Le Réseau express vélo (REV) s’enrichira de 10 nouveaux tronçons au cours des cinq prochaines années, a annoncé la Ville de Montréal mardi matin.

L’administration de Valérie Plante prévoit investir 30 millions par année dans l’extension du REV sur 60 kilomètres, et dans 30 autres projets de pistes cyclables, notamment pour mieux desservir des quartiers laissés pour compte, a indiqué Sophie Mauzerolle, responsable du transport et de la mobilité au conseil exécutif.

En tout, ce sont 200 kilomètres de voies cyclables qui s’ajouteront au réseau montréalais, dans 17 des 19 arrondissements, a révélé Mme Mauzerolle, en conférence de presse.

« Notre planification vélo a quatre objectifs : sécuriser les déplacements partout sur l’île, mieux connecter des quartiers excentrés, offrir de la prévisibilité à la population et mieux arrimer nos chantiers », a-t-elle souligné

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Sophie Mauzerolle, responsable du transport et de la mobilité au conseil exécutif

La Ville estime qu’il est nécessaire de sécuriser les déplacements à vélo, étant donné la popularité de ce mode de transport, qui est en hausse de 20 % depuis le début de l’année.

Parmi les projets phares inclus dans la Vision vélo 2023-2027 de la Ville, on prévoit :

  • L’aménagement du REV Jean-Talon, du REV Henri-Bourassa et du REV Lacordaire ;
  • La mise à niveau et le prolongement de la piste cyclable Côte-Sainte-Catherine, qui permettra de sécuriser l’intersection des avenues du Parc et Mont-Royal ;
  • Le réaménagement de la piste de la Commune, entre Berri et Saint-Laurent, pour une meilleure cohabitation avec les piétons ;
  • La création d’une piste cyclable dans la rue Hochelaga, qui permettra de relier Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Ville-Marie ;
  • L’ajout de pistes cyclables sur Prieur et Charleroi, qui permettront de relier Ahuntsic-Cartierville et Montréal-Nord ;
  • L’aménagement, dans l’Ouest-de-l’Île, de la branche Sainte-Anne-de-Bellevue et de la branche Deux-Montagnes de la véloroute, dans l’axe du REM de l’Ouest.

Rejoindre des populations vulnérables

« En choisissant le transport actif, la marche, le vélo, la population peut faire une énorme différence, non seulement en faveur de la transition écologique, mais également en faveur de sa santé, de ses finances et de son autonomie. Comme Ville, on a le devoir d’offrir à la population des aménagements de qualité qui vont rendre ces choix plus faciles », a affirmé Marianne Giguère, conseillère associée aux transports actifs au comité exécutif.

La directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, qui participait à la conférence de presse, a noté que le plan de la Ville répondait en grande partie aux recommandations de la Santé publique en matière d’accessibilité, de sécurité et d’inclusion. Dans une évaluation d’impact du REV dévoilée en avril dernier, elle suggérait d’investir davantage dans les quartiers moins bien desservis par le réseau cyclable actuel pour rejoindre des populations plus vulnérables.

« C’est ce dont on a besoin, des infrastructures sécuritaires qui vont permettre aux gens de se sentir en sécurité », a réagi Jean-François Rheault, PDG de Vélo Québec. « Pour des secteurs où il n’y a pas d’infrastructures cyclables, comme Parc-Extension, Saint-Michel, Montréal-Nord, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, le plan d’aujourd’hui vient rétablir une équité territoriale, une meilleure couverture du territoire. »

Peu de pistes protégées

La Coalition mobilité active Montréal s’inquiète toutefois de constater que moins du tiers des pistes cyclables présentées feront partie du REV, c’est-à-dire qu’il s’agira de pistes protégées. Par voie de communiqué, le groupe a aussi indiqué qu’il craignait des retards dans l’aménagement des infrastructures cyclables.

La Ville a annoncé son plan sur cinq ans afin de donner une meilleure « prévisibilité » à la population dans les secteurs où des changements sont à venir.

Mais Sophie Mauzerolle n’a pu préciser si les pistes cyclables planifiées entraîneraient le retrait d’espaces de stationnement ou de voies de circulation. Il n’a pas non plus été possible de savoir dans quel ordre les projets seraient réalisés.

Pour les commerçants qui craignent l’arrivée d’un tronçon du REV devant leur magasin, Marianne Giguère a rappelé que, rue Saint-Denis, depuis l’arrivée du REV, il y avait moins de locaux vacants et une augmentation des ventes dans les commerces.

Le vélo est pertinent pour l’économie, autant pour le commerce de rue que pour les entreprises, pour améliorer la mobilité des marchandises. Un cycliste, c’est un client qui achète plus, c’est démontré dans les statistiques.

Marianne Giguère, conseillère associée aux transports actifs au comité exécutif

Mme Giguère assure aussi que des consultations seront menées dans les quartiers touchés. « On a pris beaucoup d’expérience », a-t-elle noté, ajoutant que la Ville aura une bonne écoute et pourra ajuster les projets en fonction des commentaires reçus.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a rappelé que, dans un rapport déposé en 2020, l’Ombudsman de Montréal avait critiqué le manque de consultations dans l’aménagement du REV et des voies actives sécuritaires (VAS), implantées en pleine pandémie.

« Nous réitérons la nécessité d’une communication claire auprès des citoyens lors de la conception et la construction des projets d’aménagements cyclables », a commenté Alba Zuniga Ramos, porte-parole de l’opposition en matière de transport actif, tout en saluant les nouveaux axes cyclables annoncés par l’administration Plante.

En savoir plus
  • 889 kilomètres
    Longueur du réseau cyclable à Montréal
    Source : Ville de Montréal
    214 kilomètres
    Voies cyclables protégées par des éléments physiques (murets de béton, poteaux)
    Source : Ville de Montréal