transport en commun et pour ça il faut offrir un bon service. Ceci étant dit, c’est le droit du syndicat de faire une grève », a-t-il ajouté.

On travaille pour obtenir le meilleur règlement pour nos travailleurs, mais aussi pour la santé financière du transport collectif.

Éric Alan Caldwell, le président du conseil d’administration de la STM

À Québec, le ministre du Travail, Jean Boulet, s’est aussi dit « satisfait » d’un maintien de base du service et de la « trêve » pour le Grand Prix de Formule 1. « Évidemment, il faut continuer de mettre l’accent sur la négociation et un règlement le plus rapidement possible, parce que le transport collectif, on sait à quel point c’est important dans toutes les villes, et Montréal particulièrement », a-t-il noté.

Les impacts de la grève se feront sentir sur plusieurs journées, la semaine prochaine.

L’autopartage et BIXI se préparent

Dans le milieu de l’autopartage, on se prépare déjà à accueillir un achalandage plus soutenu au courant de la semaine prochaine. « On va essayer d’avoir le plus de véhicules disponibles, et de rebalancer le parc si possible. On est aussi en train de regarder s’il y a des plateformes de covoiturage qu’on pourrait suggérer à nos abonnés », résume le vice-président de Communauto, Marco Viviani.

Le son de cloche est similaire chez Léo Autopartage. « C’est sûr qu’on s’attend à un plus gros achalandage. On va être très réactifs pour déplacer les véhicules et s’assurer qu’ils soient disponibles, surtout autour du centre-ville et du Plateau-Mont-Royal », note la directrice du marketing, Anaïs Boyer-Lafrenière.

Chez BIXI aussi, on compte « ajuster l’offre de service pour pallier temporairement les besoins des Montréalais » en marge de la grève. Des stations de type dépôt seront ajoutées à des lieux de grand achalandage lors des heures de pointe et les horaires des employés à la mécanique et au service client seront étendus pour mieux répondre aux besoins, assure l’organisme.

Lundi, le syndicat de l’entretien de la STM a affirmé être forcé de faire la grève en raison d’une « fin de non-recevoir » de l’employeur sur plusieurs points de négociation.

Parmi les litiges entre la partie syndicale et la direction de la STM, il y a notamment la création d’horaires atypiques, de soirs, de nuits et de fins de semaine, mais également la possibilité de déplacer des employés d’une installation à l’autre, ainsi que le recours à la sous-traitance et à la privatisation.

« L’employeur veut nous retirer des clauses qui nous protègent contre la sous-traitance et l’envoi de nos tâches au privé », a dénoncé Bruno Jeannotte, président du syndicat des employés d’entretien. « Ils veulent aussi avoir le pouvoir de déplacer les gens partout à Montréal, mais ça change la vie des gens, ça ! Travailler à Angrignon ou dans l’est de l’île, ce n’est pas la même réalité. »

Avec Tommy Chouinard, La Presse