(Ottawa) Le gouvernement fédéral subventionnera à 75 % les emplois des petites et moyennes entreprises (PME) plutôt qu’à 10 % tel qu’initialement annoncé. Une mesure qui sera rétroactive au 15 mars.

« Ça veut dire que les employés continueront d'être payés même si l'entreprise pour laquelle ils travaillent a dû ralentir ou arrêter ses activités à cause de la COVID-19 », a exposé le premier ministre lors de son point de presse quotidien à Rideau Cottage.

« On aide les employeurs à garder leurs employés pour soutenir les travailleurs et favoriser la reprise de notre économie. C'est notre priorité », a-t-il poursuivi. Aux propriétaires de PME et aux syndicats qui trouvaient la subvention de 10 % insuffisante, Justin Trudeau a dit ceci: « On vous a entendus. »

Car il était « clair qu'on [devait] aller plus loin », a-t-il enchaîné, promettant de dévoiler « très bientôt » les contours précis de cette mesure.

À celle-ci s'ajoute la création d'un programme de compte d'urgence, qui permettra aux PME de demander un prêt de 40 000 $ aux institutions financières sans intérêt pour un an, ainsi que le versement d'une somme de 12,5 milliards à la Banque de développement du Canada et à Exportation Canada.

D'entrée de jeu, lorsqu'il s'est installé à son lutrin, Justin Trudeau a tenu à saluer la décision inattendue de la Banque du Canada d’abaisser le taux directeur d’un demi-point, ce qui le fait passer à 0,25 %. Il s’agit d’une troisième diminution depuis le début du mois de mars.

Prestation d'urgence: oui, elle est imposable

Le premier ministre a par ailleurs signalé que la prestation canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ par mois, pendant quatre mois, demeurait imposable, contrairement à certaines informations ayant circulé en début de journée.

Il a précisé que l’impôt ne serait pas retenu à la source les chèques d’aide qui sont destinés à tous les Canadiens dont le gagne-pain a été affecté par les secousses économiques découlant de la pandémie de la COVID-19.

Les modalités de cette prestation ne font pas l’unanimité.

À la FTQ, par exemple, on a souligné que le montant mensuel était inférieur au maximum de l’assurance-emploi (573 $). En même temps, pour certains employés dont l’emploi est jugé essentiel en ce temps de crise, le chèque gouvernemental est plus alléchant que leur chèque de paie.

C’est notamment le cas des préposés aux bénéficiaires, des maillons cruciaux du système de santé. « J’ai des préposés qui quittent le milieu parce qu’ils ne veulent pas être contaminés. Mais c’est minime », a confié Michel Lemelin, de la Fédération professionnelle des préposé(e)s aux bénéficiaires du Québec à La Presse, jeudi.

Les demandes de PUC se feront sur l’internet ; un portail web doit être mis en service début avril, et l’argent doit ensuite être versé « dans les 10 jours après la demande ». En dévoilant ces détails, mercredi, Justin Trudeau convenait que pour les Canadiens qui se trouvent déjà dans une situation précaire, cette attente s’avérera longue.

La pandémie du nouveau coronavirus a frappé de plein fouet les travailleurs canadiens. En l’espace d’une semaine seulement, 930 000 personnes ont fait une demande d’assurance-emploi. Et cette donnée remonte au 22 mars dernier.

Centres de Service Canada fermés : « une aberration »

L’annonce de la fermeture des Centres Service Canada à travers le pays, soit environ 600 bureaux donnant de l’information et de l’aide aux citoyens pour leurs demandes d’assurance-emploi, choque profondément le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC).

« C’est une aberration », a déclaré Pierre Céré, porte-parole du CNC. « Service Canada est un service essentiel : des centaines de milliers de citoyens et de citoyennes ont des questions, ont besoin d’informations concernant leurs dossiers, plusieurs ont besoin d’aide, en personne, pour remplir leurs demandes d’assurance-emploi », a-t-il poursuivi.

Les citoyens devront se tourner vers les demandes en ligne. Le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen, a promis d’offrir un soutien par téléphone dans le cas des demandes d’assurance-emploi.

Beaucoup de personnes admissibles

Les critères d’admissibilité à la PUC sont larges : les Canadiens qui ont perdu leur emploi, qui tombent malades, qui sont mis en quarantaine ou qui prennent soin d’une personne atteinte de la COVID‑19, ainsi que les parents qui doivent cesser de travailler pour s’occuper d’enfants peuvent la toucher.

Même chose pour les travailleurs qui ont encore un emploi, mais qui n’ont pas de revenu en raison d’interruptions du travail, pourront aussi toucher cet argent. Le fédéral croit que cela aidera les entreprises à garder leurs employés, et vite reprendre les activités quand la tempête sera passée.

Quant aux Canadiens admissibles aux prestations ordinaires et aux prestations de maladie de l’assurance-emploi, ils pourraient quand même avoir accès à leurs prestations normales d’assurance-emploi, s’ils sont toujours sans travail, après cette période de 16 semaines.

L'isolement à Rideau Cottage

Le premier ministre a affirmé vendredi, au 16e jour de son isolement volontaire, qu'on lui avait conseillé de rester à la maison.

« Nous demandons aux Canadiens de travailler de la maison, de s'isoler, de ne pas sortir si ce n'est pas nécessaire. Je suis heureux de continuer à faire cela », a-t-il lancé.

Il s'est astreint à s'isoler après que sa femme, Sophie Grégoire-Trudeau, eut contracté le nouveau coronavirus.

Aux dernières nouvelles (celles qu'a données Justin Trudeau, mercredi), celle-ci se portait « beaucoup mieux ».