Le service du métro et des autobus sera fortement perturbé la semaine prochaine en raison de la grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM). Une période de grâce sera toutefois accordée durant le Grand Prix de Formule 1.

Le transport collectif ne sera assuré qu’aux heures de pointe du 9 au 11 juin, puisque le métro et les autobus ne peuvent rouler normalement en l’absence des employés chargés de leur entretien mécanique.

C’est ce qu’a confirmé lundi une décision du Tribunal administratif du travail (TAT), qui soutient que ces horaires sont « suffisants pour que la santé ou la sécurité de la population ne soit pas mise en danger ».

« On est très conscients que ce scénario va avoir des impacts », admet le président du syndicat des employés d’entretien, Bruno Jeannotte, en entrevue.

Les 9, 10 et 11 juin, le métro ne fonctionnera que de 6 h 30 à 9 h 38, de 14 h 45 à 17 h 48 et de 23 h à 1 h. Quant aux autobus, ils rouleront de 6 h 15 à 9 h 15, de 15 h à 18 h et de 23 h 15 à 1 h 15.

Puis, le jeudi 12 juin, le service sera offert à 50 % de sa fréquence habituelle en dehors des heures de pointe, qui seront prolongées d’une heure le matin et le soir.

Les jours suivants, les 13, 14 et 15 juin, le métro et les autobus rouleront normalement en raison du Grand Prix de Formule 1, qui attire des dizaines de milliers de personnes sur l’île Notre-Dame. Comme chaque année, la ligne jaune du métro risque d’être particulièrement surchargée.

Enfin, les 16 et 17 juin, le service fonctionnera à nouveau à 50 % entre les heures de pointe, qui reviendront aux mêmes horaires que lors des trois premiers jours de grève – sans prolongation d’une heure.

Une grève de cette ampleur pour ce corps de métier remonte à près de 20 ans dans le transport collectif à Montréal, soit à 2007.

Nombreux désaccords

Le président du syndicat des employés d’entretien affirme n’avoir d’autre choix que de procéder ainsi en raison d’une « fin de non-recevoir » de l’employeur sur plusieurs points de négociation.

Parmi les litiges entre la partie syndicale et la direction de la STM, il y a notamment la création d’horaires atypiques, de soir, de nuit et de fin de semaine, mais également la possibilité de déplacer des employés d’une installation à l’autre, ainsi que le recours à la sous-traitance et à la privatisation.

L’employeur veut nous retirer des clauses qui nous protègent contre la sous-traitance et l’envoi de nos tâches au privé. Ils veulent aussi avoir le pouvoir de déplacer les gens partout à Montréal, mais ça change la vie des gens, ça ! Travailler à Angrignon ou dans l’est de l’île, ce n’est pas la même réalité.

Bruno Jeannotte, président du syndicat des employés d’entretien

À la STM, on prend acte de la décision du Tribunal. Le transporteur tiendra une conférence de presse « dans les prochains jours » pour faire le point sur les répercussions de cette grève.

D’ici là, le STM « invite ses clients à planifier leurs déplacements en conséquence et pour ceux qui le peuvent, de considérer, lorsque possible, de se déplacer avec des modes de mobilité active (marche, vélo, etc.) ou de favoriser le télétravail ».

« Très inquiet » pour les usagers

Chez Trajectoire Québec, le co-directeur général et porte-parole Philippe Jacques se dit « très inquiet » devant ces futures perturbations. « Il y a beaucoup de personnes dans le besoin qui ne pourront pas se déplacer pour aller à des rendez-vous médicaux ou chercher des denrées alimentaires », souligne-t-il.

On déplore surtout que le transport collectif ne soit pas reconnu comme un service essentiel, parce que ce l’est, dans les faits. Tous les jours, trop de gens sont dépendants de ça et n’ont tout simplement pas d’autres options, puis là, c’est eux qui vont payer.

Philippe Jacques, co-directeur général et porte-parole de Trajectoire Québec

Son groupe se dit aussi préoccupé par le fait que « d’autres grèves pourraient survenir » dans les prochains mois. Le week-end dernier, les chauffeurs d’autobus et les opérateurs de métro de la STM ont aussi voté en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. Il y a aussi mésentente de leur côté au sujet des horaires de travail et de la conciliation travail-famille, mais également de la sécurité d’emploi, des augmentations salariales et de la privatisation du transport adapté.

Dans ce cas, si l’impasse perdure et qu’une grève est déclenchée, ce serait une première depuis 1987.