Le légendaire franc-tireur des Blackhawks Bobby Hull est décédé lundi matin.

Hull, le meilleur buteur de l’histoire des Blackhawks, venait de célébrer son 84anniversaire le 3 janvier. Il a porté les couleurs du club illinois pendant 15 saisons. Il a également joué pour les Jets de Winnipeg et les Whalers de Hartford.

Malgré sept campagnes dans l’Association mondiale de hockey avec les Jets, Hull a conclu sa carrière avec 610 buts dans la LNH. Il trône au 18rang des buteurs de l’histoire du circuit Bettman. Son fils Brett prend le 5échelon dans cette catégorie.

Hull, l’homme au lancer fulgurant, a fait son entrée dans la ligue lors de la saison 1957-58. Il a marqué 30 buts ou plus pendant 13 saisons consécutives, puis est parti pour l’Association mondiale de hockey en 1972 lorsque la ligue a accepté de lui verser un million de dollars.

Hull, Stan Mikita et d’autres ont mené les Hawks à la Coupe Stanley en 1961.

Hull est également devenu le premier joueur à marquer plus de 50 buts en une saison le 12 mars 1966, et a terminé avec 54 buts cette saison-là.

La vie de Hull n’a toutefois pas été exempte de controverses.

Hull a été condamné pour avoir agressé un officier de police qui était intervenu dans une dispute avec sa femme Deborah en 1986. Il a également été accusé de violence conjugale, mais cette accusation a été abandonnée après que Deborah ait dit aux autorités qu’elle ne voulait pas témoigner contre son mari. La seconde épouse de Hull, Joanne, l’a aussi accusé d’abus lors d’une entrevue avec ESPN en 2002.

Hull a également été cité par un journal russe en 1998, où il déclarait qu’Adolf Hitler « avait de bonnes idées » et que la communauté noire aux États-Unis se développait trop rapidement. Il a démenti fortement ces déclarations dans le L. A. Times, se disant à l’époque « profondément offensé » par ces « fausses déclarations ».

Hull et Mikita ont été nommés ambassadeurs des Blackhawks en 2008 par le président de l’époque, John McDonough. On a retiré à Hull ce rôle en février dernier, citant « qu’il allait se retirer de tout rôle officiel avec l’équipe ».

« On se souviendra toujours de Bobby Hull comme l’un des plus grands joueurs des Blackhawks de tous les temps. Il était un membre bien-aimé de la famille des Blackhawks », a déclaré le propriétaire de l’équipe, Rocky Wirtz, dans un communiqué.

« Lorsque j’ai pris la direction de l’organisation après le décès de mon père en 2007, l’une de mes premières priorités a été de rencontrer Bobby pour le convaincre de revenir en tant qu’ambassadeur de l’équipe. Son lien avec nos fans était spécial et irremplaçable. »

« Lorsque Bobby Hull s'apprêtait à laisser partir un lancer frappé, les fans de toute la LNH se levaient en anticipation et les gardiens adverses se préparaient, a déclaré le commissaire de la LNH Gary Bettman. Au sommet de sa forme, il n'y avait pas de buteur plus prolifique dans tout le hockey. ... Nous offrons nos plus sincères condoléances à son fils, Brett, membre du Temple de la renommée du hockey, à toute la famille Hull et aux innombrables fans du monde du hockey qui ont eu la chance de le voir jouer ou qui ont été émerveillés par ses exploits. »

Hull et l’AMH, les plaques tectoniques bougent

Il y a 50 ans l’été dernier, le « Golden Jet » quittait les Blackhawks de Chicago pour se joindre aux Jets de Winnipeg, de la toute nouvelle Association mondiale de hockey (AMH). À l’époque, l’annonce du passage de Hull à l’AMH avait fait les manchettes aux quatre coins de l’Amérique. Sa popularité était immense.

Hull était une star de première dimension et il assumait ce rôle avec panache. Hull devenait le candidat idéal pour être le « visage » de l’AMH : sa présence allait convaincre les amateurs que la ligue était sérieuse et inciter d’autres joueurs de la LNH à faire le saut.

En plus de lui consentir un salaire annuel de 250 000 $, l’AMH accorde une prime de signature de 1 million à Hull. Toutes les équipes du circuit sont mises à contribution pour réunir cette somme. C’est ainsi que, par une belle journée d’été, Hull devient membre des Jets, acclamé par les fans d’une ville dans laquelle il n’avait encore jamais mis les pieds.

On pourrait croire que l’histoire s’arrête là. C’est le contraire. Le transfert de Hull à l’AMH déclenche les hostilités entre les deux ligues. Jusque-là, la LNH ne croyait pas le jeune circuit capable de la déstabiliser et, surtout, de mettre en péril son modèle d’affaires fondé sur la « clause de réserve ». Cette clause, incorporée dans les contrats de tous les joueurs, les privait de toute autonomie.

Plusieurs équipes de la LNH, habituées à leur position de force, menacèrent leurs joueurs au cours des semaines suivantes. Malgré ce contexte chaud, plusieurs joueurs font le saut vers l’AMH. Parmi eux, le défenseur Jean-Claude Tremblay quitte le Canadien de Montréal et se joint aux Nordiques de Québec.

Mais pour la LNH, le cas de Hull est le plus significatif. C’est autour de lui que s’articule le recours judiciaire qui s’annonce déterminant pour la suite des choses. Le 8 novembre 1972, le juge Leon Higginbotham rend une décision historique dans un tribunal de Philadelphie. Il interdit l’utilisation de la « clause de réserve », ce qui permet à Hull d’endosser l’uniforme des Jets.

La création de l’AMH et la fin de la « clause de réserve » modifient en profondeur le hockey professionnel. Désormais, les joueurs profitent d’un réel pouvoir de négociation. Hull aura été au cœur de ce mouvement historique des plaques tectoniques.

Relisez la chronique de Philippe Cantin « Il y a 50 ans, la victoire des joueurs »