Des cônes orange envahissants, des métros de nouveau bondés, une hausse « préoccupante » des collisions mortelles et une pression qui s’accentue sur Québec pour réviser le financement du transport collectif. La dernière semaine aura été l’occasion pour les Montréalais de se rappeler que les défis sont nombreux en matière de mobilité.

C’est toutefois la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) qui a assurément frappé le plus fort, en dévoilant jeudi une étude-choc dans laquelle on a notamment appris qu’en un an, 94 % des artères du centre-ville ont été entravées à un moment ou un autre. Pire encore : plus du quart des cônes orange du centre-ville, qui répugnent tant de travailleurs et de touristes, seraient « inutiles », c’est-à-dire « abandonnés » ou « sans objet ».

L’étude a eu pour effet de susciter un débat, que la Ville et le gouvernement Legault ont toutefois vite maîtrisé. La présidente du comité exécutif de la Ville, Dominique Ollivier, a reconnu que « certains problèmes existent sur les chantiers » et qu’on peut faire mieux, mais a rappelé que seuls 30 % des chantiers relèvent de l’administration municipale.

Au ministère des Transports (MTQ), personne n’a toutefois l’intention de changer les règles de signalisation. « Il n’y a pas de changement prévu. En revanche, si la Ville veut proposer des modifications aux normes de signalisation, on est ouverts à collaborer », a dit la porte-parole du Ministère, Sarah Bensadoun.

Bref, on verra, mais ça ne laisse pas envisager un changement de culture dans les pratiques, comme le réclame justement le PDG de la Chambre de commerce, Michel Leblanc. Il reste à voir si ces discussions mèneront à la création d’un règlement municipal sur l’habillage et l’affichage des zones de chantier, dont Montréal ne dispose pas à ce jour, contrairement à Toronto et à Chicago, notamment.

Les métros bondés de retour

Prenez-vous le métro ces temps-ci ? Si oui, il est fort probable que vous retrouviez cette sensation (géniale, avouons-le) d’être très coincé dans le wagon, un peu comme avant.

La Société de transport de Montréal (STM) a en effet noté cette semaine une progression du nombre de déplacements d’environ 6 % comparativement à la semaine dernière. « Cette croissance est légèrement plus importante que la croissance habituellement observée à cette période », a d’ailleurs expliqué le porte-parole de la société, Philippe Déry, en réponse à nos questions.

Ne nous emballons pas, toutefois : la « classe sardine » est encore bien loin, le taux global d’achalandage par rapport à la fréquentation prépandémique n’étant encore que de 71 %. Il reste du chemin à faire, mais il faut avouer qu’une telle progression est « encourageante », comme le fait valoir la STM.

D’autant plus que le métro et les bus sont toujours dans « une période de retour de vacances ». Les cégépiens – une partie importante des usagers du métro et des autobus – ne sont pas encore tous de retour. Quand ils le seront tous entièrement, dans les prochains jours, les trains pourraient donc être (encore plus) bondés.

Parlant de transport collectif : un regroupement d’organismes promobilité a dénoncé avec force cette semaine « la lenteur » du gouvernement Legault à présenter un plan pour réformer le modèle de financement du transport en commun, un exercice pour lequel la ministre Geneviève Guilbault a néanmoins montré de l’ouverture. L’Alliance TRANSIT prévoit dévoiler « dans les prochaines semaines » une série de solutions pour mieux financer l’industrie, dans le cadre du Chantier sur le financement de la mobilité durable du ministère des Transports du Québec (MTQ).

Inquiétudes et demandes

Mardi, la Sûreté du Québec (SQ) s’est à son tour inquiétée de la hausse « préoccupante » des morts liées à des collisions sur son territoire. En 2022, le corps policier en a recensé 266, une hausse de près de 10 % par rapport à 2021. Et les piétons sont particulièrement touchés.

Il faut reculer à 2012 pour retrouver un chiffre aussi élevé de collisions mortelles sur le territoire de la Sûreté du Québec. Les 266 collisions mortelles de 2022 – associées à environ 291 décès – marquent une hausse de 8,5 % par rapport à 2021, année où on avait enregistré 245 collisions. Mais surtout, cela représente un bond d’environ 15 % par rapport à la moyenne depuis 2017, qui est de 232 collisions.

Les hausses les plus marquées sont chez les piétons : en 2022, 36 piétons sont morts sur le territoire de la SQ lors d’une collision, une hausse de 20 % en seulement un an. Depuis 2017, la moyenne était de moins de 26 piétons morts chaque année ; les chiffres de l’année montrent donc une tendance à la hausse de 40 %.