Pendant la pandémie, j’ai commencé à pêcher. Sur les lacs, ça se passe plutôt bien. Mais sur les rives de Montréal ? C’est un échec total. En une trentaine de sorties, je n’ai toujours pas réussi à prendre un seul poisson sur les rives de l’île.

Même pas une petite perchaude ?

Non.

Même pas un bébé crapet-soleil ?

Même pas. Rien.

Suis-je découragé ?

Surtout pas. Car en cherchant des berges sur lesquelles pêcher, j’ai découvert des parcs qui m’étaient inconnus. De nouveaux points de vue sur une île que je pensais pourtant bien connaître. Maintenant, je ne regarde plus seulement Montréal vers son cœur — la montagne, le centre-ville, les rues commerciales. Je porte aussi attention à son enveloppe. Au fleuve. À la rivière. Aux îles voisines.

Autant les accès aux berges sont insuffisants entre le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et le pont Samuel-De Champlain, autant ailleurs, les options sont nombreuses, et bien aménagées.

Mes coups de cœur ?

Prenez votre maillot, votre canne et votre crème solaire, on part faire le tour de l’île !

Parc de Dieppe

Port de Montréal

Ce parc est situé à seulement 1 km de La Presse, dans le Vieux-Montréal. Pourtant, pendant mes 20 premières années au bureau, je n’en ai jamais entendu parler. Comment est-ce possible ? Parce que c’est à 1 km – à vol d’oiseau. Et entre les deux, il y a un gros obstacle.

Le fleuve.

Pour s’y rendre, il faut se diriger vers Habitat 67. Le stationnement se trouve sous le pont de la Concorde. De là, il faut simplement suivre le sentier, le long de l’eau. Le panorama sur le centre-ville est spectaculaire. La pêche ? Tout autant. Par beau temps, des dizaines de pêcheurs lancent leurs lignes sur la pointe nord, face au pont Jacques-Cartier, dans l’espoir de leurrer un beau, gros doré.

Plage urbaine

Verdun

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La plage urbaine de Verdun, l’été dernier

Les berges le plus facilement accessibles en transports en commun. Sortez à la station de métro De l’Église. Vous voyez l’Auditorium, au bout de la rue ? La plage est dans sa cour. C’est une petite oasis dans la ville. Une des trois seules plages baignables de Montréal. Même les enfants peuvent s’y aventurer tellement les eaux sont calmes. Les matins ensoleillés, arrivez tôt. Sinon, ça risque d’être aussi difficile de planter votre parasol que de pêcher un touladi à mains nues.

À propos de la pêche : en aménageant le site, la Ville a endommagé les habitats naturels des poissons. Des travaux étaient en cours, ce printemps, pour compenser les dommages.

Parc des Rapides

LaSalle

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Il y a autant de variétés de poissons ici que de types de dentifrices à la pharmacie.

Un long parc riverain qui fait le bonheur des cyclistes, des coureurs, des ornithologues, des photographes et, bien sûr, des pêcheurs. Il y a beaucoup à voir. Pour une première visite, je vous recommande de stationner votre voiture à côté de la salle des Chevaliers de Colomb, au coin de la 6e Avenue. Vous serez devant un pont pédestre. Traversez-le. Vous vous retrouverez sur une presqu’île, avec des vues étonnantes sur l’île aux Chèvres et les Montérégiennes. D’un côté, les eaux des rapides de Lachine sont très agitées. De l’autre côté se trouvent un bassin et une baie. C’est le calme plat. Joli contraste. Il y a autant de variétés de poissons ici que de types de dentifrices à la pharmacie.

Parc René-Lévesque

Lachine

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le parc René-Lévesque est l’un des plus majestueux de l’île, avec son arboretum et son jardin de sculptures.

Ne soyez pas découragés par l’horrible stationnement à l’entrée. Tout au bout, le parc, lui, est magnifique. L’un des plus majestueux de l’île, avec son arboretum et son jardin de sculptures. Coup de cœur pour les cinq énormes jambes en pierre de David Moore, qui semblent appartenir à des colosses veillant sur le fleuve. Les berges sont basses et clairsemées. Ça facilite le travail des pêcheurs. Plusieurs autres belles options de pêche dans le secteur, notamment à l’entrée du canal de Lachine, ainsi que sur les rives de la promenade Père-Marquette, où un de mes enfants a pris un bel achigan. Notez qu’il y a un petit magasin de pêche au coin du boulevard Saint-Joseph et de la 8e Avenue.

Parc Alexandre-Bourgeau

Pointe-Claire

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le parc de baseball Alexandre-Bourgeau, au cœur du Vieux-Pointe-Claire

Entre Dorval et Sainte-Anne-de-Bellevue, une quinzaine d’espaces verts offrent un accès direct au lac Saint-Louis. Mon préféré ? Le parc de baseball Alexandre-Bourgeau, au cœur du Vieux-Pointe-Claire. J’arrête d’abord chercher une pizza chez Gigi. Ou une crème glacée chez Wild Willy’s. Ou les deux. Puis je tends ma ligne dans le lac, riche en dorés, brochets et achigans. Les vieux de la vieille me jurent qu’ils ont déjà vu un esturgeon-trophée flâner dans le coin. Je les crois sur parole. Deux curiosités : sur votre droite, derrière l’école, se cache un moulin à vent. Et sur votre gauche, au loin, vous aurez une vue inusitée sur l’oratoire Saint-Joseph.

Parc-nature de l’Anse-à-l’Orme

Pierrefonds

  • Coucher de soleil, au-dessus du lac des Deux Montagnes

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Coucher de soleil, au-dessus du lac des Deux Montagnes

  • Le parc-nature de l’Anse-à-l’Orme comporte quelques dizaines de mètres de berges, tout au plus.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Le parc-nature de l’Anse-à-l’Orme comporte quelques dizaines de mètres de berges, tout au plus.

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C’est vraiment tout petit. Quelques dizaines de mètres de berges, tout au plus. Mais la vue, elle, est grandiose. Le jour, les véliplanchistes offrent un spectacle coloré. Le soir, les couchers de soleil, au-dessus du lac des Deux Montagnes, sont les plus beaux en ville.

Parc-nature du Cap–Saint-Jacques

Pierrefonds-Roxboro

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Plage du Cap–Saint-Jacques

Les familles montréalaises apprécient sa fermette et sa plage baignable en sable blond. Mais ce n’est pas là que je veux vous amener. Garez votre véhicule face au Collège Charlemagne. Tout au fond du stationnement, vous trouverez une rampe à l’eau ainsi qu’un quai. Ici, les eaux de la rivière des Prairies sont calmes. Les grands espaces sont apaisants, surtout à la brunante. C’est magnifique. Mon endroit de pêche préféré à Montréal, même si, contrairement à mes voisins, mon seau d’eau n’a jamais grouillé de perchaudes.

Parc-nature du Bois-de-Liesse

Saint-Laurent

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le ruisseau Bertrand, dans le parc-nature du Bois-de-Liesse

Un des plus beaux parcs de l’île, avec ses sentiers de vélo et sa passerelle japonaise, sur laquelle on peut cueillir des framboises. Ce que beaucoup de Montréalais ignorent, c’est que le parc se prolonge aussi au nord du boulevard Gouin. Et ce tronçon vaut le détour. C’est là que se trouve l’embouchure du ruisseau Bertrand, un cours d’eau méconnu de plusieurs kilomètres qui rentre dans les terres jusqu’à Dorval. Deux belvédères en bois surplombent les marais. La faune est surprenante. J’y ai déjà vu des grenouilles et des tortues. D’autres, plus chanceux, y ont déjà aperçu des castors.

Parc Maurice-Richard

Ahuntsic

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le parc Maurice-Richard

La transformation de l’avenue Park Stanley en place publique, avec des tables, des bancs et des jeux dessinés au sol, a dynamisé ce secteur de la ville. Très bel endroit pour flâner au coucher du soleil. Un exemple à suivre pour les autres villes et arrondissements de l’île.

Parc-nature de l’Île-de-la-Visitation

Ahuntsic

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le parc-nature de l’Île-de-la-Visitation

C’est beau. C’est grand. C’est aussi très fréquenté. Heureusement, la perle du Nord regorge de recoins où il est possible de profiter du bord de l’eau en toute quiétude. C’est surtout vrai dans l’île, accessible par un petit pont derrière la maison du Meunier. La terre ferme est plus propice aux pique-niques et à la pêche, près du barrage. En début de saison, le poisson-vedette du secteur est l’alose savoureuse. Plus tard en été, on y pêche surtout l’achigan, le doré et le brochet. Dans les sentiers, gardez la tête haute : un petit duc maculé se tient dans le coin.

Promenade Bellerive

Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La promenade Bellerive est un parc linéaire qui épouse le littoral sur plus de 2 km, près du tunnel.

On finit notre tour de l’île dans l’est de la ville, où l’offre s’améliore. L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles a inauguré, l’été dernier, une petite plage de cailloux. Bon, elle n’est pas encore baignable car il faut décontaminer le secteur, mais on peut y jouer au volleyball et observer le fleuve du haut d’une longue passerelle en bois. Montréal-Est a aussi aménagé un bel espace derrière son hôtel de ville. J’y ai vu des moucheurs en cuissardes tenter leur chance, à quelques mètres seulement d’un gros bateau cargo. C’était un peu surréaliste.

Mais LE meilleur accès aux berges dans l’est se trouve à la promenade Bellerive, un parc linéaire qui épouse le littoral sur plus de 2 km, près du tunnel. Ce sera bientôt possible de s’y baigner, a promis la mairesse Valérie Plante en campagne électorale. Dès cet été ? Pas certain. Lors de ma dernière visite, à la mi-mai, les travaux n’étaient pas encore commencés. En attendant, il est possible de s’y promener à pied, en vélo ou en patins, de faire de la planche à pagaie et, vous l’aurez deviné, de pêcher.

C’est assurément l’une des meilleures rives de l’île pour prendre des poissons.

Si seulement ils appréciaient mes leurres…