(Québec) Les travailleurs essentiels sont « à boutte » et François Legault refuse de les écouter, accusent les porte-paroles de Québec solidaire (QS).

Le premier ministre est « enfermé dans sa cellule de crise » et ne laisse personne entrer hormis ses conseillers en communication, a martelé dimanche Manon Massé en clôture d’un conseil national virtuel.

Elle a dit pouvoir affirmer que M. Legault est « déconnecté », après en avoir discuté cet automne avec des centaines de travailleurs dans le cadre d’assemblées virtuelles.

« On est à boutte, on est sur le bord de petter au frette, on a beau lever le flag mais personne nous écoute », c’est ça qu’on entend », a-t-elle déclaré.

Elle demande au premier ministre de mieux prendre soin des « essentiels », qui ne sont pas « des numéros ».

Gabriel Nadeau-Dubois a enchaîné en racontant l’histoire de François, qui travaille à la centrale 9-1-1 de Montréal et dont le travail s’est considérablement alourdi en raison de la détresse humaine.

« D’habitude, c’est le 9-1-1 qui te vient en aide ; bien aujourd’hui, dans le Québec de l’automne 2020, c’est le 9-1-1 qui a désespérément besoin d’aide », a déclaré M. Nadeau-Dubois.

« Le feu, il est pris jusque dans la caserne des pompiers », a-t-il renchéri, en accusant la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault d’en demander « toujours plus aux gens ordinaires ».

Bouclier anti-austérité

Il serait « inimaginable » dans ce contexte de leur refiler en plus la facture de la crise sanitaire, selon lui.

Pour aller chercher de nouveaux revenus, QS propose que le Québec se dote d’un « bouclier anti-austérité » reposant sur trois mesures :

• l’impôt de pandémie
• l’impôt sur les grandes fortunes
• une taxe sur les grands pollueurs

Ensemble, ces trois mesures généreraient 9 milliards pour l’exercice financier en cours, calcule QS.

Dimanche, les deux porte-parole de QS ont détaillé et chiffré leur proposition.

Premièrement, l’impôt de pandémie serait une augmentation de 50 % du taux d’imposition des profits des grandes entreprises.

Le taux de base, qui est actuellement de 11,6 % pour les grandes entreprises, serait augmenté à 17,4 %, a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Et pour protéger les PME, QS propose une exemption sur les premiers 500 000 $ de profit. Cette première mesure à elle seule générerait 3,4 milliards.

Deuxièmement, QS estime qu’un impôt spécial sur les grandes fortunes québécoises permettrait d’aller chercher 5 milliards additionnels.

Il s’agirait d’un impôt progressif, commençant à 1 million et passant graduellement de 0,1 % à 3 %.

Par exemple, une personne avec une fortune estimée à un million de dollars paierait cette année 1000 $ de plus, a-t-on illustré. « C’est vraiment la moindre des choses. »

Enfin, une hausse de 30 % du prix du carbone pour les grands pollueurs industriels (cimenteries, alumineries) pourrait générer 549 millions sur cinq ans.

Les grands pollueurs qui sont ciblés par QS font déjà partie du système de plafonnement et échange, et émettent plus de 25 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année.

Langues autochtones

Par ailleurs, les membres de QS ont adopté dimanche une proposition voulant que la prochaine plateforme électorale du parti soit traduite dans toutes les langues autochtones.

Il s’agit là d’une première au Québec, s’est félicitée Mme Massé en point de presse. « Nous voulons que les Autochtones saisissent bien le projet de société que porte Québec solidaire, parce qu’en bout de ligne, on est pas mal convaincus qu’ils risquent de s’y intéresser de façon importante. »