La Société de transport de Montréal (STM) commence à sortir la tête de l’eau après trois ans de difficultés financières. Le soir et le week-end, l’achalandage est maintenant de retour à pratiquement 100 % du seuil prépandémique, affirme son président.

« Pour moi, c’est un nouveau cycle qui commence. On vient de vivre un cycle infernal où on était tirés par le bas. Là, il faut amorcer un cycle vers le haut », lance Éric Alan Caldwell, en entrevue avec La Presse.

À ce jour, le taux global d’achalandage quotidien par rapport à 2019 est d’environ 77 % en moyenne, dans le métro et les autobus, une hausse d’environ trois points de pourcentage par rapport à mai dernier. Pour tous les observateurs, la principale raison est encore évidente : le télétravail.

Cela dit, en dehors de la semaine et des heures de travail, ça change vite et pour le mieux, selon le président. « Le soir et le week-end en ce moment, donc le plus souvent pour des besoins autres que le travail, on est pas mal revenus à 100 %, note M. Caldwell. Dans l’évènementiel, on le surpasse même parfois. Là-dessus, on est vraiment revenus aux habitudes qu’on avait avant. »

Ultimement, même si les gens prennent moins le transport collectif pour le travail, « leurs habitudes n’ont pas changé pour autant », estime-t-il. « On pensait qu’il y aurait un lissage des heures d’achalandage, mais on constate que non, les gens se déplacent comme avant, avec les mêmes patterns, aux mêmes heures. Et ça, c’est une bonne nouvelle. »

L’élan sur lequel on était, on veut clairement le reprendre. Moi, je suis tanné de revenir en arrière. Là, on commence à reconstruire une offre de service.

Éric Alan Caldwell, directeur général de la STM

95 % de l’offre d’antan

En faisant le point lundi sur son état de service pour la rentrée, la STM en a profité pour confirmer que son offre de service atteindra à l’automne « 95 % du niveau prépandémique », ce qui représente là aussi une augmentation de quelques points de pourcentage par rapport au printemps. Le gros de l’augmentation de fréquence sera fait sur 75 lignes d’autobus à l’automne, soit une hausse globale de 3 %.

Comme prévu, les heureuses élues sont surtout situées sur de grands axes, comme la ligne 18 – Beaubien, qui verra son nombre de voyages augmenter de 30, ou la ligne 24 – Sherbrooke, où on ajoutera jusqu’à 35 trajets chaque jour.

Plus à l’ouest, la 196 – Parc-Industriel-Lachine obtiendra aussi entre 20 et 25 voyages de plus, tandis que pour la ligne 211 – Bord-du-Lac, ce sera jusqu’à 10 trajets supplémentaires. La ligne 470 – Express-Pierrefonds, enfin, aura trois voyages de plus en pointe matinale vers la station Côte-Vertu.

Pour l’instant dans le métro, toutefois, le service demeurera inchangé, la STM ayant préféré investir dans l’ajout de près de 60 ressources en sécurité, dont des constables spéciaux. Quand on lui demande quand ce sera le tour du métro, dont le service n’a pas été augmenté depuis 2019, M. Caldwell reste prudent, mais « optimiste ». « On va y arriver, mais je ne peux pas encore vous dire quand », résume-t-il.

« Dans le métro, on considère encore malgré tout que c’est moins critique que pour l’autobus à l’heure de pointe, puisque le métro a quand même une grande capacité. Il fallait faire un choix », insiste le gestionnaire.

Il faut dire que tout dépendra en grande partie du plan de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Celle-ci doit en théorie présenter cet automne son plan pour le financement du transport collectif sur cinq ans, après une série de consultations entamées le printemps dernier. La ministre a déjà dit vouloir « rationaliser » les dépenses, sans toutefois s’avancer davantage.

À ce sujet, Éric Alan Caldwell affirme que la direction de la STM travaille toujours « très fort » pour identifier des pistes de réduction des dépenses « récurrentes ». « On en a identifié, mais on n’est pas encore en mesure de faire un point chiffré là-dessus. »

En savoir plus
  • 23 millions
    En février, la STM avait annoncé un vaste « plan de réduction des dépenses non récurrentes » d’environ 18 millions pour réduire son trou budgétaire. Ce printemps, l’organisme traînait toujours un manque à gagner d’environ 23 millions, mais celui-ci a depuis été pris en charge par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
    Source : Société de transport de Montréal