(Doha) Un homme portant un drapeau arc-en-ciel et vêtu d’un tee-shirt de soutien aux femmes iraniennes et à l’Ukraine a pénétré lundi sur la pelouse du Stade Lusail, à Doha, pendant la rencontre du Mondial-2022 entre le Portugal et l’Uruguay.

C’est la première fois qu’un match est marqué par une telle intrusion depuis le début de la compétition organisée au Qatar, en butte aux critiques occidentales concernant le traitement des personnes LGBT+. L’homosexualité est passible de poursuites pénales au Qatar.

À la 52e minute du match, après avoir traversé le terrain en courant pendant une trentaine de secondes devant les joueurs sans réaction, cet homme jeune a été plaqué au sol par un stadier puis escorté calmement par la sécurité en dehors du stade où se jouera la finale le 18 décembre.  

Il portait un tee-shirt frappé sur l’avant du logo de Superman avec une inscription de soutien à l’Ukraine, « Save Ukraine » (« Sauvez l’Ukraine »), et dans le dos un message demandant du respect pour les femmes iraniennes (« Respect for Iranian Woman »).

PHOTO ODD ANDERSEN, AGENCE FRANCE-PRESSE

La scène n’a été montrée qu’un court instant à la télévision.

Aucune information sur cet homme n’était disponible dans l’immédiat. Sollicités par l’AFP, les organisateurs locaux ont renvoyé vers la FIFA, qui a elle-même renvoyé vers les organisateurs locaux et les autorités qataries. Également interrogées par l’AFP, ces dernières n’ont pas réagi.

« Nous sommes avec eux »

« Nous savons ce qu’il se passe autour de cette Coupe du monde. Bien sûr, nous sommes avec eux, avec l’Iran aussi, les femmes iraniennes, donc j’espère qu’il n’arrivera rien à ce garçon, parce que nous comprenons son message, et je pense que le monde le comprend aussi », a affirmé après le match le portugais Ruben Neves.

Si la FIFA a assuré que les drapeaux ou les habits aux couleurs de l’arc-en-ciel seraient acceptés dans les stades, dans les faits, ceux-ci ont été confisqués à plusieurs reprises par les forces de sécurité.

« Nous sommes inquiets de la manière dont sont susceptibles d’être traités les spectateurs et les sportifs LGBT+ », a déclaré à Washington la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, dans la foulée de l’évènement.  

« Nous exhortons le Qatar et tous les Qataris à se conformer pleinement au message de l’émir » Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani lors de son discours d’ouverture du Mondial, « c’est-à-dire à considérer sincèrement que tout le monde est le bienvenu à la Coupe du monde », a poursuivi la responsable.  

Brassards en tribunes

Sept sélections européennes avaient dit leur intention de faire porter à leur capitaine un brassard arc-en-ciel « One Love », mais y ont finalement renoncé juste avant le début du tournoi, la FIFA les ayant menacées de sanctions sportives. L’instance dirigeante du football mondial a été critiquée pour cette position.  

Avant leur premier match, sur la photo officielle, les joueurs allemands avaient ostensiblement couvert leur bouche de la main, protestant symboliquement contre ce qu’ils considèrent comme une atteinte à leur liberté d’expression.  

Le ministre britannique des Sports, Stuart Andrew, a annoncé qu’il porterait mardi le brassard « One Love » pendant Angleterre-Pays de Galles, deux des sept sélections qui ont renoncé.

Ce ne sera pas une première au Mondial, car la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, chargée des sports, l’a porté à côté du président de la FIFA, Gianni Infantino, lors de la défaite de l’Allemagne 2-1 contre le Japon. La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, en a fait de même lors de la victoire des Diables rouges face au Canada au Qatar (1-0).

Le groupe de fans anglais « 3LionsPride », qui représente les supporters LGBT+, avait par ailleurs décidé avant ce Mondial que ses membres ne se rendraient pas au Qatar.

« Ces matchs devraient être une célébration pour tous les fans, mais malheureusement beaucoup d’entre eux ont le sentiment que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas un tournoi pour eux. Ils ont senti qu’ils ne pouvaient pas en faire partie et ce n’est pas acceptable », a regretté Stuart Andrew.