Le Musée d’art contemporain de Montréal lancera un nouvel appel d’offres en janvier, a appris La Presse. La réalisation de son projet d’agrandissement, en suspens depuis le printemps dernier, dispose maintenant d’une enveloppe de 85,3 millions, une somme qui pourrait même être bonifiée. L'ouverture est toutefois reportée en 2026.

Un an après son déménagement temporaire à la Place Ville Marie, le transfert complet de sa collection, la finalisation des plans et devis du nouveau bâtiment et un budget revu à la hausse, les travaux d’agrandissement du Musée d’art contemporain (MAC) se font toujours attendre.

Le printemps dernier, un appel d’offres avait finalement été lancé, mais les soumissions reçues dépassaient « de plus de 50 % » les prévisions du MAC et de la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui gère le projet. « Les prix étaient trop élevés, indique le directeur général et conservateur en chef du MAC, John Zeppetelli. C’était une réponse du marché irrecevable. On aurait été en dépassement. Donc, on a annulé le processus en juin. »

Les équipes du MAC et de la SQI étaient pourtant convaincues que leur budget majoré, établi à 85,3 millions, était « adéquat ». « Mais c’était peut-être le pire moment dans l’histoire de Montréal, se rend compte John Zeppetelli aujourd’hui. Il y a 15 tours de 60 étages qui se construisent autour de moi en ce moment, dont deux juste en face du MAC. »

Le contexte post-pandémique, avec la pénurie de main-d’œuvre, de matériaux et le manque de disponibilité des entrepreneurs, a joué contre nous.

John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC

Malgré l’incertitude des derniers mois, John Zeppetelli assure que le nouveau bâtiment, qui devrait permettre au MAC de doubler sa surface d’exposition, est « absolument toujours vivant ». Il exclut également un retour au MAC « sans intervention ». « Il est trop tard, dit-il, le train a quitté la gare. »

Un budget augmenté

Le projet initial de 57 millions a été bonifié il y a six mois d’une « réserve » additionnelle de 25 millions accordée par Québec, grâce au Plan québécois des infrastructures, peu de temps avant l’appel d’offres du printemps, nous a confirmé le ministère de la Culture et des Communications. Le reste du financement devrait être assuré par la Fondation du MAC.

Aujourd’hui, même la somme de 85,3 millions pourrait être insuffisante pour répondre aux prix actuels, dit John Zeppetelli, qui a l’intention de poursuivre les discussions avec le nouveau ou la nouvelle titulaire de la Culture et des Communications. « On fait des démarches pour bonifier la contribution de Québec. On va aussi reparler au fédéral, faire un appel aux mécènes… »

PHOTO FOURNIE PAR SAUCIER + PERROTTE ARCHITECTES

Vue aérienne du nouveau bâtiment du MAC

Selon le montage financier actuel, le gouvernement fédéral contribuerait à hauteur de 18,9 millions (grâce au fonds Chantiers Canada) et la Fondation du Musée d’art contemporain débourserait jusqu’à 15 millions. L’essentiel des investissements – un peu plus de 50 millions – serait assuré par Québec, qui sera invité à offrir plus d’argent.

À la suite de l’appel d’offres refusé du printemps, le MAC avait indiqué qu’il « réexaminerait les conditions de réalisation » du projet.

C’est sûr qu’on souhaite réaliser le projet tel qu’il a été dessiné par nos architectes [Saucier + Perrotte], mais il est possible qu’on soit obligés de revoir la portée architecturale. On ne veut pas rester à l’extérieur de la Place des Arts pour toujours.

John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC

Si rien n’est changé, le MAC ne risque-t-il pas de se retrouver dans la même situation en janvier ? « C’est une possibilité, répond John Zeppetelli, mais c’est une possibilité qu’on va tester, parce qu’on a eu une validation d’experts externes du budget qu’on a, qui est quand même substantiel pour l’intervention qu’on fait. En espérant qu’on aura des résultats différents. »

Le directeur général du MAC parle aussi de « différents modes de gestion » pour construire le bâtiment, qui sont également à l’étude, et qui pourraient être moins onéreux. Ce qu’espère John Zeppetelli, c’est qu’en janvier, « le marché de la construction se sera un peu calmé ».

Pas avant 2026

Dans le meilleur des scénarios, si un entrepreneur est retenu en début d’année, les travaux pourraient débuter au printemps ou à l’été 2023. Ils devraient durer un peu plus de deux ans, ce qui nous mène à l’automne 2025. Et comme une intervention à l’interne sera ensuite nécessaire pour réintégrer la collection et harmoniser la partie nord du musée, on parle d’une réouverture en 2026.

Le directeur général du MAC travaille maintenant avec la nouvelle présidente du C.A., Claudie Imbleau-Chagnon, qui a remplacé Alexandre Taillefer en juillet dernier. Mme Imbleau-Chagnon est vice-présidente chez Ivanhoé Cambridge. Elle est responsable de l’équipe Investissement des Affaires juridiques. « Elle comprend tous les enjeux de la construction et son mandat est de mener le projet à bon port », dit John Zeppetelli.

En attendant, le MAC a l’intention d’investir d’autres lieux pour lancer des projets ponctuels, par exemple avec la Cinémathèque québécoise, « pour compléter » son programme d’exposition de la Place Ville Marie, somme toute limité.