(Québec) Le gouvernement Legault envisage de retirer le vin américain des tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) pour riposter à des tarifs douaniers imposés par Donald Trump.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a indiqué mercredi que cette mesure fait partie des représailles possibles si le président américain met ses menaces à exécution, peut-être aussi tôt que le 1er février.

« Notre objectif premier, c’est de ne pas avoir de tarifs. On est concentré sur cela. S’il y a des tarifs, il y aura des représailles. […] C’est un des éléments qui est étudié », a affirmé le grand argentier du gouvernement lors d’une mêlée de presse.

En marge de l’annonce d’un parc éolien au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le premier ministre François Legault n’a pas voulu s’étendre sur le sujet.

« Avec ce que M. Lutnick a dit aujourd’hui, ce n’est sûrement pas moi qui veux cet après-midi provoquer M. Trump ! », a-t-il lancé, martelant qu’il voulait d’abord et avant tout éviter des tarifs douaniers.

M. Legault faisait référence au fait que le candidat de M. Trump au poste de secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré devant un comité sénatorial qu’il n’y aura pas de tarifs si le Canada protège mieux sa frontière et met fin au trafic de fentanyl.

« Notre premier choix, c’est de s’assurer qu’on règle le problème des frontières, qu’on réussisse à convaincre M. Trump que s’il y a encore des choses à modifier, qu’on les modifie, et qu’il n’y ait pas de tarifs à cause des frontières à partir de samedi qui vient », a affirmé M. Legault. Il a livré le même message lors d’une rencontre virtuelle des premiers ministres des provinces et des territoires avec Justin Trudeau. Au cours de cette rencontre, il a aussi plaidé en faveur d’une renégociation hâtive de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Relancé plus tard en conférence de presse, François Legault a finalement confirmé que le retrait des bouteilles de vin américaines n’était « pas exclu » en guise de représailles possibles.

Selon le rapport annuel de la SAQ, 6,8 % des bouteilles de vin vendues dans les succursales proviennent des États-Unis. Le pays occupe le quatrième rang en matière de parts de marché, derrière la France (33 %), l’Italie (23 %) et l’Espagne (10,8 %).

Eric Girard a par ailleurs donné sa bénédiction aux hausses de prix du vin annoncées cette semaine par la SAQ. « Je fais confiance à la SAQ pour prendre les bonnes décisions dans un contexte qui est plus difficile », a-t-il dit, soulignant la hausse des coûts de transport et la baisse de valeur du dollar canadien.

Il voit un côté positif à la chute des ventes enregistrée par la société d’État. « D’un point de vue de santé publique, c’est une bonne chose. La consommation de l’alcool n’augmente plus », a-t-il dit.

Comme le premier ministre François Legault, Eric Girard a confirmé le risque d’une récession au Québec si Donald Trump impose des tarifs douaniers de 25 %. La Banque du Canada a d’ailleurs présenté mercredi un scénario de récession pour tout le pays si le président américain va de l’avant.

« Lorsqu’on parle de possibilité de récession à la suite de l’imposition de tarifs, je pense que le point qui n’est pas assez discuté, c’est que la récession pourrait s’étendre à l’ensemble de l’Amérique », a fait valoir Eric Girard.

Dans ce contexte, le report du retour à l’équilibre budgétaire, prévu en 2029-2030 pour le moment, est envisagé. Avec le prochain budget, comme prévu, « on va avoir un plan de retour à l’équilibre budgétaire. Mais la question, c’est : est-ce qu’on va être en mesure de l’exécuter ? Est-ce que les conditions économiques vont permettre d’exécuter ce plan ? La priorité, c’est l’économie. Les finances publiques, c’est extrêmement important, mais secondaire » par rapport à l’état de l’économie, a-t-il affirmé.