(Montréal) Les deux principaux syndicats de fonctionnaires au Québec regardent avec intérêt l’entente sur le télétravail qui vient d’être conclue par l’Alliance de la fonction publique du Canada. Mais l’un d’entre eux refuse le principe du cas par cas qui a été négocié et dit vouloir « éviter le favoritisme » que cela pourrait entraîner.

Le télétravail est l’une des principales revendications du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) dans le cadre de la négociation de leurs conventions collectives avec Québec.

L’AFPC a négocié une lettre d’entente qui stipule que les gestionnaires devront évaluer les demandes de télétravail individuellement, et non par groupe, et y répondre par écrit.

Cette lettre d’entente prévoit aussi la création de comités dans les ministères et organisations qui permettront au syndicat et à l’employeur de discuter de l’application de la politique de télétravail.

« Ils ont eu des avancées intéressantes. Mais pour nous, ce n’est clairement pas assez loin. Ils ont fait quelques pas intéressants par rapport à ce qu’eux avaient, mais par rapport à ce que nous on souhaite, il faut aller beaucoup plus loin », a évalué Christian Daigle, président général du SFPQ.

« De notre côté, on veut éliminer le favoritisme » que peut amener le traitement individuel des demandes de télétravail, explique-t-il. « On ne veut pas que ça reste au niveau individuel. On veut assurer une équité pour l’ensemble des gens qu’on représente », ajoute M. Daigle.

La directive du Conseil du trésor stipule que le salarié travaille au moins deux jours par semaine au bureau.

Mais, selon M. Daigle, « il y a trop de disparités présentement ». La directive du Conseil du trésor « est appliquée différemment d’un ministère à l’autre, d’une direction à l’autre. Pour nous, c’est impensable qu’on puisse avoir autant de divergences que ça. »

Et les professionnels

Le SPGQ dénonce surtout ce qu’il appelle « la rigidité » du Conseil du trésor.

« Le mot-clé pour nous, c’est la notion de flexibilité. Ce qu’on dénonce principalement depuis deux ans, c’est la rigidité de la politique-cadre du Conseil du trésor qui s’applique à nos professionnels : restez deux jours par semaine au bureau pour tout le monde, on fait du tapis mur à mur », rapporte Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

Il donne l’exemple de salariés affectés à la planification budgétaire qui auraient avantage à travailler cinq jours par semaine ensemble au bureau, durant une période stratégique de l’année, puis pourraient ensuite passer plus de temps seuls à la maison, concentrés, à faire de l’analyse.

« L’erreur, c’est de penser qu’il y a une seule recette, alors que ce qui fonctionne — les études et les données commencent à émerger un peu partout — c’est de faire confiance aux gens, c’est de donner cette flexibilité-là et de laisser les gens choisir à quel moment leur prestation de travail est le mieux rendue », a résumé M. Bouvrette.

Il fait valoir au gouvernement que « ça ne lui coûte pas un sou de plus » de favoriser le télétravail lorsque c’est possible.

« Le télétravail, ça demande une méthode de gestion qui est différente, ça demande de ne plus contrôler nécessairement les heures de travail […] et ça demande une gestion par résultats, par mandats, de donner une autonomie professionnelle aux gens et de demander aux gens de livrer.

« Ça fait trois ans qu’on le vit et clairement, on a démontré que dans la fonction publique québécoise, ça fonctionne. Ça fonctionne absolument. Et il n’y a pas eu de baisse de productivité, même au contraire, dans certains cas c’est plutôt des hausses et une hausse de la satisfaction des gens », conclut M. Bouvrette.