(New York) Le taux d’intérêt des obligations d’État à 3 mois est passé jeudi au-dessus de leur équivalent à 10 ans aux États-Unis, un phénomène très rare qui a systématiquement été suivi d’une récession depuis plus d’un demi-siècle.

Une telle « inversion », du nom utilisé par les économistes et les investisseurs, ne s’était plus produite depuis février 2020, alors que les marchés étaient disloqués par l’arrivée de la pandémie de COVID-19.

Les taux d’intérêt à long terme sont généralement supérieurs aux rendements à court terme, car un placement sur une durée plus importante présente un risque accru, tant pour ce qui est de l’évolution de l’économie, des marchés ou même de la perspective du remboursement de l’emprunt.

Un renversement comme celui qui s’est produit jeudi est très suivi par les marchés, en particulier depuis que les travaux de l’économiste canadien Campbell Harvey ont soulevé, en 1986, l’hypothèse qu’il était annonciateur d’une récession.

Les huit dernières récessions que les États-Unis ont connues ont toutes été précédées d’une inversion de la courbe des taux. Cette courbe est établie en reliant, sur un graphique, tous les taux des échéances les plus courtes (quelques mois) aux plus longues (30 ans).

Avec l’inversion, au lieu de monter, la courbe descend, signe que les taux courts sont plus élevés que les taux longs.

La théorie veut qu’avec cette inversion, le marché signale qu’il est moins confiant dans la croissance économique à long terme qu’à court terme. Il envisage ainsi une récession à moyen terme, qui contraindrait la banque centrale américaine (Fed) à baisser ses taux.

En mars dernier, la courbe des taux avait déjà montré de premiers signes d’inversion. Depuis début juillet, le taux à 2 ans évolue sans discontinuer au-dessus du taux à 10 ans, ce qui était déjà considéré par certains comme un premier marqueur annonciateur d’une récession.

« C’est un signal préoccupant », selon Christopher Vecchio, de DailyFX, pour qui l’inversion entre taux à 3 mois et 10 ans « est peut-être plus importante que celle avec le taux à 2 ans ».

Mercredi, le taux à 3 mois était monté à son plus haut niveau depuis 15 ans, à 4,04 %. Il ressortait à 4 % jeudi, tandis que le taux à 10 s’affichait à 3,91 %.